Zida, premier ministre : Pourquoi aussi muet ?

| 29.01.2015
Réagir
Zida, premier ministre : Pourquoi aussi muet ?
© DR / Autre Presse
Zida, premier ministre : Pourquoi aussi muet ?
Le premier Ministre de la Transition Yacouba Isaac ZIDA, l'homme qui occupait l'espace médiatique de façon permanente et se faisait désirer de la Presse qui se délectait de ses sorties hasardeuses à la révolutionnaire transi, a pratiquement disparu des radars des « scribouillards » contraints pour certains à fouiner dans sa corbeille à poubelle pour y glaner des traces d'indélicatesse ! Faut-il croire que le Lieutenant-colonel a été rattrapé par les réalités dont il pensait pouvoir s'émanciper ?


«Que l'herbe ne critique pas la tige de mil car elles sont toutes les deux des bâtonnets» enseigne une sagesse populaire. Arrivé au pouvoir par le hasard des choses, le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac ZIDA semblait avoir déjà oublié d'où il venait et voulait en faire à la façon prisée par les activistes du Balai citoyen qui l'ont conduit à la place de la Nation où il a fait ses premières déclarations devant une foule d'insurgés chauffés à blanc et qui voyaient en l'homme dans son camouflage treillis le nouveau Thomas SANKARA devant venir réparer des torts et réécrire l'histoire du pays. Ainsi, comme une marionnette dansant au rythme du rap de Smockey ou du reggae de Sam'K le Jah, les grandes gueules des évènements des 30 et 31 octobre, ZIDA, néophyte dans l'arène politique, parlait pour plaire à ceux qui l'ont adoubé chef de l'Etat, à l'époque et là, il n'avait pas le bride sous la langue. En effet, faisant dans un populisme qui l'a plus desservi que servi, le nouvel homme Fort s'est hasardé dans des propos à l'emporte pièces comme lorsqu'il évoquait la prétendue vente de la SOCOGIB à un franc symbolique, les armes assassines de Blaise COMPAORE alors qu'il a lui-même reconnu avoir fait échec au Général Honoré Nabéré TRAORE, alors chef d'Etat major général des armées, qui convoitait aussi le fauteuil présidentiel, parce qu'il avait les hommes et les armes « de Blaise COMPAORE ». Avec Denise BARRY, son fidèle lieutenant et ministre de l'administration territoriale, il tente le coup foireux de suspendre des partis politiques au mépris des lois et règlements de ce pays. Heureusement, Michel KAFANDO, le président de la Transition, rattrape la bourde le 31 décembre en levant la mesure qui frappait illégalement le CDP et l'ADF-RDA. Pour un désaveu, c'est bien là un désaveu qui ne pouvait que se faire d'autant que la mesure a été fortement critiquée par la majorité des acteurs sociopolitiques toutes tendances confondues. Et le malheur ne venant pas seul comme on le dit, le Lieutenant-colonel ZIDA, violemment pris à partie par « ses hommes », a frôlé le pire le 30 décembre dernier avec la fronde des militaires du Régiment de sécurité présidentielle. Cette unité d'élite de l'armée dont il est issu n'entendait pas être cette échelle qui a permis à ZIDA de monter sur le toit et qu'il va par la suite jeter au sol l'objectif atteint. Et depuis, on aura remarqué le silence-radio chez le Premier ministre ZIDA que même des révélations gênantes sur sa vie de citoyen n'ont pas fait sortir de son mutisme. L'homme est vraiment en mauvaise posture.

ZIDA qui a dit à la place de la Nation que la Justice aura beaucoup de travail, pensant à la poursuite des dignitaires de l'ancien régime, devrait plutôt être le premier à se présenter devant le juge pour solder des comptes. L'acte d'incivisme et sa bravade de la justice qui l'a condamné ne sont pas dignes du citoyen et surtout pas lorsque celui-ci est devenu un des premiers personnages de l'Etat. Puisque plus rien ne sera plus comme avant, il serait intéressant que les hommes en robes noires, à présent libérés dit-on de toute pression de l'Exécutif, fassent exécuter les sentences qu'ils avaient prononcées avec toutes leurs conséquences. Car aujourd'hui on peut poser la question de savoir si le Lieutenant-colonel ZIDA n'est pas en porte-à-faux avec la Charte de la Transition qui a mis l'accent sur la probité des responsables chargés de piloter cette Transition. Son prédécesseur à la fonction de Chef de l'Etat ne croyait pas si bien dire quand aux premières heures du sacre de ZIDA, il disait ne pas vouloir être à la place de ce dernier.

« Si tu n'enlèves pas l'épine de tes fesses, tu ne pourras jamais de débarrasser de celle de ton pied » dit cet adage. C'est dire que les fameuses OSC qui dictent ce qu'il faut désormais faire dans ce pays et qui ont fait rendre le tablier à deux ministres de la Transition ont du grain à moudre si tant est qu'elles sont elles-mêmes justes et respectent leur logique. Cette affaire de l'immeuble du Premier Ministre ne peut rester sans conséquences d'autant que le Droit a été dit, qui situe des responsabilités et prononce des sanctions. Il faut dire que le ministre DIEGUEMDE n'a pas eu cette chance de jouir de la faiblesse de la Justice ; on était aux USA ! Mais, il faut rester Burkinabè et comme plus rien ne devra être encore comme avant, normalement personne ne devra pouvoir se soustraire de la justice et la justice devra être impartiale et juste envers tous. On attend de voir.

Ahmed NAZE

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité