Certains n’ont pas hésité à qualifier cette entreprise du Général Diendéré de coup d’Etat stupide, eu égard au contexte dans lequel se trouvait le pays. A quelques trois semaines des élections présidentielles et législatives du 11 octobre 2015 qui devaient mettre fin à la période de transition politique née de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Ce qui a provoqué la colère et la réprobation de la grande majorité des Burkinabè et des partis politiques. A l’exception notoire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti de l’ex-majorité au pouvoir sous le règne de Blaise Compaoré et de ses alliés. Si le parti n’a pas officiellement ni ouvertement soutenu la tentative de putsch, il s’est refusé à le condamner. Certains de ses cadres ont publiquement déclaré ne pas le condamner et même le comprendre. Déclarations qui n’ont suscité aucune réaction du CDP, du moins jusqu’à l’annonce de l’échec du coup d’Etat par le désormais chef de putschistes lui-même, le Général Gilbert Diendéré. Ce n’est après ce constat d’échec que d’autres leaders du CDP ont déclaré que les propos de leurs camarades n’engageaient pas le parti, même si le plus véhément d’entre eux, Léonce Koné, est vice-président du CDP.
Cette attitude des responsables du CDP a contribué à faire dire que ce parti était derrière cette tentative de putsch. Ce d’autant que certaines de leurs déclarations d’avant putsch peuvent laisser penser qu’ils étaient au courant de l’opération. Toutes choses qui contribuent à jeter l’anathème sur ce parti. Surtout que dès le début de son coup, le Général Diendéré avait avancé parmi les raisons qui l’ont poussé à l’action, le rejet des candidatures de certains leaders du CDP des élections législatives et présidentielles du 11 octobre 2015. Et de s’engager à organiser d’autres élections inclusives où tout le monde pouvait être candidat. Ainsi donc, à la faveur de ce putsch avorté, Gilbert Diendéré a discrédité davantage le CDP. Plus personne, ici ou ailleurs, ne lèvera encore le ton pour demander de réintégrer dans la course à la Présidence du Faso, les candidatures retoquées par le Conseil constitutionnel. Il y a fort à parier que les candidats du CDP aux législatives mèneront une campagne électorale à minima.
L’autre leçon de ce qu’il y a lieu d’appeler le " putsch stupide ", est le démantèlement du RSP. Ce que Diendéré et ses hommes ont réussi en un quart de tour (une dizaine de jours), était un véritable casse-tête pour la classe politique dans son ensemble. Car elle était prise entre l’enclume et le marteau. En effet, la population burkinabè, à travers les Organisations de la société civile (OSC) et syndicales, réclamait la dissolution de ce corps. Ce dont le RSP ne voulait pas entendre parler. Finalement, Diendéré a mis tout le monde au pas. Le RSP a été officiellement dissout en Conseil des ministres du vendredi 25 septembre, sa reddition obtenue le mardi 29, et son démantèlement est en cours.
Enfin, il faut espérer que la réaction des Burkinabè depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 à la reddition du RSP marque un tournant décisif dans l’histoire politique burkinabè. Et que plus jamais, aucun politique ni militaire ne s’engagera sur la voie de la levée de la limitation du nombre de mandat présidentiel, ni dans celle d’un coup d’Etat. A quelque chose, malheur est bon !
Aly KONATE
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