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Abel Dabakuyo, ancien maire de Dédougou : « L’annulation du 11-Décembre aurait été… »

| 10.04.2015
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Abel Dabakuyo, ancien maire de Dédougou : « L’annulation du 11-Décembre aurait été… »
© © Photo : DR
Abel Dabakuyo, ancien maire de Dédougou : « L’annulation du 11-Décembre aurait été… »
Dédougou a relevé le défi de l'organisation des festivités du 11-Décembre, commémorant l'anniversaire de l'indépendance du Burkina. Abel Dabakuyo qui était le bourgmestre de la ville jusqu'à une époque récente ( avec la dissolution des conseils sa fonction a pris fin ), a joué un rôle prépondérant au sein du comité local d'organisation. Dans cette interview, il revient sur les préparatifs, la métamorphose de Dédougou et bien d'autres choses.


Sidwaya(S) : Quelques mois après que votre ville ait accueilli le 54e anniversaire de la fête de l'indépendance, avec un peu de recul, comment revivez-vous l'évènement?

Abel Dabakuyo ( AD ) : Il faut reconnaître que les préparatifs du 11-Décembre n'ont pas été faciles. Nous étions trop bousculés, et il y a eu un petit retard dû aux événements des 30 et 31 octobre 2014. On se demandait si la fête allait toujours avoir lieu. Et même au niveau des entreprises, il y a eu un recul certains avaient déjà baissé les bras. Heureusement, nous avons été conviés à une réunion avec le Premier ministre qui nous a confirmé que la fête allait avoir lieu avec tout ce qui était prévu . C'est à partir de ce moment que nous avons repris les travaux et au bout du compte à la date du 11-Décembre, toutes les infrastructures, tous les investissements qui avaient été prévus ont été remis. Il y a des travaux de finition en matière d'assainissement de canalisations sinon le gros du boulot a été fait.

S : Avec les événements des 30 et 31 octobre 2014, n'avez-vous pas craint une probable annulation de la célébration dans votre région ?

AD : On a eu peur mais comme on était beaucoup avancé dans l'organisation, on était à 80% des réalisations, nous nous sommes dit, cela allait être une perte si on annulait la fête. Les entrepreneurs avaient déjà pris leurs sous. Au niveau de population, chacun a balayé devant sa porte, pour que la fête soit belle. C'aurait donc été un choc pour la population, si on annonçait l'annulation de la fête. Mais on a eu la chance, les choses se sont très bien passées, les autorités aussi ont vu clair en maintenant la fête.

S : Votre ville a été en espace de 24 heures, la capitale politique du Burkina, comment la population a vécu cela ?

Même pas 24 heures, le monde qui était à Dédougou, était là depuis une semaine, bien avant la fête, la circulation était devenue dense, il y a eu des embouteillages même à Dédougou-ville, c'était vraiment du jamais vu pour la population. L'organisation de la fête a fait appel à beaucoup de gens, vous avez le comité national d'organisation, qui est basé à Ouagadougou, ses membres étaient là depuis le 2 décembre, les troupes qui devaient défiler, les militaires, les paramilitaires, toute la ville était mouvementée, les maquis étaient bourrés jusqu'au petit matin. Et pour la première fois, on a eu un conseil des ministres délocalisé à Dédougou, c'est important, ça reste dans les archives. La population ne peut pas oublier de sitôt le 11-Décembre 2014. Et il faut également le souligner, la fête s'est bien passée sans incidents fâcheux. Tous les gens sont bien repartis, on n'a pas appris qu'il y a eu d'accidents en cours de route, l'un dans l'autre Dédougou a été un succès.

S : Que peut-on retenir aujourd'hui des réalisations ?

AD : Vous avez le stade communal, la salle polyvalente qui fait plus de 1000 places, avec des commodités, on peut y tenir plusieurs activités au même moment, vous avez la place de la nation, c'est un lieu de regroupements, plusieurs activités peuvent également s'y dérouler, la cité des Forces vives qui a beaucoup changé la physionomie de la ville. Quand vous prenez la route de Tougan, c'est comme si c'est une ville dans une ville, dès que vous y arrivez c'est frappant. Quand vous partez à Koudougou, vous voyez que jusqu'à présent, il y a des villas inachevées, à Dédougou, ce ne sont que quelques villas, et il s'agit du reste de retouches, des travaux de finitions, sinon dans l'ensemble, les gens ont remis les clés.

