Pour le président du RPN, le destin du Burkina Faso s'est joué les 30 et 31 octobre 2014 avec l'insurrection populaire qui a contraint le président Blaise Compaoré à la démission. Depuis sa création, le Rassemblement politique nouveau s'est opposé à tous les gouvernements de la 4e République par des critiques objectives toujours suivies de propositions concrètes, mais de façon légale et pacifique, a précisé le leader du parti, Harouna Dicko.
Pour un changement pacifique inédit au Faso, le RPN avait préconisé une pétition d'initiative législative qui, malheureusement, n'a reçu l'adhésion que d'une infime fraction du peuple, une grande fraction ayant privilégié le soulèvement populaire qui a abouti, selon Harouna Dicko, à une révolution de palais, en accord avec les principaux instigateurs de ce soulèvement. Mais face à l'intransigeance de la communauté internationale, l'armée a passé la charge de la présidence du Faso à un civil qu'elle s'est choisi, selon toujours le président du parti.
Pour la mise en place des organes de la Transition, le RPN, selon son président, a fait des propositions dès le 3 novembre 2014 sans succès, parce que les acteurs du soulèvement étaient plus préoccupés par le partage du gâteau et se livraient à un spectacle digne de hyènes se disputant une charogne.
Le plus grave pour le RPN est que du point de vue du droit et de la démocratie, la charte de la Transition recèle de nombreuses incohérences tant dans la procédure d'adoption que dans la forme et le fond. Il précise que le RPN a quand même signalé cinq de ces incohérences au Conseil constitutionnel depuis le 17 novembre 2014 (lire encadré 1).
Par ailleurs, le parti déplore des velléités à gérer les affaires de l'Etat par le droit du plus fort tout comme les gouvernements de la 4e et à ce titre, la suspension du CDP et de l'ADF-RDA est assez éloquente. Quant à la FEDAP-BC, sa suspension est plus que méritée, sa dissolution serait même justifiée. Par ailleurs, pour que le président du Faso puisse donner le gage de sa réelle volonté de transparence dans la gestion des affaires de l'Etat, le RPN tient à sa disposition une première liste d'une cinquantaine de personnalités de la 4e République parmi lesquelles on compte de nouveaux riches. Celles d'entre ces personnalités qui désirent encore gérer les affaires de l'Etat doivent d'abord rendre compte au peuple de leur ancienne gestion.
Jean Stéphane Ouédraogo
Encadré 1
Les cinq incohérences de la charte signalées au Conseil constitutionnel.
1. La nécessité de la transition politique
2. Le nombre des composantes des organes de la Transition. 3. La promulgation et l'entrée en vigueur de la charte.
4. La Prééminence de la charte sur la Constitution.
5. La différence entre le nombre de représentants des partis politiques.
Encadré 2
Trois propositions pour que plus rien ne soit comme avant au président Michel Kafando
Enjoindre à tous les militaires membres du CNT de prendre leur disponibilité pour se conformer aux articles 3, 4 et 6 de la loi n° 037-2008/AN portant statut général des personnels des Forces armées nationales. Nous lui demandons de ne pas les démettre, mais de faire respecter la loi, tel est son serment. Pour cela, un décret présidentiel suffit.Démanteler sans délai le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) en sa qualité de chef suprême des armées ; ce, conformément à l'article 1er du statut des Forces armées. La protection des institutions de la République est la mission de la Gendarmerie et de la Police nationales ; pour ça, un décret présidentiel suffit.Ordonner, par le fait du prince, l'audit des déclarations de biens de toutes les personnalités de la 4eRépublique qui y étaient soumises conformément aux articles 44 et 77 de la Constitution et à l'article 1erde la loi n° 014-2002/AN du 23 mai 2002. Pour ça encore, un décret présidentiel suffit.