Ah ! Ces Organisations de la société civile en bagarre !

| 17.04.2015
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Ah ! Ces Organisations de la société civile en bagarre !
© DR / Autre Presse
Ah ! Ces Organisations de la société civile en bagarre !
Le Balai citoyen, avions-nous écrit, s'est éparpillé entre Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Hervé Kam et ses camarades sont venus le confirmer le week-end dernier à Bobo-Dioulasso en organisant un point de presse au cours duquel ils ont « démis » du mouvement, Dao Serge et Kaba Diakité. A leur place, ils ont mis une coordination restreinte dirigée par Niamba Issouf et chargée des affaires courantes, en attendant la mise en place d'une structure définitive. Après donc avoir balayé le régime de Blaise Compaoré, le Balai citoyen est-il en train de balayer dans ses rangs, pour ne pas dire devant sa porte ? Du côté de Bobo-Dioulasso, les « déchus », un peu comme ont fait d'autres déchus, ne s'avouent pas vaincus. Mieux, se considérant comme les vrais Cibals (ndlr : c'est ainsi qu'on appelle les membres du Balai citoyen), ils n'ont pas voulu quitter complètement le mouvement.


Aussi, ont-il décidé de défier Ouagadougou en mettant en place le Collectif Balai citoyen, qui selon eux, regroupe désormais toutes les associations et mouvements qui se réclament des idéaux du Balai Citoyen (ancien comme nouveau ?). C'est ainsi qu'à Bobo-Dioulasso, en plus du démembrement du Balai citoyen, on a le Collectif Balai citoyen. En quelque sorte, deux Balais qui, faute de balayer les autres, risquent de se balayer sur le terrain.

A Ouagadougou, c'est le Collectif anti-référendum (CAR), d'un autre Hervé, mais Ouattara lui, qui, après avoir fait sa métamorphose, (le référendum n'existant plus ou du moins l'orage étant passé) connaît des dissensions. D'abord le Collectif anti-référendum est devenu Citoyens africains pour la renaissance. Car, la nouvelle philosophie du CAR, c'est de soutenir et de défendre la démocratie et le respect de l'Etat de droit en Afrique et au Burkina en particulier. Ensuite, l'un de ses militants l'a quitté pour des raisons diverses, mais la plus importante restent les divergences de points de vue par rapport à l'orientation du mouvement. Exactement comme au Balai Citoyen ?

Ce qui est évident, est que les organisations de la société civile, nées parce qu'on voulait qu'il en soit ainsi à un moment donné, se retrouvent aujourd'hui confrontées à leur organisation interne. Ce qui n'est pas mauvais en soi ; à condition de pouvoir s'adapter au nouveau contexte. Et c'est là que la question va se poser. «La dialectique de l'histoire nous enseigne » (pour reprendre les termes de Sy Shériff, président du Conseil national de la transition) que les révolutions finissent toujours par « manger » leurs fils. Et que les organisations qui les ont conduites finissent toujours par s'entre déchirer. Au regard de cela, peut-on dire que ça ne fait que commencer ?

Cette question pose une fois de plus, la question de la présence des membres des organisations de la société civile dans les organes politiques de la transition et leurs accointances avérées avec des partis politiques qui, dans certains des cas, les ont portées sur les fronts baptismaux. Tout juste pour les besoins de la cause. Il est donc tout à fait normal que le boulot étant terminé, chacun montre son vrai visage.

Seulement, il faut souhaiter que ces dissensions au sein de ces mouvements ne viennent ternir l'image de la transition et remettre en cause certains acquis chèrement engrangés.

Dabaoué Audrianne KANI

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