S’il fallait en deux seuls mots en dresser le bilan, ils s’énonceraient ainsi : mission accomplie.
En effet, l’objectif cardinal assigné par la charte éponyme et adoubé par la communauté internationale était clair : l’organisation à bonne date d’élections présidentielle et législatives devant sceller le retour à une vie constitutionnelle normale.
Et malgré tous les impédimentas et autres écueils qui ont jalonné son parcours et dont la plus grave fut sans conteste le sanglant coup d’Etat manqué des 16 et 17 septembre 2015, la Transition a tenu parole. Non seulement les deux scrutins ont eu lieu, dans des conditions de transparence et de régularité jamais égalées dans nos annales électorales, mais elles ont aussi été marquées par des gestes forts dont on retiendra longtemps le souvenir.
Ce fut la toute première fois, en effet, qu’un challenger malheureux reconnaissait aussitôt sa défaite, félicitant dans la foulée le nouvel élu et poussant le fair-play jusqu’à aller le lui dire de vive voix, dans des effusions dont les caméras ont fixé l’image pour la postérité.
Par ailleurs, malgré le « win vouka » ou, si l’on préfère, le coup K.-O. dont beaucoup de candidats seront sortis sonnés, aucun n’a remis en cause ce verdict des urnes par quelque recours que ce soit, devant le Conseil constitutionnel, juge du contentieux électoral.
Ainsi, ce mardi, sous la coupole du palais des Sports, va se produire une grande première dans l’histoire institutionnelle de ce pays. La première passation de pouvoir dans les pures traditions républicaines entre deux civils et suite à des élections, comme la femme de César, au- dessus de tout soupçon.
Et la Transition, il faut le dire, n’a pas réussi que cela. Ultra petita, comme diraient les juristes, elle a fait bien plus que ce qu’attendaient d’elle le Peuple souverain du Burkina et la communauté internationale. Ce disant, pensons au colossal travail législatif abattu par le Conseil national de transition (CNT) tenant lieu de Parlement. Environ 80 lois votées, dont certes beaucoup restent perfectibles, mais qui, dans leur ensemble, balisent le terrain pour les nouvelles autorités.
Ainsi, on retiendra le déblocage des dossiers pendants comme l’affaire Thomas Sankara et le crime de Sapouy ; l’article 37, oui, cet article de tous les dangers a été sanctuarisé au rang des dogmes intangibles de notre loi fondamentale.
Et comment pourrions-nous oublier qu’une loi particulière a été votée, prohibant toute peine privative de liberté dans l’exercice du métier de journaliste au Burkina Faso ?
On retiendra enfin et toujours au titre du bilan de cette Transition, la somme monumentale de propositions élaborées par la Commission de réconciliation nationale et des réformes, dont l’application ouvrira à notre pays les voies du renouveau.
Mission accomplie donc, répétons-le, même si des critiques s’élèvent ici et là, pour fustiger, sans que cela soit toujours étayé par des preuves irréfutables, tel ou tel acte de gestion comme des passations de marchés ou des nominations dont le bien-fondé ne serait pas toujours évident.
On ne saurait donc donner béatement quitus à la Transition pour sa gouvernance sans le moindre bénéfice d’inventaire. Mais quoi qu’il en soit et quoi que l’on puisse en dire, son bilan restera globalement positif.
Marie Ouédraogo
Maurice Yaméogo (5 août 1960 - 3 janvier 1966) et Michel Kafando (21 novembre 2014 - 29 décembre 2015)