Au niveau de «Léguéma-Lôgô», ancien marché des fruits et légumes, c'est le même travail qui s'y déroule. Peu avant, au niveau de l'église Evangélique, les gros kapokiers qui ploient sous le poids de l'âge et qui sont devenus dangereux pour les usagers et les riverains parce qu'ils perdent leurs branchages au moindre coup de vent ne sont pas inquiétés. «On nous a dit de ne pas toucher à un seul arbre», a expliqué l'un des responsables de l'entreprise chargée des travaux. Même quand il se trouve sur la route? C'est dire donc qu'il ne s'agit pas de bitumer une route, l'élargir, la rendre praticable et sécuriser par-là pour les usagers? «Ce sont les Américains qui financent; et ils n'aiment pas les modifications», a encore expliqué le représentant de l'entreprise. S'ils n'aiment pas les modifications, alors qu'ils fassent du bon travail. Une bonne fois pour toutes.
C'est quand il est allé sur le chantier pour s'entretenir avec l'entrepreneur et voir comment apporter son soutien afin que tout se passe bien que le maire de la commune a été informé de cette situation qui n'honore ni Bobo, ni ses habitants encore moins l'Etat qui a commandé ces travaux financés par le Millenium Challenge Account/Burkina. Quelle ne fut sa surprise et son mécontentement de faire un tel constat. En effet, la mairie de la commune a fait faire des études pour l'ensemble des rues dégradées dans la ville. Il suffisait tout simplement de prendre ces études et nous faire une belle route digne de la deuxième capitale du Burkina. Comme l'a fait l'Union européenne quand on entre en ville en venant de Ouagadougou. Il est donc urgent, de revoir la copie actuelle des travaux afin de prendre en compte, si c'est encore possible, les préoccupations du maire de la commune.
Car en effet, les études actuellement disponibles prévoient des routes en double-voies. Beaucoup plus pratiques et sécurisantes. C'est ce qui est prévu sur l'avenue du président Nelson Mandela. C'est également ce qui est prévu sur l'avenue du président Daniel Ouezzin Coulibaly. Et ce, au regard de la croissance de la population. Car, il se sert à rien de se précipiter pour construire des routes sur lesquelles on sera obligé de revenir dans seulement cinq à six ans. Bobo-Dioulasso mérite mieux que ce colmatage. Bobo-Dioulasso mérite mieux que cette ruelle qu'on est en train de construire. Espérons que la requête du maire qui consiste à élargir la voie, à terrasser les vieux arbres qui sont sur la trajectoire de la route et à les remplacer une fois le bitumage terminé, sera entendue et prise en compte afin que la nouvelle route valorise mieux celui dont elle porte le nom: le gouverneur Louis-Gustave Binger, explorateur de l'Afrique occidentale.
Dabaoué Audrianne KANI