Société civile au Burkina: l’autre boulet au pied de la Transition

| 16.07.2015
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Société civile au Burkina: l’autre boulet au pied de la Transition
© DR / Autre Presse
Société civile au Burkina: l’autre boulet au pied de la Transition
Des chiffres pour commencer. Entre janvier et novembre 2014, le ministère de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité (MATDS) a reçu 1500 dossiers de demande de récépissés d'Organisations de la société civile (OSC). De novembre 2014 (soit au début de la Transition) à mai 2015, ce sont au total 2800 dossiers reçus. Ces chiffres ont été communiqués par le ministre Auguste Denise Barry lors d'un point de presse du gouvernement le 27 mai 2015.


Ensuite unrappel. Selon la loi 10 qui régit ces organisations, elles doivent être entre autres, apolitiques et à but non lucratif. Qu'est-ce qui explique alors le boom de ce genre d'organisations dans une période comme la Transition? Pas besoin de chercher midi à 14h! C'est le «new deal» du Faso. Comme au temps où les télécentres poussaient comme des champignons au Burkina, les OSC aujourd'hui constituent le filon juteux. Il n'y a qu'à regarder ce que sont devenus ces leaders de mouvements qui étaient actifs dans la lutte contre la modification de l'article 37. Après avoir pris la «Bastille», ils se sont installés au CNT et ont voulu empocher sans vergogne des émoluments faramineux comme s'ils avaient été élus. C'est «le nouveau contre-pouvoir». Ses responsables clament à qui veut l'entendre qu'ils ont offert leurs poitrines pour faire tomber le régime de Blaise Compaoré. Soit!

Le problème, c'est qu'ils ont oublié leur rôle d'organisations de la société civile. Et à bien des égards, ce doit être juteux ce boulot-là! Il se dit que le rythme de vie des responsables de ces organisations qui ont pignon sur rue (notamment celles qui défendent la Transition) a radicalement changé. Etre bras dessus bras -dessous avec le Premier ministre Yacouba Isaac Zida y serait pour quelque chose? Il y a aussi ces organisations dont les positions, ces derniers temps, ressemblent fort bien à du terrorisme. Comment comprendre que sur la question du RSP, l'on dise publiquement dans une déclaration que l'on refusera toute décision du Président du Faso qui serait contraire à leur fatwa, c'est-à-dire la dissolution non négociable de ce corps d'élite? Dites-nous, bonnes gens, avec de telles positions figées, peut-on arriver à concilier les points de vue quand des citoyens veulent dénier au Président du Faso ses prérogatives contenues dans le titre III de la Constitution? La société civile, de fait, a perdu toute crédibilité, parce qu'elle est arrimée aux partis politiques depuis la lutte contre la modification de l'article 37 et surtout prônent des positions maximalistes qui contribuent à jeter l'huile sur le feu. Au lieu d'être le contre-pouvoir qui donne l'alerte pour recadrer les actions des gouvernants, c'est elle-même qui veut tenir le gouvernailpour que« le sacrifice des martyrs ne soit pas vain». Peut-être que, comme les cabines téléphoniques, toute chose a une fin. La Transition s'achève, Dieu voulant, dans trois petits mois, et après avoir vendu leur âme au diable, certains leaders n'auront que leurs yeux pour pleurer de la trahison des hommes politiques qu'ils auraient dû surveiller et non en être des lèche-bottes.

Par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

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