Transition politique au Burkina Faso : Sous de bons auspices

| 04.08.2015
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Transition politique au Burkina Faso : Sous de bons auspices
© DR / Autre Presse
Transition politique au Burkina Faso : Sous de bons auspices
Visiblement le mois d’août ne sera pas déterminant que pour les braves paysans! Il le sera aussi pour bien des personnes. Le paysan est soumis aux caprices de la nature. Pour le citoyen lambda, l’acteur politique, en passant par les différents observateurs de la scène politique burkinabè post-insurrection, c’est aussi une période de fortes ébullitions.

La Transition s’achemine inexorablement vers sa fin. Et quand on jette un regard dans le rétroviseur, il y a des motifs de satisfaction à certains points de vue. Il y a eu la convocation du corps électoral, le dépôt des listes de candidatures à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a eu lieu et le reste du processus suivra avec la vérification et la validation des listes. Mais c’est à ce niveau qu’il y aura certainement des craintes. Jusque-là le cours de la Transition était presqu’un long fleuve tranquille. Il peut, de fait, y avoir des invalidations de listes et c’est presque certain qu’il y aura des contestations. La version actuelle du Code électoral croisée avec la constitution des listes de certains partis de l’ex-majorité augure d’une suite plus ou moins tumultueuse. Dans cet élan, gageons que les protagonistes s’en remettent aux juridictions compétentes pour trancher. On aura beau jeter l’opprobre sur le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le traiter de tous les noms d’oiseau, l’accuser de tous les péchés d’Israël, ce parti a montré la voie. L’on peut arguer ainsi parce qu’il n’avait plus de force, mais il pouvait réagir autrement, mais il a choisi de passer par la justice pour se plaindre. Vivement que les partis dont les listes viendraient à être recalées s’inscrivent dans cette logique. La voie des textes peut résoudre les problèmes auxquels les différents protagonistes seront confrontés. C’est dire donc que les gens doivent s’en remettre aux textes, pour la question des listes et pour tout le reste du processus, jusqu’après le 11 octobre et l’après-élections, dirons-nous. Dans le cas contraire, l’on sait ce qui peut advenir lorsqu’il y a des contestations et que les gens veulent se faire justice. Pas besoin de se rappeler aux souvenirs de l’exemple malheureux de la Côte d’Ivoire, pour n’évoquer que ce cas, pour s’en rendre compte.

Mais en attendant, la Transition roule. Comme sur des roulettes, des réglages ont été faits et il semble que tout se passe bien. La décision politique existe visiblement. Le président de la Transition est dans cette logique et il l’a réaffirmé au bord de la lagune Ebrié récemment. Que les uns et les autres pensent à la paix et à la stabilité. Et comme les bruits de bottes se sont tus, c’est un facteur important pour la suite de la Transition, sinon pour la paix et la stabilité au-delà de la Transition. Au titre des réglages, l’ancien ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, Auguste Denise Barry, était indexé. On lui collait, à tort ou à raison des desseins non conformes à l’esprit voulu par les autorités de la Transition. Comme il a été débarqué, de ce côté aussi les choses sont sur la bonne voie. Il n’était peut-être pas un problème en réalité, mais dans la mesure où il était taxé de maillon faible, dans le sens de certaines pratiques dont on l’accusait.

Somme toute, il faut dire que les autorités affichent une volonté de réussir cette ultime étape de la transition. Aussi, c’est le lieu de faire un clin d’œil à tous les observateurs, et tous les partenaires techniques et financiers qui ont les yeux rivés sur le Faso.

Les signaux sont là, mais ils sont au vert. Et s’ils restent en l’état, le Burkina Faso aura donné une belle leçon si fait qu’il ne plaira même pas à N’kurunziza de se retrouver président du Faso. Mais après, comment faire pour que ces signaux restent au vert? La volonté et la responsabilité de tous sont engagées. Pour notre part, nous reprendrons Gandhi pour dire aux uns que «la victoire obtenue avec violence est une défaite, car elle est momentanée». Aux autres, nous dirons avec Chris Evert que «le véritable talent, c’est de réagir de la même façon devant la victoire que la défaite». Mais si ça continue comme ça se passe, le Burkina Faso sortira, qui sait, de l’ornière...

Boureima DEMBELE

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