A quelque deux mois de la fin de la Transition politique au Burkina, l’heure est au bilan. Après donc Bobo-Dioulasso, ce fut le tour de la cité du Paysan noir d’accueillir le porte-parole du gouvernement. Au menu des échanges, le point sur le parcours des quelque dix mois de la Transition politique au Burkina. Pour planter le décor de cette sortie, le ministre Nikiéma a indiqué qu’en plus de faire le bilan des acquis de la Transition, il était opportun de donner aux citoyens l’information nécessaire afin qu’ils comprennent mieux les enjeux de la Transition. L’occasion était également belle, a-t-il dit, d’éveiller et former la conscience civique des citoyens sur les principes démocratiques afin de promouvoir une culture démocratique, axée sur la tolérance, la paix, le pardon et la réconciliation. Pour ce faire, trois communications ont été développées devant les forces vives des Cascades. La première, présentée par le ministre en charge de la Communication a porté sur «Les objectifs et les acquis de la Transition». La seconde présentation du docteur Julien Nakelsé s’est axée sur «Le respect des valeurs démocratiques gage de paix et de cohésion sociale» et enfin, le dernier exposé fait par de Thomas Ouédraogo du Centre pour la gouvernance démocratique a eu pour thème, «Le sens du vote et la participation citoyenne aux élections». D’entrée de jeu, le ministre Nikiéma a relevé que malgré quelques difficultés rencontrées, la Transition poursuit son chemin vers l’objectif qui lui avait été assigné, notamment l’organisation des élections en octobre 2015. Et de noter avec regret que «Certains comportements ou actions ont ralenti la marche de la Transition», avant de souligner que cependant, cela est normal «puisqu’aucune transition n’est facile». Il a cité au passage la République Centrafricaine, la Tunisie et le Mali. «Malgré tout, nous avons amorcé depuis un certain temps la dernière ligne droite qui doit nous conduire au dernier acte de notre processus de transition. Il s’agit des élections présidentielles et législatives que nous souhaitons libres, transparentes, équitables et apaisées», a-t-il renchéri. Pour ce qui est du volet économique, le ministre Frédéric Nikiéma a évoqué le contexte mondial difficile en 2014, avec ses répercussions sous régionales et nationales en 2015. La politique économique mise en place par le régime d’alors était basée selon lui, sur l’accaparement des richesses par une minorité. «Cette politique a montré ses limites », a-t-il déclaré. « En plus de la crise de confiance de la population envers les scrutins électoraux, l’appareil judiciaire, les Forces de défense et de sécurité et le parlement, sont apparus au Faso, la détérioration des conditions de vie des travailleurs et la vie chère, le chômage et la pauvreté», a reconnu le ministre.
La Transition n’avait pas vocation à tout faire
Il a pointé du doigt le bafouement du jeu démocratique. Malgré ces graves insuffisances a-t-il reconnu, il a salué l’adoption et la ratification de certains textes sur les droits de l’homme, la séparation des pouvoirs sur papiers mais non appliqués. Ensuite, le ministre s’est étalé sur le processus d’élaboration et d’adoption de la Charte de la transition et la mise en place des organes et institutions qui l’accompagnent.
A cela il a ajouté, les actions de renforcement de la sécurité des services et des biens qu’il a qualifié de positifs. Le gouvernement a également engagé la réforme de la justice avec un ensemble d’actions dont la réouverture des dossiers Thomas Sankara et Norbert Zongo et mené les investigations sur les crimes économiques entre autres. Il a aussi noté la consolidation des acquis sociaux avec une priorité pour les secteurs sociaux, les jeunes, l’amélioration de l’offre éducative et sanitaire, la poursuite des grands chantiers. Le dernier point de son intervention a porté sur les élections couplées du 11 octobre. Il a cité la révision du fichier électoral, l’adoption d’un nouveau code électoral, la suppression des gadgets et la réglementation de la période de campagne électorale. En termes de difficultés rencontrées, le ministre a évoqué entre autres, le problème de mobilisation de fonds pour financer le Programme d’urgence de la Transition, les grèves et manifestations, la problématique du RSP toujours en réflexion, le débat sur l’article 135 du code électoral. Une bonne dynamique, reconnaîtra-t-il, est en marche, avant de rassurer que «La Transition n’avait pas vocation à tout faire, et les sillons tracés par elle ne vont pas s’arrêter le 11 octobre». A la suite du ministre, le Dr Julien Nakelsé s’est appesanti sur le respect des valeurs morales et démocratiques en déperdition.
De son avis, ces valeurs qui ont jusque-là incarné le Burkinabè, à savoir l’intégrité, la probité, le respect du bien public, l’inclusion, le respect de la parole donnée ont entre autres, disparu. Toute chose qui, a-t-il indiqué, est une menace pour la paix et la cohésion sociale. Pour sa part et après une analyse post- insurrectionnelle, Thomas Ouédraogo a passé en revue les conditions d’une élection libre, transparente et équitable, avant d’aborder la refondation de la gouvernance électorale. Il reconnaîtra que les scrutins antérieurs au soulèvement populaire des 30 et 31 octobre 2014 ont brillé par leur manque de transparence. Si bien que certains électeurs, croyant connaître l’issue du vote à l’avance, ne trouvent plus d’intérêt à exercer leur droit de vote. Selon lui, les conditions actuelles d’organisation des scrutins à venir sont une occasion pour les populations de choisir leurs dirigeants.
Après ces différentes interventions, des préoccupations ont été soulevées par une dizaine de personnes. Elles ont porté entre autres, sur les travaux du stade régional de football, le démantèlement de la RTB2 Cascades, le financement des candidatures indépendantes, la crise de mévente à la SN SOSUCO, la candidature des hommes de tenue.
Frédéric OUEDRAOGO