En face de ceux-ci, se dressent des partis membres de l'opposition regroupés autour de Zéphirin Diabré, leur chef dans un premier temps. Dans un second temps, il y a toutes ces organisations de la société civile qui militent contre un quelconque référendum. Tous ces gens et ces organisations attendent également que Blaise Compaoré dise quelque chose. Mais, pour eux, ce n'est pas une question de OUI ou de NON au référendum. Ils sont contre le référendum lui-même. Car, même s'ils reconnaissent que c'est un outil d'expression démocratique pour le peuple, ils estiment qu'il n'est pas opportun dans le contexte actuel du Burkina Faso. Il n'est donc pas question d'en parler. Mais au cas où il sera organisé, quelle sera leur position? Sans doute qu'ils demanderont de voter NON, si toutefois, entre temps rien n'est venu perturber sa tenue effective.
Voilà donc deux positions tranchées qui divisent le peuple en deux. Le comble, est que certains desprotagonistes, au lieu de travailler à rassembler les Burkinabé sur l'essentiel, travaillent à les diviser davantage. Comme si nos intérêts se trouvaient véritablement dans ce qu'ils font, pendant que les autres nous convainquent de dire trois fois NON (Non au sénat, non au référendum, non à la révision de l'article 37), les autres nous disent de dire trois fois OUI (Oui au référendum, oui au sénat, oui à la révision de l'article 37). C'est dans cette pagaille politicienne que les uns et les autres demandent à Blaise Compaoré de trancher. Lui aussi, n'a en principe, que deux solutions et une alternative. Les deux solutions, c'est OUI ou NON. Malheureusement, comme le dit l'artiste Daouda Koné, s'il dit NON, son camp va se fâcher,s'il dit OUI, il aura l'opposition sur son dos. L'alternative, c'est de renvoyer les deux dos-à-dos en privilégiant le dialogue au bout duquel, un compromis politique historique devra être trouvé. A ce niveau, si les positions de départ étaient tranchées, des voix s'élèvent pour dire que «nous sommes prêts pour un dialogue républicain et que nous ferons rien pour mettre le feu au pays».
Si tel est un cas, il faut avouer que les uns et les autres ont mis de l'eau dans leur vin. Et cela est d'autant plus vrai que ce sont les caïmans d'un même marigot qui se connaissent bien, qui ont fait et refait beaucoup de choses ensemble. Se connaissant donc, ils doivent pouvoir se «gérer» comme disent les jeunes et épargner le pays d'une quelconque crise. A défaut, on a envie de dire, s'il y aura référendum, que Blaise Compaoré nous dise OUI; s'il y en n'aura pas qu'il nous dise NON. Dans tous les cas, l'issue sera toujours la même. Franchement, on veut s'occuper d'autres choses, plus importantes pour notre bien-être.
Dabaoué Audrianne KANI