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Situation politique nationale : Après le putsch, le temps des comptes

| 29.09.2015
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Situation politique nationale : Après le putsch, le temps des comptes
© AFP
Situation politique nationale : Après le putsch, le temps des comptes
A la suite de l’échec du coup d’Etat du jeudi 17 septembre dernier, le gouvernement de Transition n’a pas tardé à se pencher sur le sort des putschistes et leurs présumés complices. Dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), gel des avoirs du chef putschiste, le général de brigade, Gilbert Diendéré et de certains leaders de l’ex-majorité, création d’une commission d’enquête, tout est mis en place pour faire payer aux « ennemis du peuple » leur forfait.


Passées les frayeurs du coup d’Etat manqué du jeudi 17 septembre dernier, la majorité des Burkinabè s’attendaient à ce que le gouvernement de Transition, rétabli par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), demande des comptes aux putschistes et à leurs présumés complices. Cet appel du peuple a été vite entendu par le président Michel Kafando qui, lors du premier Conseil des ministres post-coup d’Etat, le vendredi 25 septembre 2015, a pris les décisions qui s’imposent. A commencer par la dissolution de l’unité putschiste de l’armée, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), pilotée de main de stratège par le général de brigade Gilbert Diendéré. Une décision qui satisfait largement la société civile et une partie de la classe politique qui n’en demandaient pas mieux. Le décret portant dissolution du RSP, signé par le chef de l’Etat, s’est accompagné de ceux mettant fin aux fonctions du chef d’état-major particulier de la présidence, le colonel-major Boureima Kéré, autre tête pensante du RSP et du ministre délégué chargé de la Sécurité, Sidi Paré. Ce dernier aura servi la cause des putschistes. Il a été également décidé à ce Conseil des ministres, la création d’une commission d’enquête sur le coup d’Etat. Structure, qui aura la lourde responsabilité de situer les responsabilités du coup de force en 30 jours. En l’occurrence, identifier les auteurs, complices militaires et civils impliqués dans le coup de force avorté, grâce à la pression du peuple burkinabè et de la communauté internationale. « Cette commission travaillera de façon très professionnelle sur le dossier et elle situera les responsabilités. Elle dira qui a fait quoi et précisera le degré d’implication de chacun. La justice décidera(...) », a précisé le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida. Le coup d’Etat aura fait 11 morts et 271 blessés, selon des chiffres officiels, sans oublier les nombreux dégâts matériels occasionnés par le saccage de plusieurs biens par des éléments du RSP. La séquestration du président, du Premier ministre, des ministres en charge de la Fonction publique, Augustin Loada et de l’Habitat, René Bagoro est aussi bien un fait déplorable que susceptible de poursuites judiciaires. Et le gouvernement de Transition entend identifier au plus vite les responsables de tous ces malheurs qui se sont abattus sur le Burkina Faso, à un moment où le pays s’apprêtait à aller aux élections.

Gel des avoirs ....

Pendant que le Conseil des ministres se tenait, le procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou, Laurent Poda, signait une ordonnance pour le gel des avoirs au Burkina Faso de certains putschistes et de leurs présumés complices. Côté putschistes, sont concernés, le chef général de brigade Gilbert Diendéré, le médecin-colonel Mamadou Bamba, le « monsieur communiqué » du Conseil national pour la démocratie (CND), et le désormais ex-ministre délégué à la Sécurité, Sidi Paré. Dans le camp de l’ex-majorité, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et de ses alliés, considérés comme complices du coup d’Etat au regard des propos tenus par certains leaders, dix personnalités sont concernées. Il s’agit du président du CDP, Eddie Komboïgo, qui aurait quitté le Burkina pour les Etats-Unis selon certaines sources ; de son vice-président, Léonce Koné ; de l’épouse du chef des putschistes, Fatou Diendéré ; d’ Alpha Yago, d’ Alain Zoubga, de Salifou Sawadogo, d’Adama Kiéma, de la journaliste Benjamine Douamba, de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé et de Me Herman Yaméogo. Et l’ordonnance du gel des avoirs du procureur général ne se limite pas aux individus, elle s’étend aux partis politiques en lien avec l’ex-majorité. Cela s’entend, le CDP, la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), l’Union pour un Burkina nouveau (UBN) de l’ancien ministre des Sports, le colonel Yacouba Ouédraogo et l’Organisation pour la démocratie et le travail (ODT). Cette mesure judiciaire, de sources concordantes, n’aurait pas été du goût du chef putschiste qui dit pourtant avoir regretté son acte et ne pas avoir peur d’affronter les juges. Conséquence de ce saut d’humeur : l’opération de désarment du RSP, entamée le vendredi 25 septembre connaît des difficultés et a été suspendue depuis le 27 septembre, foi du chef d’état-major général des armées, le général de brigade Pingrenoma Zagré. Toujours est-il que la dynamique de réédition des comptes par les putschistes et leurs présumés complices est enclenchée. Reste à savoir sur quoi va déboucher la procédure.

Kader Patrick KARANTAO

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