C'est pourquoi, le constituant a ajouté: «En cas de vacance de la Présidence du Faso pour quelque cause que ce soit, ou d'empêchement absolu ou définitif constaté par le Conseil constitutionnel saisi par le Gouvernement, les fonctions du Président du Faso sont exercées par le Président du Sénat. Il est procédé à l'élection d'un nouveau président pour une nouvelle période de cinq ans.
L'élection du nouveau président a lieu soixante jours au moins et quatre-vingt-dix jours au plus après constatation officielle de la vacance ou du caractère définitif de l'empêchement.
Le Président du Sénat exerçant les fonctions de Président du Faso ne peut être candidat à cette élection présidentielle.
Dans tous les cas, il ne peut être fait application des articles 46, 49, 50, 59 et 161 de la présente Constitution durant la vacance de la Présidence». Pourquoi donc tergiverser une fois de plus du moment où le président de l'Assemblée nationale, qui fait office de président du Sénat est là? Même si celui-ci s'était enfui (information honteusement distillée par RFI), ne pouvait-on pas aller le chercher pour assurer la transition si tant est que chacun veut réellement défendre la Constitution? Le Burkina Faso a besoin de tous ses fils et filles pour se réconcilier et poursuivre le chemin du progrès. Toute exclusion est dangereuse et porteuse des germes d'un lendemain incertain.
En outre, les leaders des partis membres de l'opposition politique savent très bien que dans le contexte sous-régional, africain et international actuel, aucun coup de force n'a de place dans le concert des nations. Autrement dit, aucun partenaire crédible ne travaille avec un pays sous régime d'exception, pire un pays dirigé par l'armée. Ils ne l'ignorent pas du tout pour avoir pratiquement tous travaillé avec Blaise Compaoré. Même surpris par l'évolution très rapide des événements, ils devraient pouvoir prendre les mesures nécessaires pour éviter au pays le désordre qu'on connaît depuis une semaine.
L'armée burkinabè a-t-elle usurpé le pouvoir? Tout de suite, on peut dire non. Zéphirin Diabré l'a reconnu dans une interview à RFI (encore cette radio propagandiste). Dans le contexte où on se trouvait, seule l'armée, entité organisée était en mesure de rétablir l'ordre. D'ailleurs, ne sont-ce pas les mêmes membres de la société civile et des partis politiques de l'opposition qui sont allés la voir pour lui demander «de prendre ses responsabilités»? Pour ensuite sortir le lendemain dans les rues pour lui demander de quitter le pouvoir.
Ce que Auguste Dénise, le porte-parole des forces armées n'a pas apprécié en des termes bien diplomatiques, mais fermes: «si vous estimez que vous vous êtes trompés, revenez nous voir en empruntant la première voie qui vous avait conduit à nous, à savoir la concertation». Au lieu donc de cela, on se retrouve dans la rue et voilà le désordre, la pagaille à laquelle on a assisté. «Chacun voulait être président à partir de la rue», a dit un ami. Il a encore fallu cette armée, bien organisée pour rétablir la sérénité. L'armée mérite donc du respect. Et cela est d'autant plus vrai qu'elle a décidé, d'asseoir les bases de la transition constitutionnelle et de se retirer. Qu'elle aille donc jusqu'au bout en associant toutes les composantes de la nation.
Il est de notoriété que le Burkina Faso, tel que nous le voulons, ne peut se construire dans la malhonnêteté, le mensonge, le dénie de vérité. Mieux, ce n'est pas dans la rue que le progrès pourra se faire. Donnons-nous rendez-vous.
Dabaoué Audrianne KANI