Affaire lotissement à Zékounga : Nouveaux attributaires et populations à couteaux tirés

| 19.03.2014
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Affaire lotissement à Zékounga : Nouveaux attributaires et populations à couteaux tirés
© DR / Autre Presse
Affaire lotissement à Zékounga : Nouveaux attributaires et populations à couteaux tirés
Le tumultueux projet de lotissement conduit par le maire de Tanghin-Dassouri, Adama Zongo, dans le village de Zékounga ne finit pas de faire des vagues. Les derniers développements de ce projet à controverse, opposant les populations dudit village à Adaman Zongo, ne manquent pas de piquant. La justice s'est saisie du dossier et, en attendant une solution définitive, chacune des parties au conflit devrait s'abstenir de poser tout acte susceptible d'envenimer la situation. Malheureusement, du côté des populations, on déplore qu'Adama Zongo ne respecte pas cette règle. Pendant que la justice n'a pas encore tranché et que le contentieux reste entier, Adama Zongo serait en train d'attribuer des parcelles dans des conditions assez troubles. C'est ainsi que certains attributaires ayant voulu mettre en valeur leurs parcelles se sont heurtés à une vive opposition des populations. Les risques d'affrontement sont réels.

De mémoire de burkinabé, jamais une opération de lotissement n'aura cristallisé tant de passions, provoqué tant de ressentiments et fait couler tant d'encre et de salive. Voila bientôt cinq ans que dure le projet de lotissement de Zékounga, initié par le maire de Tanghin-Dassouri, Adama Zongo. Une initiative à laquelle la population de Zékounga, à qui elle est pourtant censée bénéficier, s'est énergiquement opposée dès le départ, comme nous l'avons maintes rapporté dans nos précédentes éditions. Incompétence du maire pour conduire une telle opération dans un village se réclamant de la commune de Ouagadougou ; crise de confiance liée à un précédent lotissement où la population estime avoir été grugée ; caducité de l'autorisation de lotir en vertu de laquelle le maire conduit l'opération ; ..., les raisons de cette controverse sont diverses. Mais qu'à cela ne tienne, Adama Zango entend concrétiser son projet. Advienne que pourra. Depuis lors, que de tumultes, que de défiance réciproque, que d'attaques et de contre-attaques. Autant la farouche hostilité des populations n'a dissuadé Adama Zongo de poursuivre son projet contre vents et marrées, autant les intimidations, les irruptions intempestives de forces de l'ordre, les courses-poursuites, les arrestations, voire les incarcérations, n'ont entamé la détermination des habitants de Zékounga à défendre ce qu'ils considèrent comme leur dignité, leur identité. En juin 2013, Adama Zongo avait fini par désigner ses boucs émissaires. Quatre ressortissants du village ont été indexés, arrêtés et vite écroués à la Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou. Ils sont accusés de faits très graves. Notamment d'incitation à la rébellion. Ils risquent gros. Mais l'information judiciaire ouverte contre eux se solde par un procès ayant conclu à leur innocence le 5 juin 2013. Ils sont immédiatement relaxés. Mais ils ne sont pas au bout de leurs peines.

Visées expansionnistes...

 

population

Le Guug-Naaba de Zékounga (avec canne au milieu) et les siens maintiennent le cap malgré la taille de l'adversaire

 

Retournés au village, ils seront toujours dans le viseur du maire, dont les partisans, bien que minoritaires sont forts de la protection de la force publique pour perpétrer des actes d'agression en toute impunité sur leurs contradicteurs. C'est le cas de Kuilga Marcel Zongo, l'un des 4 compagnons d'infortune. Il a été agressé et blessé grièvement le 22 juin 2013 par un certain Lantibo Zongo, un militaire retraité. La plainte déposée contre lui à la gendarmerie depuis lors, peine visiblement à évoluer. Les populations entament une procédure en justice aux fins de suspendre l'opération de lotissement, du fait de son illégalité fondée, selon elles, sur l'incompétence du maire et l'absence d'autorisation en bonne et due forme. Cette action tardera à se mettre en marche. La réaction de la justice ne sera pas prompte, malgré l'insistance des requérants. Laissant à Adama Zongo, la latitude de poursuivre ses visées expansionnistes sur un village au sujet duquel tout concourt à montrer qu'il relève de l'arrondissement 8 de Ouagadougou, au terme du nouveau découpage de la capitale. De son côté, Adama Zongo brandit un arrêté ministériel datant de juin 2012, érigeant Zékounga en village relevant du département de Tanghin-Dassouri et ayant pour village d'origine Basséko. Pourtant administrativement Basséko relève de l'arrondissement 8 de Ouagadougou. Naturellement cet arrêté est vivement contesté par les populations qui n'ont pas manqué d'en appeler à sa correction.

