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Monsieur le ministre, c’est maintenant que vous l’avez su et compris ?

| 07.04.2015
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Monsieur le ministre, c’est maintenant que vous l’avez su et compris ?
© DR / Autre Presse
Monsieur le ministre, c’est maintenant que vous l’avez su et compris ?
«...L'analyse de nombreux éléments d'informations à notre disposition laisse percevoir que certains hommes politiques entretiennent des accointances avec certaines organisations de la société civile et certaines organisations syndicales, tendant à saper les efforts et les sacrifices consentis par le peuple burkinabè et tendant à déstabiliser la Transition politique ». Quand on lit les termes de ce communiqué du ministère de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, on a tout de suite envie de lui poser les deux premières questions suivantes : c'est maintenant que le savez ? C'est maintenant que vous l'avez compris ? Si les réponses à ces questions sont affirmatives, il y a lieu de s'inquiéter. Car, depuis le début de la transition, on a dénoncé les accointances entre les organisations de la société civile et les partis politiques.


La preuve, Monsieur le ministre, est que des personnes siègent au Conseil national de la transition (CNT) au titre des organisations de la société civile mais, en réalité sont des éléments infiltrés par des partis politiques. La preuve, Monsieur le ministre, c'est qu'effectivement ce sont les organisations de la société civile proches des partis politiques qui animent le jeu politique en leur faveur tandis que les partis concernés font autre chose. D'ailleurs, quand on remonte à l'insurrection populaire elle-même, elle est le fruit des accointances, des compromissions entre partis politiques et organisations de la société civile. La preuve est encore là qu'à la composition des organes de la transition, ces organisations de la société civile ont eu droit à leur part de postes ; aux côtés des partis politiques. Monsieur le ministre, quand ça coince, la transition elle-même fait recours aux organisations de la société civile. Il n'y a donc rien d'étonnant.

«Il nous revient de façon récurrente que des sommes d'argent sont distribuées pour inciter les populations à participer aux manifestations et aux mouvements sociaux, comme cela avait cours sous l'ancien régime ; des sms contenant des menaces directes à la sécurité de certaines personnalités de la transition ont été enregistrés ; des réunions secrètes au cours desquelles des troubles à l'ordre public sont en préparation, se tiennent quasiment au quotidien ; des menaces d'incendie et de saccage du Conseil national de la transition en vue d'empêcher le vote de la loi sur le Code électoral sont enregistrés et de nombreux membres de cette institution ont déjà été ouvertement menacés ».

Monsieur le ministre, comme si l'histoire voulait se répéter, on peut dire que nous sommes à la veille du 30 octobre 2014 ; date à laquelle les députés devraient voter le projet de loi portant modification de l'article 37. Il ne s'agit ni plus ni moins que de cela. Puisque, comme on le reprochait à ceux qui voulaient le modifier, on veut changer les règles du jeu pendant le match et tailler les lois à la taille de certains Burkinabè tout en excluant d'autres. Acceptez que ceux qui sont concernés par cette exclusion ne soient pas contents et qu'ils le manifestent.

Le 28 octobre 2014, des groupes bien organisés ont fait le tour des domiciles de personnes, de députés. Des menaces ont été ouvertement proférées à des personnes. Sur le net et sur les réseaux sociaux, il suffisait de ne pas avoir le même point de vue et vous êtes à abattre. C'est dommage qu'aujourd'hui, nous soyons revenus à ce point de départ. Mais, en partie, c'est de votre responsabilité, car c'est le mode de gouvernance qui a été mis en place depuis la transition. Regardez à côté de vous et vous comprendrez.

Dabaoué Audrianne KANI

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