Burkina Faso : conflit agriculteurs-éleveurs ou l’obligation de changement pour cohabiter

| 12.06.2016
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Burkina Faso : conflit agriculteurs-éleveurs ou l’obligation de changement pour cohabiter
© DR / Autre Presse
Burkina Faso : conflit agriculteurs-éleveurs ou l’obligation de changement pour cohabiter
Le ministère des ressources animales et halieutiques afin d’apporter sa contribution dans la prévention des conflits qui surviennent le plus généralement pendant les saisons des pluies entre agriculteurs et éleveurs a organisé en 2013 dans les treize régions du pays des ateliers régionaux sur le thème « la gestion des conflits entre utilisateurs des ressources naturelles ». Ces ateliers ont permis aux acteurs des différents domaines (agriculteurs, éleveurs, personnel de l’administration, forces de défense et de sécurité, personnel de l’administration judiciaires) d’échanger longuement sur la question.C’est pourquoi au cours de ces rencontres, des communications ont été faites en vue d’amoindrir le problème si l’on ne parvenait pas à l’éradiquer.


Au cours de ces ateliers, des communications ont été faites par des personnels du ministère en charge des ressources animales, du ministère de l’agriculture et des acteurs indépendants sur les textes relatifs au pastoralisme, la loi sur le foncier rural et les mécanismes de négociations.

De ces échanges, on peut retenir les causes des conflits, les conséquences et enfin les solutions possibles et à envisager pour réduire ou éviter ces conflits aux conséquences innombrables et fâcheuses. .

S’agissant des causes, tous les acteurs et participants aux ateliers sont unanimes à reconnaitre qu’ils sont tous liés aux ressources naturelles.
Face à des besoins de plus en plus croissants et des ressources de plus en plus rares et limitées, chaque catégorie tient à tirer la couverture de son côté.

Au niveau des agriculteurs, si l’on retient la croissance démographique qui a un lien très étroit avec l’occupation des terres agricoles, nul doute que des couacs ne peuvent pas manquer. Chaque individu veut occuper plus d’espace pour ses activités. Aussi, la pauvreté des surfaces cultivables pousse les agriculteurs à vouloir occuper de grands espaces pour leurs pratiques culturales.
Il faut relever les moyens rudimentaires utilisés toujours par beaucoup d’agriculteurs toute chose qui demande plus d’effort avec au bout du compte peu de résultats. L’utilisation de la daba n’est pas faite pour accroitre les rendements et crée des frustrations au niveau des populations.
Toute cette situation crée des rancœurs, des insatisfactions avec à la clé des conflits au moindre écart de comportement.

Au niveau des éleveurs, la réduction considérable des espaces pastoraux oblige ces derniers à vouloir paitre le bétail sur de vastes étendues de terres, toute chose rendue difficile par la rareté des ressources naturelles. Avec souvent plus de deux cents têtes de bovins, il est de plus en plus difficiles de trouver un espace pour paitre le bétail.
Selon le Docteur LY Boubacar, le conflit est inhérent à l’existence de l’homme et « les conflits entre agriculteurs et éleveurs sont inévitables parce que l’un est fixe et l’autre est mobile au plan des activités et de l’espace ».

Cependant, il faut rectifier le tir pendant qu’il est encore temps. Non seulement reconnaitre le nœud du problème et travailler à trouver une solution durable. Tenir et soutenir des propos du genre « il y a des conflits entre les peulhs et les autres communautés » est une erreur que chacun gagnerait à corriger pour ne pas mettre les communautés en conflits qui vivent pourtant en parfaite symbiose en saison sèche. Aussi en milieu urbain et semi urbain, les différentes communautés ne connaissent aucun conflit lié à leurs communautés. Les confits naissent à cause des activités de chaque partie. Alors Tenir de tels propos est foncièrement dangereux pour notre cohésion sociale. Est-ce que le peulh installé devant son commerce au milieu du marché est critiqué lorsqu’on évoque la question ? Donc c’est l’activité exercée et celui qui l’exerce qui est objet et non ses autres confrères.

