A l'origine de cette nouvelle guéguerre RSP/Zida, une accusation de complot visant à attenter à la vie du Premier ministre dès son retour de Taïwan portée contre le RSP. Il s'en suivra les auditions durant près de quatre heures par la Gendarmerie de deux officiers de ce régiment que les occupants du Camp Naaba Koom ont vécu comme l'affront de trop. A partir de là, les esprits s'échauffent, et les choses se compliquent. Le départ de Zida et des trois militaires (Bâ, Barry et Kabré) qui siègent au gouvernement est déposé sur la table du président Kafando qui consulte à tout vent. La tenue de l'hebdomadaire Conseil des ministres est hypothétique. Les ministres apeurés sont rassurés par le président Kafando afin qu'ils effectuent le déplacement de la présidence.
Le Moogho Naaba Baongho et les chefs religieux sont associés mais le bout du tunnel ne se montre guère. Le vendredi 3 juillet dernier, une réunion restreinte des généraux de l'armée burkinabè désavoue le Premier ministre. L'homme est véritablement sur la sellette. Les OSC, appelés trivialement «enfants de Zida», placées en embuscade, entrent en scène. Des leaders d'OSC se disent prêts à aller jusqu'au sacrifice suprême dans leur «ferme volonté d'en finir» avec l'ex-garde prétorienne de Compaoré et de protéger leur «mentor et bienfaiteur».
De son côté, le président Kafando consulte et n'écarte pas l'éventualité d'un remaniement qui semble patiner à cause de la réticence des potentiels remplaçants de l'actuel Chef du gouvernement. Luc Marius Ibriga, Contrôleur général de l'ASCE, et Joséphine Ouédraogo, actuelle ministre de la Justice renâclent. Sept ministres menacent de claquer la porte si le président Kafando se sépare de Zida. Le cadre de concertations des partis politiques pris une fois de plus de court, vient à la rescousse du «soldat Zida», visiblement en difficultés. Aux yeux des politiques et comme le mentionnera le président du MPP, Roch Marc Christian Kaboré au soir de son investiture (dimanche 5 juillet 2015), «Les élections présidentielles et législatives doivent impérativement se tenir le 11 octobre 2015, quels que soient les agendas cachés et autres manœuvres inavouables». Comme en février, ils dénoncent une immixtion inacceptable du RSP dans le processus de la Transition devant doter le pays d'un pouvoir démocratique issu des urnes.
Mais le silence du gouvernement inquiète. Des ragots sur les arrestations des ministres proches de Zida sont colportés. Parmi ceux qui seraient en détention figure Auguste Denise Barry, homme lige et bras droit du Premier ministre. Pour les uns, le sort de Zida est scellé, et la Transition est définitivement prise au piège. Contre toute attente, Zida, que dame rumeur avait annoncé démissionnaire (dans la soirée du dimanche 5 juillet), réapparaît le lendemain lundi 6 juillet 2015 à la Base aérienne 511 avec tout son gouvernement pour rassurer le peuple burkinabè avant de s'envoler vers l'Eburnie pour une visite de travail. «J'ai suivi comme vous les déclarations erronées dans la presse hier. Je voulais saisir cette occasion pour vous dire qu'il n'en est rien. Au sein du gouvernement, il y a aucune crise. Le Premier ministre est toujours en place. Plaise à Dieu» a-t-il indiqué avant de s'indigner de l'attitude d'une certaine presse en ces termes: «Nous pensons qu'il faut que la presse soit désormais professionnelle. Qu'elle vienne à la source pour chercher les informations avant de les diffuser. Parce que, certains d'entre vous ont jeté le trouble au sein de la population».
En attendant le prochain développement de cette affaire qui est loin d'avoir connu son épilogue, Zida aura réussi à se maintenir en dépit de l'animosité dont il fait l'objet au sein de son régiment d'origine.
W. Davy