Il est évident que le vote du code électoral qui frappe d'inéligibilité certaines personnalités du régime déchu a été au menu des échanges. Un passage dans l'intervention de Michel Kafando trahit l'esprit de la réponse qu'il a apportée à la question: «Une insurrection faite par les jeunes et les femmes et nous sommes bien obligés d'en tenir compte». Michel Kafando ne serait donc pas parti à Paris pour prendre des ordres comme certains le pensaient.
En effet, avant le déplacement du président burkinabè à Paris, de nombreux citoyens estimaient qu'il a été invité pour s'entendre dire que toutes les candidatures dont celles des derniers ministres de Compaoré au nombre desquels Djibrill Bassolé devraient être permises.
Mais il faut se méfier du langage diplomatique. Cela ne signifie pas que François Hollande ne fait pas allusion à cette inclusion que réclament le CDP et ses partisans lorsqu'il déclare que le «soutien de la France dans le processus qui est conduit, jusqu'aux élections qui doivent être transparentes et incontestables».
Ce que l'on retient, c'est que la France, ex-pays colonisateur, semble satisfaite du déroulement de la Transition. La page Compaoré est belle et bien tournée.
Le 1er juin, jour de l'audience du président burkinabè à l'Elysée, le quotidien d'Etat Sidwaya a publié une interview de Gilles Thibault, l'ambassadeur de la France au Burkina Faso, qui a déclaré que le départ de Blaise Compaoré n'a pas eu d'impact négatif dans les relations franco-burkinabè. L'ambassadeur a indiqué que la France avait dit à Compaoré «très clairement tout au long de l'année 2014 et même bien avant, qu'il n'était pas opportun politiquement de toucher à l'article 37». La France ne voulait donc plus de Blaise Compaoré au Burkina Faso après 2015.
Gilles Thibault fait référence à la lettre que le président français, François Hollande, avait écrite à Compaoré, le 7 octobre 2014, pour lui demander de quitter le pouvoir au terme de son mandat en novembre 2015.
«Le Burkina Faso pourrait être un exemple pour la région si, dans les mois qui viennent, il avançait lui aussi dans cette direction en évitant les risques d'un changement non consensuel de Constitution» avait écrit François Hollande, qui avait offert une perte de sortie à Compaoré. «Vous pourriez alors compter sur la France pour vous soutenir, si vous souhaitez mettre votre expérience et vos talents à la disposition de la communauté internationale».
Hélas!
Adoua Kassiro