Victoire du MPP : les infatigables artisans d’un pari qui n’était pas gagné d’avance

| 04.12.2015
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Victoire du MPP : les infatigables artisans d’un pari qui n’était pas gagné d’avance
© DR / Autre Presse
Victoire du MPP : les infatigables artisans d’un pari qui n’était pas gagné d’avance
Ils ne sont pas les seuls combattants du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Puisque qu’il y a d’autres combattants dans l’ombre. Seulement, eux, ils ont ouvertement apporté leur touche à un combat politique qu’il fallait gagner, coûte que coûte. A défaut, disparaître complètement de la scène politique nationale. Qui sont-ils ?


Roch le "jouisseur” devenu un dur à cuire

A tout seigneur tout honneur. Roch Marc Christian Kaboré, que certains qualifiaient de peureux, a finalement pu vaincre la peur pour enfin tracer lui-même sa trajectoire. En décidant ce 4 janvier, désormais date historique pour le parti du soleil levant, de quitter le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qu’il a lui-même longtemps dirigé et de créer un parti pour le combattre, il mettait fin aux hésitations et décidait enfin de suivre son destin. Le mythe Blaise Compaoré venait de tomber. Roch sort de l’ombre, rassemble ses partisans dans tous les milieux et en guerrier, il fait du corps à corps. " Un seul individu ne peut continuellement diriger ce pays-là ". Il parlait de Blaise Compaoré. L’insurrection a fait le reste. Roch est aujourd’hui président du Faso.

Salif Diallo, le 1/4 de tour, le 1/8 et le KO

Salif Diallo est l’un de ceux qui ont réussi à convaincre Roch Marc Christian Kaboré qu’il fallait quitter le CDP. Au cas contraire c’en était fini pour eux, de la politique. Salif Diallo, comme Simon Compaoré ne pouvaient supporter l’humiliation qui leur avait été faite après le congrès du CDP qui les a tout simplement mis à la touche en faveur de nouveaux venus de la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré (Fedap-Bc). Il fallait porter la réplique. Salif Diallo digérait difficilement l’affront et surtout qu’il n’était plus dans les bonnes grâces de Blaise Compaoré, qui l’avait suffisamment éloigné de lui. Il est incontestablement le maître à penser du système. Du 4 janvier à ce 29 novembre. Du 1/4 de tour au 1/8, il est le symbole du " coup K,O ". Et il l’a réussi !

Le Larlé Naaba Victor Tiendrébéogo,

Il a été le premier chef coutumier à rejoindre les rangs du MPP. Membre du Haut conseil du parti, c’est à partir de chez lui que le vent a tourné lorsque Roch est allé saluer de nombreux chefs coutumiers qui était réunis à son palais. C’est aussi lui qui a mobilisé et qui mobilise la chefferie coutumière mossi, autour du parti et de son candidat pendant la campagne électorale. N’est-ce pas à son palais que les chefs coutumiers mossis se sont retrouvés pendant la campagne, pour réaffirmer leur appartenance et soutien à Roch Marc Christian Kaboré ? Très écouté et influent dans plusieurs milieux, il a, inlassablement, travaillé partout à travers le pays pour faire valoir les idéaux de son candidat. Le soir de la proclamation provisoire des résultats donnant son candidat gagnant, il était aux premières loges.

Simon Compaoré, "le mobilisateur de Ouagadougou"

Si Simon Compaoré n’était pas aux côtés de Roch et de Salif Diallo, il leur aurait été très difficile de réussir le coup K.O à cette présidentielle. Simon Compaoré, maire de la commune de Ouagadougou pendant 17 ans, connaît bien sa ville et ses habitants. Jusque dans les non-lotis. Quand il claque du doigt, la mobilisation est totale. Il était de ceux qui ont fait sortir les populations de Ouagadougou, pour réussir l’insurrection populaire. Il a encore été de ceux qui ont mobilisé dans les mêmes secteurs pour voter le candidat du MPP. Simon Compaoré, c’est aussi le milieu protestant où il est très écouté et pris très au sérieux. Même si, publication il n’en fait pas cas, son choix compte dans le milieu.

François Traoré, le "paysan du groupe"

Il est secrétaire adjoint chargé du monde rural. Très discret pendant la pré-campagne comme pendant la campagne, il a pourtant beaucoup travaillé pour le parti et son candidat. Tout en refusant de se présenter à un poste électif. Dès la création du parti, il a été de ceux qui ont compris que le moment est venu de réaliser le changement. Ce progressiste bon teint, paysan et défenseur de la cause des producteurs jusque dans la moelle des os, a fait plusieurs fois le tour du Faso des campagnes, pour porter le message du MPP et du changement auprès des paysans. Très écouté parce considéré comme un exemple dans le milieu, sa seule adhésion au MPP lui a valu des militants. Aujourd’hui, il se satisfait d’avoir été utile pour son pays.