Aussi, il faut regretter la chasse à l’homme (je dirai pas aux sorcières) qui est souvent conduite à l’encontre de la communauté. Selon toujours Docteur LY, que certains appellent le « fou de Dori » « ce ne sont pas les conflits-dus le plus souvent à des dégâts des cultures causés par les animaux- qui sont problématiques, mais l’excessivité des représailles consécutives aux conflits ». Et à Docteur Poussi SAWADOGO diplomate et enseignant chercheur de se demander lors d’une conférence « si vous êtes mordu par un serpent vous tuez le serpent qui vous a mordu ou bien vous parcourez toute la brousse avec votre fusil à l’épaule à la recherche des autres serpents ». Il n’est pas rare de voir des populations se mobiliser contre la communauté des éleveurs pour les intimer de quitter la localité. Une localité dans laquelle ils vivent depuis des temps immémoriaux et où ils ont vu même naitre ceux-là qui veulent les chasser. Vouloir tuer tous les serpents de la brousse est un crime qu’aucune âme ne saurait accepter.

Pourtant ces conflits peuvent être évités ou à la limite des mécanismes de gestions mis en place pour permettre aux populations de vivre en parfaite symbiose.
Pour éviter les conflits, la première option conduit aux changements des pratiques de chaque côté. Au niveau des agriculteurs, une modification des pratiques culturales s’impose. Au lieu de rester avec une daba, il faut aller à la charrue si le tracteur n’arrive pas d’abord. Avec la charrue, le rendement est encore meilleur. Outre cela, il faut intégrer les différentes variétés de semences améliorées mises sur le marché par les chercheurs. Autres mesures est de faire la clôture étanche des champs et jardins. Le jujubier peut être un excellent moyen comme haie-vive. Selon les spécialistes « il a un taux de germination de 90%, grandit de un à deux mètres par ans et donne des fruits secs excellents à consommer et à commercialiser. Il s’adapte à tous les climats ». La clôture des espaces de culture permet de réduire les conflits.

Au niveau des éleveurs, le changement s’impose. Ainsi, l’on doit surpasser « l’élevage de prestige ». l’élevage de prestige consiste à se satisfaire des milliers de têtes de bétails qu’on a dans son enclos même si tu n’en tire pas un autre profit. Il crée plus de soucis. L’embouche bovine peut être une alternative. Au lieu d’aligner deux cents à trois cents têtes qui vous créent des soucis, il faut adopter cette pratique qui a plus d’avantages. Il est vrai que cette pratique n’entre pas dans la culture de cette communauté, mais n’oublions pas cet adage qui dit que « si la rivière change de cour, il revient au caïman de s’y conformer ». Ainsi, la communauté des éleveurs devrait adopter cette pratique qui contribuera à n‘en pas douter à diminuer un temps soit peu les conflits.
Comme chaque acteur doit apporter sa contribution à la prévention des conflits, l’administration doit mettre en place des lois dans lesquelles toutes les parties tirent profit. Les évaluations des dégâts faites par les agents d’agricultures sont souvent incomprises des paysans toute chose qui exacerbe les conflits. Il faut revoir les mécanismes de dédommagement et les coûts appliqués.

Mais le meilleur espace pour résoudre ces conflits reste une synergie entre les acteurs. « La première mesure est de considérer que les agriculteurs et les éleveurs sont entre eux et eux seuls sont en mesure de résoudre leurs conflits, car après tout ces conflits ne sont que des accidents » soutient le Docteur LY.

La saison des pluies est déjà. Les travaux champêtres aussi. Alors il faut prendre le devant des choses pour ne pas courir après des médiateurs dans des conflits qu’on peut déjà éviter. Il appartient à chaque acteurs de reconnaitre sa part de responsabilité et de s’y mettre. C’est à ce seul prix que la cohésion sociale tant souhaitée sera effective et durable.

Coach Boukaré Palingwendé KABORE
Doyen du Centre de Recherche-diffusion Yangrin
SAWADOGO sur la Paix et le Développement
Tél (00 226) 70 29 72 39
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