Suspension des émissions interactives : Chériff Sy dénonce une sanction aveugle

| 12.05.2015
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Suspension des émissions interactives : Chériff Sy dénonce une sanction aveugle
© DR / Autre Presse
Suspension des émissions interactives : Chériff Sy dénonce une sanction aveugle
Cinq jours après la suspension, par le Conseil supérieur de la communication (CSC), des émissions interactives sur les chaînes de radio et de télévision sur toute l'étendue du territoire, le président du Conseil national de la transition, Chérrif Sy, livre son point de vue. Pour le chef de la représentation nationale, cette mesure de suspension peut se justifier par le fait que de nombreux manquements sont enregistrés au quotidien dans la conduite desdites émissions, mais la sanction, elle, ne devrait pas frapper à l'aveuglette, l'ensemble des radios.

Pour cette interview qu'a accordée Chérrif Sy, c'est la salle d'audience du Conseil national de la transition (CNT) qui a servi de cadre. De prime abord, le chef du parlement transitoire juge nécessaire de chercher à comprendre sur quelles bases cette décision a été prise. Conscient qu'il est impossible pour le CSC, de suivre toutes les stations de radio, compte tenu de la modicité de ses moyens, il explique que dans la forme, la mesure de suspension de l'instance de régulation peut être vue comme un cri du cœur pour «interpeller les promoteurs des médias, les animateurs des émissions interactives, mais aussi, le public à faire preuve de plus de professionnalisme, de maîtrise et de mesure».

Dans son argumentaire, Chérrif Sy, qui dit être convaincu de la bonne foi du CSC, émet cependant, des réserves sur la légalité de sa décision de suspension. S'exprimant de manière triviale, il avoue que «ce n'est pas parce que quelqu'un n'a pas respecté les feux tricolores que l'on doit fermer la route à la circulation». De l'avis du président Sy, il s'agit là, d'une décision légitime dont on aurait fait l'économie, en ciblant les médias qui enfreignent aux principes de l'éthique et de la déontologie. Sur l'opportunité de cette suspension, l'ancien président de la Société des éditeurs de la presse privée (SEP) répond, sans ambages : «Il est nécessaire que cette décision soit revue, car tout ce qui paraît comme une entrave à la liberté d'expression est contreproductive pour la transition et surtout n'a aucun fondement juridique et légal». Aussi, il estime que cette décision qui dessert le gouvernement de la transition ne prospérerait pas, si toutefois elle faisait l'objet d'une saisine des juridictions par les promoteurs des médias.

Pour l'avenir, et à la faveur de cette décision, Chérrif Sy pense qu'au-delà de la polémique, c'est l'occasion pour les acteurs du secteur des médias de se concerter pour que des solutions soient trouvées au plus vite, afin que le droit à l'expression soit rendu aux citoyens, pour une vitalité démocratique. Enfin, l'homme qui occupe le perchoir du parlement transitoire, estime que cette mesure de suspension est mal vécue, parce que les médias burkinabè, en dépit des «insuffisances notées»,ne doivent en aucun cas être assimilés à la radio Mille collines. Tout en se disant optimiste quant à une levée rapide de la mesure, le chef du parlement trouve «regrettable que les médias qui ont largement contribué à l'insurrection, soient payés en monnaie de singe».

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