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Visite de Michel Kafando en Côte D’Ivoire : l’abcès a-t-il été enfin crevé ?

| 05.08.2015
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Vendredi 31 juillet 2015 - Le président de la transition burkinabè, Michel Kafando est arrivé, vendredi, en fin de matinée à Abidjan pour un visite officielle de 48 heures destinée à "magnifier" avec son homologue ivoirien Alassane Ouattara, le caractère "séculaire" des liens entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© © DR / PRCI
Vendredi 31 juillet 2015 - Le président de la transition burkinabè, Michel Kafando est arrivé, vendredi, en fin de matinée à Abidjan pour un visite officielle de 48 heures destinée à "magnifier" avec son homologue ivoirien Alassane Ouattara, le caractère "séculaire" des liens entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Incontestablement, la récente visite du Président de la transition, Michel Kafando, à Abidjan du 31 juillet au 1er août dernier, a redonné du souffle aux relations entre la Côte D’Ivoire et le Burkina Faso. Même si la présence de l’ex-Président burkinabè sur les terres ivoiriennes n’était pas du goût des nouvelles autorités de Ouagadougou, Ivoiriens et Burkinabè ont pu sauver l’essentiel. Du reste, les liens séculaires qui existent entre ces deux pays, comme le dit le Président Kafando, dépassent les Hommes. « Ce sont des relations qui plongent au plus profond de l’histoire », disait-il.


Et cela parce que les deux pays sont liés par l’histoire, la géographie et même par les hommes. De sorte que toute situation heureuse ou malheureusement qui touche l’un des deux pays est immédiatement ressentie de l’autre côté de la frontière. C’est aussi pour cette raison que les deux pays ont convenu d’uniformiser leur lien à travers le Traité d’Amitié et de Coopération (TAC). Du point de vue démographique, c’est environ 4 millions de Burkinabè qui vivent dans les 4 recoins de la Côte D’Ivoire et interviennent dans tous les secteurs de l’économie. Du point de vue économique, la Côte D’Ivoire est le 3e pays d’importations vers le Burkina, tandis que le pays des Hommes intègres constitue le 10e partenaire commercial de celle-ci. Rien qu’en 2014, malgré la conjoncture économique qui a touché toute la sous-région ouest-africaine, les échanges commerciaux entre les deux pays se chiffraient à 290 milliards de FCFA. Quoi de plus normal que chacun s’intéresse alors à la vie politique de l’autre...

Seulement, la chute du Président Compaoré et sa fuite dans la capitale politique de la Côte D’Ivoire a jeté un froid dans les relations de ces deux pays frères. On se rappelle qu’à l’époque, le Président Kafando, alors qu’il venait d’être porté à la tête de la transition, n’avait pu garder sa langue dans sa poche en déclarant que la Côte D’Ivoire était là où on avait moins d’amis. ADO avait mal digéré cette déclaration de Kafando et il a fallu la rencontre des chefs d’Etats de la CEDEAO au Nigéria pour voir les deux hommes se donner une poignée de mains très symbolique.

Si cette rencontre a pu, un tant soit peu, décrisper les relations entre les deux chefs d’Etats, la méfiance, elle, était toujours de mise, les autorités de la transition craignant que leur déstabilisation ne vienne du coté de la lagune Ebrié où les dignitaires du régime déchu et leur mentor y tenaient des réunions sécrètes.

En l’espace d’un mois, l’axe Ouaga-Abidjan s’est réchauffé...

Du reste, lorsque l’ex-ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, Auguste Dénise Barry, s’est rendu à Abidjan pour expliquer à ses compatriotes pourquoi la diaspora n’allait pas pouvoir voter lors des scrutins d’octobre 2015, la rencontre a tourné au vinaigre. Bien entendu, c’était du fait de Burkinabè, mais que cela se passe en terre ivoirienne, ce ne pouvait que légitimer la méfiance que la transition avait vis-à-vis de ce pays.

Mais s’il faut revenir sur la visite du Président de la transition Burkinabè à Abidjan, il convient de s’interroger pourquoi le Président ivoirien tenait tant à ce que Michel Kafando s’y rende personnellement avant la fin de la transition. En début du mois de juillet, c’est le Premier ministre Isaac Zida qui y a effectué un voyage de deux jours. De retour d’Abidjan, Zida avait à peine fait le compte-rendu de sa visite au Président Kafando, lorsque le Président ivoirien a vite fait d’envoyer son ministre de la diplomatie, Charles Diby Koffi, à Kossyam. On apprenait alors que le Président du Faso est attendu courant juillet à Abidjan. En l’espace d’un mois, l’axe Ouaga-Abidjan s’est réchauffé extraordinairement. Qu’est-ce qui a bien été le déclic d’un tel rapprochement ? Il est évident que l’initiative est du Président ivoirien. A quel dessein ? A l’orée de l’élection Présidentielle en Côte D’Ivoire, ADO a besoin de rassurer ses compatriotes, ainsi que l’ensemble des partenaires, notamment la France, qu’il maitrise la géopolitique de la sous-région. Mieux, il est important pour lui de s’assurer du soutien de son voisin.

Max Junior

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