Transition au Burkina : Des OSC pour la « démilitarisation » de la politique

| 14.03.2015
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Le Président du Faso, Président de la Transition a reçu en audience le 10 mars 2015 en fin d’après-midi, un groupe de représentants des Organisations de la société civile (OSC) burkinabè. Au nombre de cinq, ces représentants des animateurs de la société civile au plan national ont échangé avec le Président Michel KAFANDO, sur des questions liées à la bonne marche de la Transition, notamment les questions de la démilitarisation de la vie politique, de crimes économiques et de sang qui restent impunis, la question de l’hommage et de la justice pour les martyrs, les questions de sécurité pour certains leaders politiques et de la société civile et aussi la clarification du statut de l’ancien Président qui vit en Côte d’Ivoire.
© © Photo : Présidence
Le Président du Faso, Président de la Transition a reçu en audience le 10 mars 2015 en fin d’après-midi, un groupe de représentants des Organisations de la société civile (OSC) burkinabè. Au nombre de cinq, ces représentants des animateurs de la société civile au plan national ont échangé avec le Président Michel KAFANDO, sur des questions liées à la bonne marche de la Transition, notamment les questions de la démilitarisation de la vie politique, de crimes économiques et de sang qui restent impunis, la question de l’hommage et de la justice pour les martyrs, les questions de sécurité pour certains leaders politiques et de la société civile et aussi la clarification du statut de l’ancien Président qui vit en Côte d’Ivoire.
Le 10 mars 2015, le chef de l'Etat, Michel Kafando, recevait en audience le comité exécutif de la coordination des Organisations de la société civile (OSC), un regroupement d'une quarantaine d'OSC. Au total, six points ont été abordés au cours des échanges avec le président burkinabè. Deux jours après ces échanges, soit le 12 mars, le même comité était face à la presse pour mieux situer l'opinion sur les préoccupations qui ont été soumises au président du Faso.


La démilitarisation de la politique, la fin de l'impunité pour les crimes politiques, économiques et de sang, la justice pour les martyrs de l'insurrection des 30 et 31 octobre 2014 et l'organisation d'une cérémonie en leur hommage le plus rapidement possible, la protection des militants et leaders de la société civile victimes de graves menaces et la clarification du statut du président déchu, Blaise Compaoré. Ce sont là les six principaux vœux que la coordination des OSC voudrait voir se réaliser, lesquels ont d'ailleurs été soumis au chef de l'Etat, le 10 mars dernier. Le 12 mars, le comité exécutif des OSC membres de la coordination était face à la presse pour réaffirmer sa ferme volonté quant à la satisfaction des différents points. Concernant la démilitarisation de la politique, les conférenciers ont demandé la fin de la politisation de l'armée par le retrait définitif des militaires de la scène politique, en vue de la reconstruction d'une armée républicaine. « Il est vrai que les militaires burkinabè sont habitués à la politique parce que ce sont eux qui gèrent le pays depuis 48 ans, mais nous disons que c'est assez. Ils doivent s'occuper tout simplement de la sécurité intérieure et extérieure du pays et laisser le jeu politique aux civils », a relevé Me Guy Hervé Kam, un des animateurs de la conférence, pour qui, les militaires, en voulant être candidats, ne respectent pas les textes. « A ce que je sache, le général Djibrill Bassolé et autres n'ont pas pris congé de l'armée. Il est totalement interdit pour eux de s'intéresser à des activités politiques et disons que les textes en l'état actuel sont insuffisants », a-t-il ajouté. Tout en exigeant la dissolution pure et simple du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), les conférenciers ont demandé « la clarification du statut du général Gilbert Diendéré dont l'activisme et l'interventionnisme dans les questions militaires et politiques ne sont justifiés par aucune fonction connue ». Idem pour l'ex-président Blaise Compaoré, à qui la société civile reproche de tirer des ficelles en étant hors du pays. « Vous êtes témoins de ce que les anciens caciques vont chez lui, sans doute pas pour savoir comment il va puisqu'ils n'ont pas besoin d'y aller pour cela. Nous pensons qu'ils y vont pour discuter de stratégies et d'ailleurs, l'actuel coordonnateur du CDP l'a dit. Comme nous l'avons dit, dans les principes des relations internationales, Blaise Compaoré ne doit pas rester en Côte d'Ivoire et tirer les ficelles. Tout porte à croire, par les informations qui nous parviennent y compris de son propre camp, qu'il gère toujours la situation... Nous disons que s'il veut le faire, qu'il vienne au pays, mais il ne peut pas rester dans un pays ami pour tirer les ficelles. Nous sommes d'autant plus méfiants que le président Alassane Ouattara fait partie des rares chefs d'Etat de la zone africaine à avoir félicité le peuple burkinabè pour ce qui s'est passé. Cela ne donne pas des gages de tranquillité », a laissé entendre Guy Hervé Kam.

Organiser le plus rapidement possible la cérémonie d'hommage aux martyrs

Et d'ajouter : « Nous avons dit au président, par ailleurs chef de la diplomatie burkinabè, d'interpeller les autorités ivoiriennes sur la nécessité pour elles de veiller à ce que Blaise Compaoré ne continue pas à influencer le jeu politique burkinabè à partir de leur pays ». A propos des crimes politiques, les conférenciers ont relevé que les principaux responsables du CDP et du Front républicain, notamment les membres du dernier gouvernement et de l'Assemblée nationale, pour avoir attenté à la Constitution en voulant réviser la clause limitative du nombre de mandat présidentiel, doivent répondre de leurs actes devant la justice, avant de pouvoir prendre part à des compétitions électorales. Outre cela, ils ont exigé que « Paramanga Ernest Yonli, pour avoir soutenu la modification de l'article 37, soit relevé de ses fonctions de président du Conseil économique et social (CES), conformément aux dispositions de la Charte de la transition ». Quant aux dossiers de crimes économiques et de sang, le comité a demandé un traitement diligent des dossiers pendants (opérations casiers vides) de crimes de sang et de crimes économiques ainsi que tous les autres dossiers non encore transmis en justice (opérations mains propres), afin de rendre justice au peuple et consacrer enfin le début de la fin du règne de l'impunité. L'organisation, le plus rapidement possible de la cérémonie d'hommage aux martyrs, la justice pour ces derniers et la prise en charge des ayants-droits des victimes sont des points qui tiennent à cœur aux OSC membres de la coordination. Aussi, ont-elles exigé de l'Etat, la prise de mesures hardies pour la sécurité des militants et leaders de la société civile et des partis politiques qui font l'objet de menaces graves.

Colette DRABO

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