Pegdwendé Clément Sawadogo, "le mal-causeur"

Secrétaire général du parti, il fait partie du premier cercle et a été le premier à prévenir tous ceux qui pensaient pouvoir affronter le MPP que " qui s’y frotte s’y pique ". Aujourd’hui, il a eu raison. Il a été de ceux qui ont qualifié de " presse poubelle ", tous les journaux qui osaient critiquer le MPP, ses dirigeants et leurs actions. Pegdwendé Clément Sawadogo, ancien ministre de Blaise Compaoré, était le directeur provincial de la campagne du parti dans le Kadiogo. Il était aux côtés du candidat élu lorsque celui-ci, qui venait d’être élu, devait faire sa première déclaration. C’est aussi lui qui apporte la réplique quand le parti est vilipendé dans les médias.

Sika Kaboré, "la nouvelle première dame”

Elle n’a pas été discrète pendant la bataille politique de son " époux ". Elle a certainement été le catalyseur qui a rassuré Roch qu’il était temps de sortir du bois et conquérir le palais de Kosyam. En effet, " derrière un grand homme se cache une grande dame ". Sika Kaboré, a su jouer ce rôle. Elle ne dit rien, mais elle agit par sa présence. Elle a pratiquement fait avec son mari, le tour des treize régions, à la conquête de l’électorat. Ce qui n’est pas négligeable dans un pays comme le Burkina Faso où les femmes représentent plus de la moitié de la population, où elles constituent également l’électorat le plus important. Lors de la première déclaration de Roch juste après la publication des résultats provisoires, elle était là. Quand il recevait Zéphirin Diabré, le perdant, elle était encore là.

Abdoulaye Mossé, "le Monsieur jeunesse du parti”

Il est l’un de ceux qui ont cru, dès la création du MPP, à son avenir politique. On pourrait même dire qu’il s’est engagé sans chercher à savoir ce que cela allait devenir. Ce n’est pas surprenant qu’il ait été bombardé au poste de secrétaire général du parti chargé de la jeunesse. Un poste qui lui va comme un gant. Aussi, Abdoulaye Mossé a-t-il joué son rôle jusqu’au bout. Autrement dit, le " Monsieur jeunesse " du MPP a bossé, partout à travers le Burkina Faso ; il a usé de tous les moyens, notamment les réseaux sociaux, pour faire passer les messages. Même quand c’était difficile. Tout comme Clément Pegdwendé, il a apporté la réplique, souvent " au-dessus de la ceinture " quand il le fallait. Dans le Kadiogo, chez ses " parents à plaisanteries ", il semble mieux connu que chez lui en pays Samo.

Zéphirin Diabré, le "malheureux”

A côté de ses combattants qui se sont publiquement affichés, il y en a qui ont aussi combattu pour le MPP, sans le savoir ou sans le vouloir. Sont de ceux-là, Zéphirin Diabré, le candidat malheureux à la présidentielle. Chef de file de l’opposition avant la démission des trois poids du MPP, il s’est laissé supplanter rapidement par ces derniers. Qui ont récupéré son combat. En outre, Zéphirin, comme s’il ne le voulait pas ou ne le savait pas, n’a pas implanté son parti partout sur l’étendue du territoire national. Tout en sachant qu’on ne gagne pas une présidentielle dans les villes dans des pays comme le nôtre. En outre, au cours de la dernière semaine de la campagne, il a donné l’impression d’être en manque d’idées et de stratégies. Tantôt il veut pactiser avec le CDP, tantôt il ne veut pas ; puis il revient. Il a emprunté au MPP le " coup KO " alors qu’il aurait pu travailler pour le second tour. Pour avoir voulu pêcher dans l’électorat des Sankaristes en disant que " nous allons terminer le travail commencé par Thomas Sankara ", il a dispersé son électorat composé d’intellectuels qui, finalement, ne se reconnaissaient plus en lui. Zéphirin Diabré, a également manqué d’un état-major aguerri, discipliné et de moyens financiers et logistiques pour convaincre. Ainsi, il a fait le lit pour le candidat du MPP.

Michel Kafando et la transition, malgré eux ?

En déclarant officiellement à Paris que Roch ne pouvait pas être sanctionné comme ceux qui se sont entêtés jusqu’à l’insurrection populaire, le président de la transition, Michel Kafando, montrait ainsi son soutien au candidat du MPP. C’est dans la logique de cette brèche qu’il a ouverte depuis Paris que toutes les décisions prises par l’exécutif de la transition en ce qui concerne les élections et leurs organisations ont été engagées. Michel avait encore déclaré que le Burkina Faso en tant que nation civilisée, allait respecter le verdict de la cour de justice de la CEDEAO. Ce verdict condamnait le gouvernement de la transition à lever tous les obstacles à une participation massive aux élections. Il ne fera rien dans ce sens. Le Conseil constitutionnel décide alors de respecter le code électoral. Ce qui a consisté à l’invalidation des candidatures des anciens soutiens à la révision de l’article à la présidentielle et aux législatives. Le chemin était ainsi, en partie, balisé pour une victoire certaine du MPP.

Séri Aymard BOGNINI

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