C'est dans la salle des jeunes sise dans le quartier Accart-ville que le mouvement Balai citoyen a tenu sa conférence de presse. Une première dans un Burkina nouveau, à en croire le coordinateur, qui rappelle que la dite salle semblait être une propriété du CDP sous l'ère Compaoré au lieu d'en être réellement pour les jeunes. En effet, qualifié de «jeudi noir» par les dignitaires du régime Compoaré, cette journée a été marquée par des scènes de pillages et de casses des domiciles privés, mais aussi des édifices publics. Il en a été de même, le lendemain soit le vendredi 31 octobre. Les domiciles vandalisés, pillés et incendiés appartenaient pour la plupart aux dignitaires ou proches du régime déchu. A Bobo-Dioulasso, les rumeurs ont couru dans tous les sens, mais plus du côté du Balai citoyen à qui l'on aurait attribué la paternité de ces actes. «Nous avons eu écho de certaines rumeurs à travers la ville qui accusaient notre mouvement d'être le cerveau, voire le commanditaire des pillages et des casses des édifices publics et des biens privés appartenant à certains dignitaires de l'ancien régime», a déploré Diafodé Kaba Alexandre Diakité, coordonnateur régional du mouvement. C'est pourquoi, il tient absolument à démentir ces accusations «infondées». «Le mouvement tient alors à démentir de toute son énergie ces allégationsdont la nature est de le discréditeraux yeux de l'opinion», dit-il tout en insistant que «Notre mouvement lance un démenti fort face à ces allégations». Au contraire, selon lui, le Balai citoyen a contribué à «amoindrir» les dégâts. «Suite à la débandade et à l'abandon de la ville par les premières autorités, notre mouvement ainsi que l'ensemble des OSC de la ville se sont retrouvés face à leurs responsabilités citoyennes. C'est dans ce contexte que nous avons reçu plusieurs appels des populations inquiètes qui nous ont alertés sur les différentes actions de casses et de pillages. Et à chaque interpellation, une équipe se déplaçait dans les zones afin de sensibiliser les manifestants à éviter les pillages et les casses et à plutôt manifester de façon citoyenne et pacifique. En témoignage, nous avons à plusieurs reprises prêté mains fortes aux forces de l'ordre et de sécurité pour empêcher les pillages de certains édifices tels le gouvernorat et d'autres biens privés», a-t-il expliqué.C'est dire que la présence du Balai citoyen sur le terrain était de sensibiliser, mais aussi de dissuader les uns et les autres afin d'éviter les scènes de pillages.
La mairie de Bobo-Dioulasso n'a pas été utilisée comme un trophée
Le Balai citoyen, après les manifestations est allé nettoyer la mairie centrale pillée, saccagée et brûlée, le samedi 1er novembre. Pour éviter que les pillages ne continuent, quelques membres avaient monté la garde. Ils y prenaient effectivement le thé. Ce qui, témoigne le coordinateur, a été mal interprété. «Nous n'avons jamais utilisé la mairie centrale comme un trophée de guerre», a-t-il clarifié. Aussi, victime de sa popularité, le Tee-shirt à l'effigie du Balai citoyen était devenu la nouvelle référence de tous les contestataires du régime Compaoré. Mais tout porteur du Tee-shirt n'est pas forcément un «cibal» ou une «cibelle». «Etre cibal requiert des valeurs, des principes et un comportement exemplaire», précise le coordonnateur. A la question de savoir si le Balai citoyen serait véritablement l'auteur des tracs qui appelait à brûler les édifices si toutefois la loi passait à l'Assemblée nationale, Diakité répond par la négation. «Tous nos tracs sont signés», a-t-il dit. Aussi, le Balai citoyen n'a jamais voulu s'en prendre à la mairie de Bobo-Dioulasso, mais plutôt au maire lui-même, qui selon Diakité n'est pas un bon maire qui puisse booster le développement de la ville. Après la victoire qui est la fin de la dictature, le Balai citoyen continuera d'exister. Il continuera ses activités de sensibilisation et de conscientisation tout en restant un mouvement politique. En effet, une fois de plus, il a été précisé que le mouvement est politique, mais il n'est pas un parti politique. C'est une sentinelle. Un «cibal» ou une «cibelle» qui souhaitera faire de la politique devra démissionner conformément au texte du mouvement.
Encadré:
Le Balai citoyen ne sera pas un moyen d'instrumentalisation
Cette conférence de presse a été une aubaine pour la coordination du Balai citoyen d'expliquer une fois de plus, le rôle essentiel du mouvement. En effet, des individus utiliseraient le mouvement comme moyen de chantage ou de pression sur d'autres citoyens et même pour orchestrer des règlements de compte. Et Diakité d'expliquer que «le président de l'UNPCB, en raison de son appartenance au régime en déroute, a été victime de chantage de la part de ses propres collaborateurs afin de le pousser à la démission. Pour parvenir à leur fin, il a été dit que s'il ne rendait pas sa démission d'ici le 6 novembre 2014, le Balai citoyen marcherait sur son domicile». Toute chose que le mouvement condamne fermement.
Bassératou KINDO