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Burkina Faso : la chefferie traditionnelle sauve son honneur avec la transition démocratique
La chefferie traditionnelle a toujours joué un rôle de rassemblement et de cohésion sociale au Burkina Faso. Elle jouissait d'une grande considération et audience auprès des populations. Ce prestige de la chefferie s'est heurté à la politique pendant la révolution sous Thomas Sankara et sous le régime de la IVè république de Blaise Compaoré. Sous la révolution, la chefferie coutumière était considérée comme féodale et contre-révolutionnaire et combattue à cet effet. Par contre, avec la 4è république, s'est développée abusivement une tendance qui frisait l'instrumentalisation des chefs coutumiers à des fins politiques et électorales. Des dignitaires de la IVè république manquaient de respect aux chefs traditionnels car ils pensaient pouvoir acheter leurs âmes et consciences pour satisfaire uniquement leurs causes politiques. Au bout de deux décennies, cela a contribué à une politisation extrême de la chefferie traditionnelle au point de la décrédibiliser fortement au sein de l'opinion publique. Les chefs traditionnels jadis vus comme des faiseurs de paix, des juges véridiques ont été alors qualifiés de partiaux et de politiciens peu respectables. A la faveur du vent de changement démocratique qui a soufflé sur le Burkina Faso suite à l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, mettant ainsi fin à la IVè république, la chefferie coutumière veut visiblement en profiter pour sauver son honneur. Les chefs traditionnels ont refusé de désigner des candidats pour le poste de président de la transition avec l'argumentaire selon lequel ils ne sauraient être juges et parties. Ils ont précisé qu'en cas de conflits, les composantes de la société ont recours à eux pour arbitrer et faire la médiation de paix. En décidant ainsi de se tenir à une distance raisonnable de la politique, la chefferie coutumière fait honneur à son statut qui reste à codifier pour plus de respectabilité.
Bérenger Traoré