Douze blessés dont un grave admis au CMA de Boulsa, 200 personnes sans-abri avec de nombreux enfants, 97 maisons d’habitation et deux greniers à céréales incendiés, des moutons, des chèvres et beaucoup de volailles disparus. C’est le bilan des affrontements entre les populations de Dargo, suite à un conflit lié à la succession du chef de ladite localité, survenu les 3 et 22 mai 2013. Le bilan a été dressé par la gouverneure de la région du Centre-Nord, Mariam Diallo/Zoromé, au cours d’une conférence de presse, le jeudi 6 juin 2013 à Kaya.
Selon Mme la gouverneure, l’événement malheureux survenu, est parti de la révolte d’une partie de la population, suite aux festivités organisées à l’occasion de la nomination d’un chef par ses partisans et les membres de sa famille pour régner à Dargo. « C’est l’acte de nomination d’un chef issu de la famille Zidouemba pour régner, suivi de manifestations de joie qui a dégénéré en affrontements, le 3 mai 2013, entre les populations divisées. Ces populations se sont affrontées violemment, avec des armes de toutes sortes et cela a entraîné malheureusement, de nombreux blessés, des incendies de maisons et de greniers, les 3 et 4 mai 2013 », a-t-elle expliqué. Et d’ajouter que « c’est dans un climat tendu menaçant d’entraîner un véritable drame que nous avons, avec le concours des autorités religieuses, tenté de faire déposer volontairement, les armes à partir d’une médiation que nous avons entreprise auprès des protagonistes retranchés, chacun dans son camp ».
Mais, a-t-elle indiqué, le désir affiché des populations de poursuivre les hostilités a bloqué le processus et renforcé le refus du dialogue. C’est pourquoi, souligne-t-elle, les forces de défense et de sécurité ont été instruites d’opérer des perquisitions pour désarmer systématiquement, les populations et rétablir l’ordre et le calme. Ce qui leur a permis, aux dires de la gouverneure, de saisir de nombreuses armes blanches et d’interpeller 42 personnes identifiées comme les meneurs.
Les suspects devant le tribunal
Elles ont été conduites devant le procureur du Faso, près le Tribunal de grande instance de Kaya. Le procureur, Mahamoudou Sanfo, a confié, lors du point de presse, qu’à partir du moment où des personnes ont été victimes des coups et blessures volontaires, des armes utilisées et des atteintes aux biens constatées, une information judiciaire a été ouverte, afin d’identifier les auteurs des infractions, les complices, les instigateurs et même tous ceux qui ont participé ou facilité, de près ou de loin, leur commission. M. Sanfo a laissé entendre que la procédure est engagée et qu’un juge d’instruction va incessamment, commencer les auditions des présumés auteurs. La première responsable de la région du Centre-Nord a lancé un appel à tous les fils et les filles et aux communautés de Dargo, à tous les responsables politiques, coutumiers et religieux, à toutes les personnes de bonne volonté de la province du Namentenga, de la région et au-delà, à s’y impliquer par toutes les démarches d’apaisement pour le retour du calme et de la paix durable à Dargo.
En attendant que cet appel soit entendu par les uns et les autres, les patrouilles des forces de défense et de sécurité se poursuivent, pour garantir la sécurité des populations et éviter tout dérapage. Le couvre-feu qui a d’ailleurs été instauré depuis le 3 mai 2013, est toujours en vigueur à Dargo, de 22h à 6h du matin.
En rappel, ce conflit de chefferie à Dargo est un vieux problème qui oppose, depuis 1933, deux grandes familles du village, à savoir les Zidouemba et leurs alliés et les Kafando et leurs alliés.
Timothée SOME
Source : Sidwaya