Transition politique : Tenir coûte que coûte le cap de novembre 2015

| 06.12.2014
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Transition politique : Tenir coûte que coûte le cap de novembre 2015
© DR / Autre Presse
Transition politique : Tenir coûte que coûte le cap de novembre 2015
Il y a des jours qui sont comme des lendemains de cuite : on se réveille avec une sensation de gueule de bois. Cette métaphore éthylique pour se demander si, après les «Quatre Glorieuses» de fin octobre 2014, les Burkinabè vont devoir affronter une périlleuse année 2015. Loin de nous l'idée de vouloir jouer aux Cassandres ou autres oiseaux de mauvais présage. Mais il va falloir se résoudre à regarder la réalité en face pour mieux l'affronter. C'est à ce prix que nous parviendrons à atténuer les effets du ralentissement de la croissance économique attendu au Burkina Faso.


En effet, lors d'une conférence presse donnée hier jeudi 4 décembre 2014, le ministre de l'Economie et des Finances, Jean-Gustave Sanon, assisté de son homologue chargée du Budget, Amina Bambara, n'est pas passé par quatre chemins pour indiquer que les perspectives de croissance, sans pour autant être catastrophiques, s'annoncent moins reluisantes que prévu.

Quand bien même il ignorerait le niveau de la contraction, le grand intendant de la Transition a été clair et direct : la croissance économique, initialement fixée à 6,8% en 2015, ne sera pas atteinte.

C'est que l'attentisme constaté chez les investisseurs étrangers tout au long de 2014, «année de toutes les incertitudes», sera de rigueur durant les douze prochains mois, durée maximum de la Transition.

Cette attitude prudentielle, principe sacro-saint des pourvoyeurs de capitaux, sera d'autant plus observée qu'il est prévu en 2015 deux scrutins majeurs : la présidentielle et les législatives en novembre 2015 ; deux rendez-vous politiques qui auront valeur de test de stabilité pour notre pays.

C'est pourquoi il est plus que jamais impérieux de travailler à garantir les conditions de scrutins apaisés, libres, équitables et transparents, à même de nous prémunir contre toute crise postélectorale, dont les conséquences socioéconomiques sont si évidentes qu'il n'est pas besoin de s'y attarder.

Alors, pour éviter d'en rajouter à une conjoncture déjà éprouvante pour la très grande majorité des Burkinabè, il nous faut faire de l'intérêt général la boussole de notre engagement dans la Transition en cours. Pour cela, chacune des composantes des «Forces vives» doit y jouer pleinement sa partition :

  • aux partis politiques de se lancer à la course au pouvoir et au perchoir, l'esprit olympique, le discours policé, l'intérêt supérieur de la nation chevillé au corps ;
  • aux organisations de la société civile de s'en tenir exclusivement à leur rôle de vigie et d'éviter toute forme de collusion avec les formations politiques quels que soient leur idéologie et leur projet de société ;
  • à l'armée, qui a su faire preuve d'esprit républicain face à l'insurrection populaire et est partie prenante à la Transition, de savoir retourner à la caserne une fois le processus de normalisation arrivé à échéance ;
  • à l'ensemble des Burkinabè de se résoudre à des cures d'austérité qui viendraient, au besoin, à être prescrites par les autorités et à créer les conditions de sérénité dont les organes transitoires auront besoin dans l'accomplissement de leurs missions.

C'est à ces conditions que nous réussirons le pari du retour à une vie constitutionnelle normale, gage de stabilité et surtout de reconquête de la confiance des investisseurs étrangers.

Ne ratons pas le coche sous peine de voir succéder à nos «Quatre Glorieuses» des lendemains qui déchantent.

Alain Saint Robespierre

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