S : Avec des voies bitumées et éclairées, les Dédoulais doivent n'est-ce pas rêver ?

AD : Nous avons eu 27km de bitume, des feux tricolores, des voies sont éclairées, et quand vous sortez la nuit aujourd'hui à Dédougou, vous ne reconnaissez pas la ville, elle est devenue comme Ouaga et Bobo. Et j'ai dit aux gens que Dédougou est la 3e ville du Burkina présentement, après le 11-Décembre, nous avons tout ici.

S : Il se pose un problème d'exploitation de certaines infrastructures après le 11-Décembre, y' a-t-il déjà des mesures dans ce sens ?

AD : Il y a eu trop de choses qui se sont succédé avec la situation actuelle, c'est-à-dire la dissolution des conseils, ça pose problème, parce qu'aujourd'hui, au niveau des mairies, il n'y a pas de responsables, le secrétaire général assure les affaires courantes. Nous venons de mettre en place la Délégation spéciale, le préfet vient de prendre service, sinon normalement les infrastructures comme la salle polyvalente, le stade communal, la place des nations, reviennent à la mairie, et il faut les gérer. Mais comme nous ne sommes plus aux affaires, je ne peux pas trop parler, sinon j'avais un plan, un programme, et si j'étais là, je sais comment je vais gérer ces infrastructures, mais je crois que la Délégation spéciale saura comment faire.

S : Peut-on dire que Dédougou est à même d'accueillir de grands événements ?

AD : Ah oui, je ne vois pas cet événement que Dédougou ne peut pas recevoir aujourd'hui. D'abord il y a la salle polyvalente qui fait mille places, actuellement nous avons beaucoup d'hôtels, pour le 11-Décembre, rien que les défilants étaient au nombre de 7000, sans compter les invités et les gens venus en touriste. Même si nous devons recevoir dix mille personnes, Dédougou peut le faire. Dans les hôtels, il y a des salles de réunions qui sont très bien. Et vous voyez aujourd'hui beaucoup de réunions, des ateliers qui sont délocalisés à Dédougou. Avant le 11-Décembre, quand le gouverneur qui est parti avait dit qu'on ne voulait pas de la salle polyvalente, nous sommes allés à Dori, j'ai dit au Premier ministre, il faut la salle polyvalente à Dédougou, parce que nous aussi nous voulons recevoir de grandes réunions, il ne faut pas se contenter du minimum, et là je dirai même que le gouvernement ne fait pas des projections à long terme, il faut le dire, moi je suis un économiste. Quand vous allez faire de petites salles, dans cinq ans elles sont dépassées, il faut refaire, donc j'ai dit au Premier ministre, nous avons besoin de la salle polyvalente, ça été un débat et finalement, on est allé visiter la salle polyvalente de Dori, le gouverneur quand il est entré dans la salle, et il est ressorti, il m'a dit, vous avez raison, je ne savais pas que la salle était comme ça. Il aura fallu se battre à mon corps défendant pour que nous l'ayons.

S : certainement que vous aviez un plan quinquennal dans votre programme de développement pour Dédougou, mais avec la dissolution des conseils, pas trop déçu ?

AD : Je regrette la dissolution des conseils. Moi j'ai été élu par la population pour cinq ans, donc j'ai une légitimité. J'avais un programme étalé sur 5 ans, j'avais des réalisations pour le développement de ma commune, mais dommage je ne peux plus le faire. La dissolution n'a pas respecté les normes, parce qu'il y a une procédure pour dissoudre un conseil, le code des collectivités territoriales l'énonce clairement, c'est une loi, et un décret ne peut pas venir dissoudre les dispositions d'une loi. Nous sommes tous des juristes, il faut qu'on se le dise. Tout mon programme est tombé dans l'eau, mais comme c'est une dissolution générale, je ne suis pas le seul concerné, je fais avec. Je vois devant moi, les élections vont venir, nous allons rebattre campagne, et si la population qui m'avait voté a besoin de moi, je vais revenir comme maire.

ITW réalisée à Dédougou Par
Barthélemy KABORE

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