Anatole Dao a fait partie du groupe des rédacteurs de l'Institut Pédagogique du Burkina (IPB) pour l'élaboration des matérielsdidactiques adaptés à la réalité burkinabé, dont, entre autres, les 5èmeet 6ème années de livres de lecture pour l'école primaire.Grâce à l'effort de ces rédacteurs, leMinistère de l'enseignement de base et de l'alphabétisation de masse pouvait ainsi disposer d'une véritable banque de données de textes pour des manuels scolaires.
Cela est arrivé suite à un concours organisé par le Ministère de l'enseignement de base et de l'alphabétisation de masse, pour collecter des textes de lecture. Ce qui a permis d'associer directement les enseignants sur le terrain à la réalisation des manuels des classes de 5e et 6e année et, d'en faire ainsi une œuvre collective. Après ce concours, Anatole Dao, estlauréat du 1er prix et intègre le groupe des rédacteurs de l'Institut Pédagogique du Burkina en 1992, avec ses textes personnels tel que « La danse du Djembé, Le parc d'Arly, Les artisans de Farakan, Un incendie de forêt, Le battage du fonio, Les songes d'un singe », entre autres œuvres.Il a aussi participé à plusieurs élaborations de textes en groupe d'auteurs de l'IPB.
« J'ai été lauréat de ce concours. Mon enveloppe de 500.000F.CFA s'est transformée en une enveloppe de 165.000F. C'est ce que j'ai perçu. Pour les droits d'auteurs, je n'en bénéficie pas. Nous, les auteurs de l'œuvre pédagogique « Lire au Burkina » des classes de 5e et 6e année,depuis notre participation à l'élaboration de ces manuels, notre ministère nous a oublié. Il ne sait pas ce que nous devenons et, c'est déplorable ! Entre nous auteurs, nous nous sommes perdu de vue. Je ne sais pas ce que deviennent Barry Micheline, Sanon Bernadette, Tapsoba Judith, Traoré Ambou, Diallo Yamba, S. BenoîtOuédraogo, OulaSanogo, GnissaGanou, Norbert Zoungrana, Laurent C. Kambou, F. Fréderic Thiombiana, Etienne Bazié. Je sais que B. Jérôme n'est plus », raconte Anatole Dao.
« De la 6e à la 3e, Thomas Sankara portait, à l'état civil, le nom Ouédraogo, au lieu de Sankara »
Atteint par l'âge et d'une maladie de nerfs qui le contraint à marcher avec une béquille, Anatole Dao souhaite vite une radiologie pour le Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) de Solenzo et, le désenclavement de la province des Banwa, ainsi que bien d'autres choses. Véritable bibliothèque ignoré, il nous a fait savoir, au cours de notre entretient, ceci : « J'ai fréquenté avec Thomas Sankara. Nous avons fait le même lycée Ouézzin Coulibaly et les mêmes classes. C'est-à-dire, de la 6e à la 3e, Thomas Sankara portait, à l'état civil, le nom Ouédraogo, au lieu de Sankara. Il a refait son état civil pour porter le nom Sankara. Sinon, il s'appelait Isidore Noël Thomas Ouédraogo, comme d'autres enfants de son défunt père. Il était le plus jeune entre nous. Nous, on l'avait surnommé le pleurnichard, puisqu'il passait tout son temps à pleurer.
J'ai partagé le même dortoir que lui, même le restaurant. C'est un ami d'enfance que je connais très bien. Même quand il était petit, venu de Gaoua, son étoile brillait. Nous nous sommes séparés en classe de seconde et lui, il est allé au prytanée militaire de Ouagadougou. Son état civil, il l'a refait, et je ne sais pas si c'est après son retour de Madagascar ou du Maroc. Il me disait à chaque fois qu'il allait refaire son état civil, parce qu'il ne comprenait pas pourquoi lui et certains de ses frères portent le nom Ouédraogo, au lieu de Sankara. Chose qu'il a vraiment fait.Même devenu président, il venait me voir en cachette, jusqu'au jour de son assassinat. Donc, je peux écrire un livre sur la vie de Thomas Ouédraogo, pardon, Thomas Sankara»... Nous nous posons la question à savoir pourquoi Thomas Sankara et certains de ses frères et sœurs portaient le nom Ouédraogo, au lieu de Sankara.
Sur cette question, notre interviewédéclare qu'il y reviendra en long et en large, étant donné qu'il a été l'un des confidents proches de feu le Capitaine Thomas Sankara.
David Demaison NEBIE