C'est une visite au pas de course. Séance de travail avec le gouvernement ivoirien sur le Traité d'amitié et de coopération (TAC), audience avec le président Ouattara, visite du port d'Abidjan et du chantier de la Maison du Burkina au coût de 25 milliards de FCFA dont les travaux sont exécutés à 50% ...le Premier ministre, sur tous les fronts, a enchaîné les rendez-vous. Accueilli à sa décente d'avion à la base aérienne de l'aéroport international Félix Houphouët Boigny par son homologue, Yacouba Isaac Zida a d'entrée de jeu campé le décor. "Nous sommes venus pour réchauffer les relations entre nos deux pays", a-t-il déclaré. Interrogé sur la question de savoir s'il allait rencontrer Blaise Compaoré, l'ex-président burkinabè en fuite, M. Zida a botté en touche assurant qu'il ne rencontrera pas l'ancien chef de l'Etat. "Je ne sais pas. Non, je ne pense pas", a-t-il répondu.
En effet, les relations entre les deux pays se sont un peu brouillées au lendemain de l'insurrection populaire d'octobre qui a abouti à la mise en place d'un gouvernement de Transition. "Nous avons eu un entretien très fructueux après la séance de travail des Premiers ministres Zida et Duncan. Je considère qu'il n'est pas nécessaire d'appuyer davantage les liens particulièrement étroits qui unissent la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. Notre volonté est de faire en sorte que la coopération exemplaire entre les deux pays se renforce", a commenté le président ivoirien, Alassane Ouattara. Il fait ainsi allusion au Traité d'amitié et de coopération qui lie les deux Nations. "Nous avons largement échangé sur le TAC. Il y a des acquis et malheureusement des insuffisances", a dit M. Zida. Ce Traité consacre un certain nombre de projets intégrateurs comme l'autoroute Abidjan-Ouagadougou, la boucle ferroviaire en suspens depuis la suspension du permis d'exploitation du manganèse à Pan African Minerals, propriété de l'homme d'affaires australo-roumain, Frank Timis. Lors du 4e TAC, tenu en juillet 2014 à Ouagadougou, les deux partenaires avaient pourtant réaffirmé l'importance de la réalisation de cette liaison ferroviaire pour le développement économique et social de la région. La mise en œuvre des chantiers prioritaires du TAC incombe aux deux parties.
Timides avancées
Au titre des timides avancées, on note qu'au Burkina, le financement du tronçon Ouagadougou-Koudougou-Bobo-Dioulasso a été assuré par le budget de l'Etat à hauteur de 2,4 milliards de FCFA. Le processus de recrutement d'un consultant, organisé en 2012, a permis d'attribuer le marché des études au groupement A I Prohetti/ACE pour un montant de 1, 46 milliard de FCFA. En Côte d'Ivoire, l'on retient que les études de l'axe Yamoussoukro-Bouaké (110 km) ont été confiées au groupement Gauff/Hydro Co. Les études de faisabilité technique et économique de l'axe Bouaké-Ferkéssédougou (250km) sont en cours. Plus globalement, cette coopération s'étend à des secteurs prioritaires comme l'énergie. Confrontée à un déficit exacerbé par une demande croissante de 13% l'an, la SONABEL se voit ainsi pourvue de 80 MW grâce au projet d'interconnexion.
Le TAC qui sera revu par les présidents Ouattara et Kafando en fin juillet va ainsi donner un nouvel élan au couple ivoiro-burkinabè. "Nous devons nous atteler à bâtir un espace communautaire intégré et conjuguer nos efforts pour endiguer la pauvreté", a insisté le Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan.
Relance de la coopération
Il a expliqué que cette rencontre de travail vise à relancer la coopération bilatérale. Ainsi, les échanges ont porté sur les questions sécuritaires en raison de la menace terroriste qui guette le Sahel. Le passage à la TNT qui n'est toujours pas effectif a été également débattu. "Nous avons aussi échangé sur la question du déplacement des populations du Mont Peko et du trafic frontalier des enfants du Burkina vers la Côte d'Ivoire", a précisé M. Duncan.
Saturnin N Coulibaly
Envoyé spécial à Abidjan
(Côte d'Ivoire)