Par ces décisions fortes qu'il a prises après être entré en possession du rapport du Cadre de concertation de sages, Michel Kafando entend siffler la fin de la récréation et montrer surtout qu'il reste le seul capitaine dans le bateau Burkina Faso. Le navire qui traversait tant bien que mal les eaux agitées de la transition avait commencé sérieusement à tanguer, du fait de cette crise au sein de l'armée nationale, notamment du Régiment de la sécurité présidentielle (RSP).
Cette guerre fratricide qui oppose le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, numéro 2 du RSP, à ses frères d'arme qui exigent sa démission de la primature, a commencé, comme un cancer, à se métastaser, mettant ainsi en péril l'avenir politique du Burkina. Pire, les populations sont gagnées par une inquiétude légitime, constamment habitées par la psychose des armes qui pourraient crépiter à tout moment.
Et dans cette république où la rumeur est devenue reine, il fallait bien que le président de la transition que tous appelaient à prendre enfin ses responsabilités, a tranché, prenant le temps d'écoute nécessaire et appelant aussi des «sages» à la rescousse. Si ce discours de fermeté prononcé par Michel Kafando redore son blason, et montre surtout qu'il garde la main, sera-t-il en mesure de mettre fin définitivement fin à la crise dans laquelle les acteurs avaient adopté des positions tranchées? Il faut l'espérer, non seulement pour l'issue heureuse de la transition à bonne date, mais surtout pour la quiétude des populations.
Toutefois, le président du Faso aurait dû saisir l'opportunité pour mettre en garde tous ces supporters d'un camp ou de l'autre, notamment des organisations de la société civile et des mercenaires des réseaux sociaux qui, pour des intérêts inavoués, jettent de l'huile sur le feu. Des sanctions à la hauteur de leur forfaiture, car ayons le courage de le dire, ce sont eux, les véritables artisans de cette querelle qui, sans griots pour louer les actes de leurs combattants respectifs, aurait été plus facile à faire taire.
Morin Yamongbè