C'est l'ancien footballeur français Luis FERNANDEZ qui l'a dit : « En compétition, il y a toujours un premier et un dernier, mais l'important est de ne pas être le second de soi-même. » L'attelage KAFANDO-ZIDA, sur lequel beaucoup fondaient de l'espoir en ce que la sagesse et la fougue de la jeunesse combinées pouvaient conduire la Transition à bon port, a vite fait déchanter les Burkinabè et on ne doute plus de son incapacité à conduire le pays vers des lendemains apaisés et prometteurs. Balloté de part et d'autres par des acteurs dans l'antichambre d'un pouvoir sérieusement convoité, cet attelage n'est plus qu'un faire-valoir qui porte la lourde responsabilité du dévoiement du consensus politique obtenu sous l'accompagnement de la Communauté internationale après les évènements des 30 et 31 octobre 2014. Ces acteurs de partis politiques bien connus et d'OSC fortement politisées pour lesquels le Président KAFANDO et le Premier ministre ZIDA gouvernent par procuration, pour faire prospérer leurs vues et réaliser leurs ambitions, ne reculent devant rien. Il leur faut créer toutes les conditions pour empêcher le retour sur le devant de la scène politique des partis de l'ancienne majorité au pouvoir qui sont loin d'être « enterrés » et dont ils ont toutes les raisons d'avoir peur sur le terrain de l'action politique. D'où ces velléités de réduction des espaces de liberté du Peuple burkinabè dans la perspective des élections qui doivent ramener le pays dans une vie constitutionnelle normale. C'est dans cette perspective que s'inscrit la relecture du Code électoral aux fins d'y inscrire la clause d'exclusion de ceux qui ont soutenu la modification de l'article 37 de la Constitution. Un acte pourtant légal du point de vue de notre Loi fondamentale du 1er Juin 1991 mais que les chantres du changement pour le changement et autres chasseurs impénitents du pouvoir ont refusé d'accepter pour finalement se coaliser et user de la violence pour parvenir à leurs fins : faire tomber le pouvoir démocratiquement élu de Blaise COMMPAORE ;
Et voilà que pour donner un coup de pouce à leur agenda, Cherif SY et son CNT ont choisi de faire reculer la démocratie de plusieurs années en devenant une simple caisse de résonnance chargée d'avaliser des lois concoctées par les officines qui n'ont rien de secret afin de leur donner cette légitimité dont elles ont besoin. D'ailleurs Salif DIALO, le vrai patron du MPP, n'a-t-il pas dit que jamais le Burkina Faso n'a eu Assemblée aussi légitime que le CNT ? Alors qu'il légifère au bonheur de la majorité autoproclamée ; c'est même pourquoi les Burkinabè qui ont tenté de s'opposer par des voies légales au vote de la scélérate loi ont subi la loi des matraques et des gaz lacrymogènes des forces de l'ordre au point qu'une brave femme y a laissé la vie. Pendant que les OSC, « CDR » de la Transition, ont fait usage de leur exercice favori (meeting à la Place de la Nation) pour soutenir cette forfaiture le 25 avril. Evidemment, avec un sponsoring, à la hauteur de l'évènement, des maîtres de la Transition. Mais on l'aura vu, les populations éprises de paix ont snobé le jamborée car ainsi que le dit l'ancien Président américain Abraham LINCOLD : « On peut tromper le peuple une partie du temps, on ne peut pas tromper le peuple tout le temps.» Qui à cela ne tienne, les autorités de la Transition découvrent chaque jour, par soufflement des marionnettistes derrière le rideau, ce qu'ils doivent faire pour dit-on le bonheur du Peuple Burkinabè. Et c'est ainsi que vient de germer l'idée de réécrire la Constitution. Une tâche qui ne faisait nullement partie des missions assignées à ces autorités. Mais voilà, le Premier ministre, Yacouba Isaac ZIDA, sous la science de ses idéologues, veut amener le Burkina à la Ve République. Les constitutionnalistes qui ont, en partie, mis le pays dans cette situation désastreuse sont encore au four. Pour eux, la présente Loi fondamentale, socle de la IVe République, serait taillée sur mesure pour servir le Président Blaise COMPAORE. Il faut donc la réécrire.
Ce projet de réécriture de la Constitution est un faux problème qui s'inscrit dans ces turpitudes des maîtres de la Transition pour fausser la volonté du peuple et imposer un recul démocratique de plusieurs années au Burkina. Comble de l'inconséquence, ces autorités envisageraient, si la Constitution est réécrite, de coupler le scrutin référendaire pour son adoption aux élections présidentielle et législatives du 11 octobre. Se pose alors cette question : laquelle des deux constitutions sera appliquée pendant ces élections quand on veut associer le vote référendaire devant appeler le Peuple à dire si oui ou non s'il accepte cette nouvelle Constitution à des élections où il choisit déjà ses représentants ?
Il y a de grands risques que les autorités de la Transition pour plaire à leurs mandants sèment de mauvaises graines qui feront dans un avenir proche le malheur des Burkinabè. Quelle urgence y a-t-il à écrire une Constitution sous un régime de Transition à qui il ne reste plus que six (06) mois de gouvernance ? Il est impensable de croire qu'une commission constitutionnelle sérieuse s'engage à écrire une Loi fondamentale répondant aux aspirations des populations en si peu de temps. L'observateur avisé voit dans cette manifestation d'intention de réécriture de la Constitution, un autre pavé jeté dans la cour de la Transition par ses propres animateurs pour lui compliquer la tâche et alors exiger des Burkinabè, pour leur bien, qu'ils permettent une prolongation de l'exercice du pouvoir par cette instance batarde, honni qui mal y pense, afin qu'elle exécute une mission qui ne finit pas d'être définie.
Hamed NAZE