Alimentation au Burkina : Une personne sur quatre ne mange pas à sa faim

| 22.10.2013
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directeur pays d'OXFAM au Burkina, Omer Kaboré
© DR / Autre Presse
directeur pays d'OXFAM au Burkina, Omer Kaboré
L'ONG OXFAM a, à travers la campagne « CULTIVONS » qui est à sa 3e édition, organisé une conférence de presse le 17 octobre 2013, à Ouagadougou. Elle a été présidée par le directeur pays d'OXFAM au Burkina, Omer Kaboré, et Imma De Miguel, membre, d'OXFAM venu du Pérou. Cette campagne a été lancée dans plus de 45 pays dans le monde il y a deux ans pour « briser le cycle de la faim » à travers des manifestations.

« Au Burkina Faso, une personne sur quatre ne mange pas à sa faim », selon le rapport 2012 de l'Organisation mondiale de lutte contre la faim (FAO). La situation du Burkina est beaucoup plus préoccupante car la moyenne mondiale relève qu'une personne sur huit ne mange pas à sa faim. C'est dans ce contexte que la campagne CULTIVONS dénommée encore « semaine CULTIVONS », initiée par OXFAM dans plus de 45 pays au monde, vise à renverser la tendance par une série de manifestations. « Où sont nos 10% ? Soutenons les exploitations familiales pour un avenir sans faim », c'est ce thème qui va animer les activités de cette troisième édition de la campagne CULTIVONS du 17 au 19 octobre à Ouagadougou. Pour le directeur pays d'OXFAM au Burkina, Omer Kaboré, l'objectif principal de la semaine CULTIVONS est d'enrayer l'injustice causée par un système alimentaire défaillant et des crises écologiques récurrentes. Cet objectif est suivi de trois autres objectifs spécifiques, à savoir : « Interpeller les décideurs politiques sur la nécessité d'investir plus et mieux dans l'agriculture et l'élevage pour doter les producteurs/productrices (80% de la population) de moyens de productions adéquats et performants ; inciter les populations à consommer local afin d'accroître les chances des producteurs/productrices d'écouler leurs produits et d'améliorer leurs conditions de vie ; et offrir une plateforme d'échange entre consommateurs et producteurs afin que les producteurs puissent mieux répondre aux attentes des consommateurs et améliorer la qualité et la diversité de leurs produits ».
Pour Seydou Ouédraogo, membre du conseil d'administration de la Confédération paysanne du Faso (CPF), « actuellement la production agro-business ne permet pas l'autosuffisance alimentaire au Burkina ». C'est l'exploitation familiale qui nourrit le Burkina dans sa grande majorité, a-t-il précisé. Pour la semaine CULTIVONS, un certain nombre de points de plaidoyer ont été faits.
Selon Imma De Miguel, membre d'OXFAM venu du Pérou, 60% de la nourriture du Pérou est produite par les exploitations familiales mais la pauvreté continue d'être constatée au milieu de la population rurale. Pour corriger cet état de fait, cette population a, à travers une pétition, invité son gouvernement à investir davantage plus de fonds dans la production agricole faite par l'exploitation familiale. Elle a ajouté que, dans son pays, la production locale est valorisée à travers une foire regroupant des chefs cuisiniers qui transforment des produits locaux afin d'amener les populations à consommer ce qu'elles produisent. L'artiste- musicien Smarty a souligné qu'avec plusieurs autres artistes de différents pays, ils sont engagés pour soutenir la lutte contre la faim en faisant passer le message à travers la musique.
Un certain nombre d'activités marqueront la semaine CULTIVONS, dont un débat télévisé sur Canal 3 et Africable, un forum sur le droit équitable à l'alimentation, l'organisation d'un marché de produits locaux, un concours culinaire le « Koudou du Faso », une visite guidée et une animation podium d'artistes comme Smarty, Rovane, Ali Verhutey, Sana Bob, Chocho, Pagnagdé, Issa de Noberé, etc.

Les points de plaidoyer pour la semaine CULTIVONS 2013 : les membres de la campagne CULTIVONS :

- demandent au gouvernement d'affecter 20% du budget au secteur agro-sylvo-pastoral d'ici à 2015 ;
- demandent à l'Etat burkinabè d'assurer 50% du budget pour l'agriculture avec des ressources propres en vue de réduire sa forte dépendance du financement extérieur ;
- invitent tous les acteurs en premier lieu le gouvernement à s'intéresser à la qualité des dépenses effectuées et à leur impact sur les populations et sa contribution à la réalisation du droit à l'alimentation ;
- demandent de soutenir prioritairement les exploitations familiales et les femmes ;
- encouragent l'Etat et ses partenaires à réaliser des investissements qui profitent aux exploitations familiales et à orienter le secteur privé à faire des investissements responsables qui ne nuisent pas aux petits producteurs et à leurs communautés ;
- sollicitent que le secteur de l'élevage bénéfice d'un investissement à la hauteur de son importance et potentiel de lutte contre la pauvreté ;
- que le gouvernement accorde plus d'attention aux organisations paysannes et à la société civile en renforçant leur participation à la définition, la mise en œuvre et le suivi de ses programmes.

Romuald OUEDRAOGO
(Stagiaire)

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