Affaire de gros sous !

construction

Ce chantier en plein coeur de Zékounga aurait été abandonné peu après son démarrage sur la pression des jeunes

 

Dans cette ambiance explosive, le maire voyant son projet piétiner, décide courant novembre 2013 de faire interpeller et incarcérer une fois de plus des ressortissants du village. Au nombre de 6 cette fois-ci, ils resteront à la MACO pendant près de 2 mois. Le chef lui-même, sera gardé pendant quelques temps à la gendarmerie. Dans le même sillage, un responsable d'une organisation de la Société civile s'étant constitué aux cotés des populations de Zékounga dans leur combat, est aussi arrêté et incarcéré. Les chefs d'accusation sont quasi identiques à ceux de la première fois. Face à la mobilisation y compris au plan international qui avait commencé à s'organiser, ce dernier est vite relaxé. Par la suite, les autres bénéficieront aussi d'une liberté, dit-on, provisoire. Ils sont priés de se tenir à la disposition de la justice, la procédure suivant son cours. Entre temps, suite à une énième requête des populations, la justice semble enfin vouloir se pencher sur le dossier du projet de lotissement de Zékounga par Adama Zongo. Un juge d'instruction se serait déplacé sur place. Les deux parties sont priées de surseoir à toute action dans le cadre du projet, en attendant que le juge se prononce. Pendant ce temps, sans que l'on ne comprenne trop dans quelles circonstances, elles ont été attributaires des parcelles, certaines personnes ont commencé à déposer des agrégats en vue de constructions. On parle même de ventes systématiques de parcelles et des affaires de gros sont évoquées. Il n'en fallait pas plus pour réveiller le courroux des populations. D'autres avaient même réussi a élevé leurs murs avec une rapidité et une discrétion impressionnantes. Les jeunes du village, piqués dans leur amour-propre, avaient décidé de démolir purement et simplement les murs. Certains ont failli en venir aux mains avec des ouvriers commis sur certains chantiers. Mais grâce à l'intrépidité de certains sages du village, la rage des jeunes a été contenue et la catastrophé évitée de très près. Mais pour combien de temps ? Affaire à suivre !

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Un arrêté bien curieux !

Vu toute la confusion et le trouble qui avait commencé à s'installer au sujet de leur village, les ressortissants de Zékounga, le chef du village en tête, ont décidé de faire conférer un statut clair à leur village. Pour ce faire, en se conformant aux termes du décret portant modalités d'érection ou suppression de village, ils ont, par lettre en date du 3 novembre 2009, introduit une demande d'érection de Zékounga en village autonome. La demande a été introduite à la mairie de Sig-Noghin afin de suivre la voie hiérarchique jusqu'au ministre de tutelle. Après des années d'atermoiements, le ministère a finit par donner suite à cette requête à travers une décision contenue dans l'arrêté N°2012-0062/MATDS/SG/DGAT/DOAT portant érection de localités en villages. Mais que d'incongruités dans cet arrêté. Si le ministère a accepté d'agréer la requête des populations, en érigeant Zékounga en village autonome, il ne demeure pas moins que cet agrément est « empoisonné ». Contre toute attente, le village est rattaché au département de Tanghin-Dassouri. Comment une demande introduite à Sig-Noghin, ayant donc requis l'avis du maire de Sig-Noghin et non celui de Tanghin-Dasouri, peut-elle donner lieu à une décision rattachant le village requérant à Tanghin-Dassouri sans autres précisions ni la moindre explication préalable ? La demande fait ressortir, avec signature de ressortissants respectifs à l'appui, que le village comporte 6 quartiers. L'arrêté ne fait cas que 5 quartiers. Là aussi sans autre forme d'explication. Ce n'est pas tout. L'arrêté mentionne que Zékounga a pour village d'origine Basséko, département de Tanghin-Dassouri. Bizare ! Puisque Basséko n'a jamais relevé de administrativement de Tanghin-Dassouri, mais plutôt de Sig-Noghin. Pourquoi tant d'incohérences et d'embrouilles au sein de l'administration centrale? Selon certains témoignages, certains techniciens et responsables ministériels n'hésitent pas à reconnaître que le maire de Tanghin-Dassouri est fautif dans cette affaire. Mais personne n'ose le lui dire en face ou même le dire officiellement. Chacun se contente d'exprimer sa désapprobation en privé tout en insistant sur la fameuse phrase : « n'allez pas dire que c'est moi qui vous ai dis ça hein ». Sacré administration burkinabé !

BYL

Source : reporterbf

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