En effet, la sortie du conseiller spécial du Premier ministre, même si l'intéressé dit qu'il agit en tant que président de la Société burkinabè de droit constitutionnel, pose plusieurs problèmes. Comment le conseiller spécial du Premier ministre, de surcroît professeur agrégé en droit constitutionnel n'est-il pas informé de nominations au Conseil constitutionnel ? Est-ce à dire que c'est aussi le cas en ce qui concerne son patron de Premier ministre ? Souhaitons que ce ne soit pas le cas, car au cas contraire, c'est qu'il y a dysfonctionnement grave à la tête de l'Etat. Autrement dit, cela signifie que le président Michel Kafando et son Premier ministre Isaac Zida ne se concertent pas sur les questions nationales. Ce serait donc très grave. A moins que la sortie du professeur Abdoulaye Soma ne soit une autre manière de mettre du sable dans le couscous du président de la transition. Si c'est aussi le cas, c'est que c'est encore plus grave. Car, en cas de mésentente au sommet de la transition, il sera difficile pour celle-ci d'aller jusqu'à son terme.
Ces nominations contestées posent la problématique et tout ce qui justifie les autres nominations tous azimuts qui ont lieu en ce moment. Y a-t-il de la rigueur dedans comme le prône la feuille de route de la transition ? Tenez-vous bien, un enseignant d'université a été nommé le 11 mars en Conseil des ministres, Maître de recherche à l'Institut national de l'environnement et des recherches agricoles (INERA) alors que celui-ci est décédé il y a plus d'un mois.
En outre, Michel Kafando a usurpé sur les prérogatives du président du Conseil national de transition. Là encore se pose la question de la concertation au plus haut niveau de l'Etat. Est-ce à dire qu'on navigue à vue ? On n'ose pas le croire. Car, la transition doit poser les vraies bases d'une société burkinabè mieux organisée, plus juste, plus tolérante et réconciliée avec elle-même. Si par malheur la transition n'était pas à la hauteur de ces défis, ce sera foutu pour tous.
L'amalgame entre le président de la SBDC et le Conseiller spécial du Premier ministre vient rappeler la nécessité qu'il y avait pour certaines organisations de la société civile et certaines personnalités de ne pas intégrer les organes de la transition. Quels qu'ils soient. La preuve est faite qu'on ne peut à la fois courir et se gratter le derrière. Ce qui veut dire que le professeur Abdoulaye Soma est dans ce cas précis mal placé pour critiquer les actes d'une transition dont il est l'un des maîtres à penser. Le mieux pour lui serait de rendre le tablier s'il veut bien jouer son rôle. A défaut, qu'il se taise comme l'ont fait depuis un certain temps certaines personnes de la société civile qui se retrouve à diriger la transition.
Dabaoué Audrianne KANI