A l’occasion, la présidente d’honneur du CCNOSC, Safiatou Lopez, a indiqué qu’à travers ce panel, le CCNOSC «démontre son esprit de maturité et son engagement militant pour la préservation des acquis populaires.» Et d’ajouter, «L’opportunité qui est offerte cet après-midi d’échanger cordialement entre frères et sœurs autour de thèmes aussi importants, doit nous permettre de développer des réflexions citoyennes qui vont dans le sens de l’érection d’un Etat de droit où chaque citoyen apporte sa contribution.» Sa conviction à elle, c’est qu’il est «indispensable pour nous, tous acteurs de la sphère sociopolitique, de repenser et consolider nos acquis démocratiques à travers des initiatives fortes tout en évitant les erreurs du passé.»
Les communications devant planter le décor des échanges n’ont porté que sur deux thèmes, à savoir «Le passage à la 5è république», et «Le phénomène Koglwéogo»; le communicateur sur «La problématique de la justice» ayant brillé par son absence.
«Nous devons renouer avec la sacralité de la Constitution»
Abordant le premier thème qui invite au débat sur le contenu de la future Constitution, Abdoul Karim Sango dira que chaque Etat, en fonction de son histoire, de ses réalités, se dote d’une Constitution. «Nous devons, martèle M. Sango, renouer avec la sacralité de la Constitution», de sorte que notre Loi fondamentale soit véritablement respectée et qu’elle ne soit plus modifiée à tout-bout-de-champ. La Constitution de la 5è république doit, selon lui, instaurer un rééquilibrage des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, de sorte qu’on n’ait plus «un président tout-puissant et une Assemblée nationale qui n’est pas un véritable pouvoir»; de sorte également que la justice soit indépendante, car elle constitue «un pouvoir au même titre que l’exécutif». Mais, préconise-t-il, «il faut le (pouvoir judiciaire, Ndlr) le soumettre à un contrôle citoyen», il faut «une institution indépendante pour veiller sur la question de la déontologie de la justice», et qui ait pouvoir de «radier immédiatement» les juges qui auront trempés dans la corruption.
Avec cette future Constitution, nous devons, de l’avis de M. Sango, «mettre les chefs coutumiers au-dessus de la compétition partisane». En clair, «nous ne devons plus les maintenir dans la politique politicienne».
A propos du mécanisme d’adoption de cette future Constitution, Adboul Karim Sango préconise «l’adoption parlementaire», car «nous sommes dans un contexte de marasme économique; si nous devons organiser un référendum à 4 milliards et que ce sont 30% de la population qui sortent pour aller voter, ça ne sert à rien. Si nous voulons un référendum, il faut que nous donnions l’occasion à chaque citoyen de comprendre la Constitution du premier au dernier article».
L’adoption de la Constitution par référendum, ce fut un engagement du chef de l’Etat
Mais le représentant du président du Faso au panel, Mathias Tankoano (Conseiller spécial du président), tout en rassurant que la présidence sera très attentive aux conclusions du panel, a dit qu’en ce qui concerne «l’adoption de la Constitution par référendum, ce fut un engagement du chef de l’Etat pendant qu’il était candidat, pour rééquilibrer les pouvoirs afin que les Burkinabè se sentent mieux avec leur Constitution». Et d’ajouter, «Cette constitution, pour une question de légitimité, quel qu’en soit le coût, il nous faut la soumettre au référendum pour que les Burkinabè se prononcent sur son adoption».
Abondant dans le même sens, le représentant du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès), Emile Paré, dira que «pour le MPP, la Constitution de la 5è république doit être adoptée par référendum». A l’en croire, le parti au pouvoir tient, «quelle que soit la nature du régime», à ce que la Constitution de la 5è république prenne en compte deux aspects fondamentaux que sont «l’équilibre des pouvoirs» et «la participation citoyenne et le contrôle citoyen».
Bientôt, un nouveau mécanisme de participation des populations à la lutte contre l’insécurité
Relativement au phénomène Koglwéogo, Thomas Dakouré, conseiller technique du ministre en charge de la Sécurité intérieure, a annoncé que «le décret portant création, composition, attributions et fonctionnement des Comités locaux de sécurité (CLS) a été relu pour permettre de prendre en compte toutes les associations (initiatives locales de sécurité) qui participent à la lutte contre l’insécurité et de les inclure dans un nouveau mécanisme de participation des populations à la lutte contre l’insécurité, conformément à la stratégie nationale de la sécurité intérieure.» A l’en croire, le «processus d’adoption de ce décret est en cours». Déjà, Mathias Tankoano rassure, «D’ici trois mois, vous ne verrez plus un Koglwéogo attacher quelqu’un».
«Nous, nous disons haut et fort que le procès aura lieu...»
Présent au panel du jour, le directeur de la Justice militaire, Sita Sangaré, a lancé, «s’il plaît à Dieu, d’ici à la fin de l’année, tous ces dossiers (dossiers du putsch manqué, Ndlr) seront bouclés et jugés». «Nous, nous disons haut et fort que le procès aura lieu; ceux qui seront passibles de sanction, seront châtiés», a-t-il poursuivi. Et d’ajouter, «je voudrais que les uns et les autres se rassurent; au niveau de la justice militaire, on est absolument serein, sans influence extérieure». Il a également laissé entendre que la voie du mandat d’arrêt émis contre Guillaume Soro «était une voie manifestement inopérante et qui créait des tensions inutiles». Aux dires du colonel Sangaré, du fait de cette voie, «à un moment, on n’était pas loin d’une guerre avec l’Etat voisin de Côte-d’Ivoire».
Paangui Parè