On le dit trop souvent, mais sans y croire réellement, le poisson pourrit par la tête ; la Transition nous en donne une parfaite illustration avec le gouvernement qui n'arrive pas à garder le pays la tête hors de l'eau avec une dégradation significative et brutale des indicateurs dans tous les secteurs.
Assurément, les populations restent favorables à l'ex-majorité ou, à tout le moins, refusent de suivre les maîtres du moment dans leur stratégie d'exclusion et de violence. Sinon pourquoi tant de propos haineux et de volonté de prendre des mesures à même de révolter jusqu'à la communauté internationale ? C'est le lieu de redire qu'il ne faut pas trop tenter le diable. Personne n'a le monopole de la violence et à trop nier aux gens leurs droits les plus élémentaires, on les conduit forcément vers la révolte. Si on n'y prend garde, on court donc tout droit vers une insurrection ; et cette fois, réellement populaire.
Rien que 100 jours diront certains, sans nul doute ceux pour lesquels la Transition n'en finit pas de finir tandis que pour d'autres ça sera « déjà 100 jours » ; ceux, pour lesquels le temps file trop vite. Toujours est-il que cela fait plus de 3 mois que le Burkina Faso est en transition, une transition qui commence à poser plus de questions, et partant d'inquiétudes, qu'elle n'apporte de réponses ; tout le contraire de ce qu'on attendait d'elle. Sans nul doute trop tôt pour faire un bilan, mais tout de même suffisamment de temps pour oser des projections sur un avenir qui de plus en plus se présente comme des plus incertains. Et pourtant que d'espoirs et de certitudes après le grand chambardement de la fin du mois d'octobre 2014 qui a vu le pays rompre avec 27 années de stabilité et de continuité dans l'action de l'Etat qui ont hissé le pays au rang de nation qui compte aussi bien dans la sous-région, qu'en Afrique et dans le monde. Mais aussi 27 années qui avaient amené certains à vouloir l'alternance par tous les moyens, celle-ci étant présentée comme la panacée pour tendre vers un meilleur pour tous. L'Ambassadeur des Etats-Unis dans notre pays, SEM Tulinabo MUSHINGI suppliait, on se rappelle, les Burkinabè d'oser le changement, comme si la vie d'une nation pouvait se jouer comme dans un casino de Las Vegas ! Qu'à cela ne tienne ; on a forcé le changement et les résultats sont là. Chose curieuse, les plus grands partisans du fait refusent de faire le bilan, ce qui est en soi une forme d'aveu d'échec tant pour ce qui est des résultats palpables que des projections dans l'avenir.
On le dit trop souvent, mais sans y croire réellement, le poisson pourrit par la tête ; la Transition nous en donne une parfaite illustration avec le gouvernement qui n'arrive pas à garder le pays la tête hors de l'eau avec une dégradation significative et brutale des indicateurs dans tous les secteurs. Non seulement il ne parvient pas à préserver les acquis du passé, mais on note une forte régression qui annonce des troubles sociaux graves malgré la volonté exprimée « d'accompagner la Transition».
On ne le sait que trop bien, le bien le plus précieux pour un pays, c'est la sécurité des citoyens fondée sur la paix sociale. Sécurité qui induit la quiétude et la liberté pour chacun d'aller et de venir et d'opiner avec en toile de fond un Etat qui garantit à tous l'égalité des droits et des devoirs. Incontestablement sur ce point, le Burkina Faso a rarement, de toute son histoire, été dans une situation aussi précaire. Comme si on s'acheminait vers une somalisation du pays où l'Etat n'a d'existence que de nom et où la loi du plus fort est règle d'or. Avec un Etat contesté de toutes parts par les citoyens qui ne s'embarrassent pas de forme pour exprimer leurs sentiments, jamais l'autorité de l'Etat n'a été autant mise à rude épreuve. Cela même au mépris des intérêts des mêmes citoyens pour lesquels la violence est devenue un moyen d'action comme tout autre. Pour avoir instrumentalisé la même violence pour faire chuter la IVe République, les tenants du pouvoir se trouvent dans l'impossibilité d'y mettre un holà en dépit des déclarations volontaristes du Président de la Transition et, avant lui, de son ministre en charge de ces questions qui avaient tous deux assuré qu'ils connaissaient les fauteurs de trouble et qu'ils seraient traqués. On n'a jamais rien vu venir. En vérité, tous deux n'y peuvent rien car tenter de réprimer ces violences qui se sont largement déportées en provinces avec le saccage des mines ici et là, c'est scier la branche sur laquelle ils sont assis. D'ailleurs ils continuent d'en user pour intimider leurs adversaires et tout porte à croire qu'ils continuent dans cette voie dans la perspective de se fabriquer des alibis pour prendre des décisions « légales » contre ceux-ci.
Naturellement, le sentiment d'insécurité grandit au niveau de l'ex-majorité qui se voit frappée d'exclusion sur fond de menaces publiques et d'atteinte à son existence pure et simple en tant que courant politique. Le tort de cette ex-majorité, loin des arguties politiques et de droit, c'est de refuser de s'effondrer malgré les coups de boutoir qui auraient dû entraîner sa mort. Mais en réalité, en analysant froidement la situation, la Transition ne devrait s'en prendre qu'à elle-même, car c'est elle qui n'a pas réussi à convaincre les populations de sa pertinence et de ses capacités à faire en sorte que « plus rien ne soit comme avant » par une amélioration de leur quotidien. Rien de tout cela ; tout au contraire. L'ex-majorité est encore trop groggy des violences d'octobre 2014 pour prétendre avoir réussi à redresser la tête. C'est maintenant seulement qu'elle le fait, timidement d'ailleurs (trop même) et naturellement les patrons de la Transition s'aperçoivent que, si rien n'est fait, elle jouera les premiers rôles en octobre prochain. Un véritable pied de nez qu'ils n'entendent pas accepter et qui explique toute l'hystérie développée autour d'elle avec en perspectives des mesures draconiennes pour l'exclure des consultations électorales à venir. La récente rencontre du CDP avec ses anciens maires, qui a fait le plein de la plus grande salle de conférence du stade du 4-Août, (plus de 200 présents 320) ne va pas faire baisser la tension. Plus de 200 anciens maires c'est plus ce que pourrait réunir tous les autres partis mis ensembles. C'est dire que l'hostilité contre l'ancien régime va monter d'un cran.
On l'a vu, il a fallu que Salia SANOU déclare, depuis Bobo, que son parti se bat pour que Blaise COMPAORE revienne au pays et que le CDP tienne une session fort réussie de son BPN pour que le tout Etat monte au créneau dans une hystérie collective qui cache mal l'aveu d'une peur panique des résultats des élections à venir.
Assurément, les populations restent favorables à l'ex-majorité ou, à tout le moins, refusent de suivre les maîtres du moment dans leur stratégie d'exclusion et de violence. Sinon pourquoi tant de propos haineux et de volonté de prendre des mesures à même de révolter jusqu'à la communauté internationale ? C'est le lieu de redire qu'il ne faut pas trop tenter le diable. Personne n'a le monopole de la violence et à trop nier aux gens leurs droits les plus élémentaires, on les conduit forcément vers la révolte. Si on n'y prend garde, on court donc tout droit vers une insurrection ; et cette fois, réellement populaire.
Cheick AHMED
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