Toutefois, on est tenté de croire que si les bonzes de l'ex-majorité présidentielle ont pu s'afficher publiquement et se fendre régulièrement de communiqués jugés provocateurs par bien des Burkinabè, c'est qu'ils ont reçu une certaine assurance. De la part de qui ? On ne saurait le dire. Toujours est-il qu'il y a quelque chose d'indécent dans l'attitude de ceshas been. Comment au moment où les cadavres sont encore frais et les décombres toujours fumants, des bourreaux peuvent-ils pousser l'outrecuidance au point de vouloir partager la même table que leurs victimes ? Cela est inadmissible et inconcevable quand on sait que cette tragi-comédie se joue quelques heures seulement après la chute d'un régime qui était loin d'imaginer qu'il allait s'effondrer un jour comme un château de cartes. Il y a donc lieu que l'ex-majorité fasse profil bas, pour ne pas raviver les tensions et s'attirer davantage la furie d'un peuple qui n'entend plus se laisser conter fleurette.
Il ne faut pas donner la communion à des gens qui n'ont pas encore fait leur confession
Certes, en demandant pardon au peuple burkinabè pour les erreurs commises, l'ex-majorité reconnaît sa responsabilité (est-elle sincère ?) dans ce qui est arrivé au Burkina, mais elle doit comprendre qu'on ne peut pas se relever d'un rejet populaire comme si l'on se relevait d'une maladie où généralement on bénéficie de plus d'empathie.
D'ailleurs, pour quelle raison le CDP et compagnie tiennent-ils à participer à un gouvernement de transition après la sévère sanction populaire infligée à leur champion ? Au nom de quoi, le CDP qui a été vomi par le peuple va-t-il se permettre de proposer des noms pour le choix d'un président de transition ? Si ce n'est une tentative de récupération de la révolution, ça y ressemble fort ; d'où la nécessité pour l'opposition politique et la société civile de se montrer très vigilantes. Car, on le sait, quand l'on ne parvient pas à entrer dans une maison par la porte, on tente par tous les moyens d' y pénétrer, même par la fenêtre. Cela dit, il ne faut pas, dans le contexte actuel du Burkina, se permettre de donner la communion à des gens qui n'ont pas encore fait leur confession. Demander pardon est un acte de contrition qui se distingue de la confession qui est un acte de foi où le pécheur reconnaît lui-même avoir fait ceci ou cela. On attend donc de l'ex-majorité qu'elle reconnaisse avoir brûlé le Burkina et tué des dizaines de Burkinabè.
Boundi OUOBA