Ils étaient au total sept organisations de la société civile (OSC) à animer la conférence de presse, que sont le Front patriotique citoyen (FPC), dirigé par le Dr. Mady Derra , le Mouvement soyons sérieux (MSS) de Fréderic Zoungrana, le Collectif contre l'exclusion (CCE) de Aziz Ouattara, le Mouvement sauvons ma patrie (MSAP) de Abdoul Karim Lofo, le Mouvement citoyen des électeurs bâtisseurs (MOCEB), de Kafando Issa, et, le bloc du Mouvement associatif pour des élections inclusives (MAEI), de Kader Ilboudo.
Selon les conférenciers du jour, la coalition anti exclusion, formée de ces 7 mouvements associatifs, devrait tenir une Assemblée générale le dimanche 31 mai 2015 à Bobo-Dioulasso. Une délégation de ladite coalition, à savoir Pascal Zaïda, Abdoul Karim Lofo, Kafando Issa, et, Kader Ilboudo, s'est rendue dans la ville de Sya pour la circonstance. Dans la même soirée de leur arrivée, aux environs de 20 heures, alors qu'il revenait d'une course, Pascal Zaïda, juste après avoir garé une moto qu'il avait empruntée, se voit accoster par un sexagénaire, qui lui demande son identité. Il la décline. L'homme lui demande par la suite de l'accompagner au commissariat central de police, pour interrogatoire. Il obtempère, et arrivé aux lieux, ce sont des questions du genre « Que venez-vous faire à Bobo », « Qui est le mécène qui finance vos activités », qui lui sont posées, entre autres interrogations.
Après réponses, des exigences lui sont imposées, à savoir l'annulation de l'assemblée générale et le retour immédiat des autres membres de la coalition à Ouagadougou.
Pour ne pas faire obstruction à la loi, Zaïda dit à ses camarades de lutte de retourner à Ouaga. Il est donc resté seul à Bobo pendant trois jours, du samedi 30 mai au lundi 1er juin, à être sous interrogatoire.
« J'ai été auditionné le samedi nuit. Le dimanche, c'était dans la matinée et dans la soirée, et, le lundi, ce fut le matin, avant d'être libéré dans la soirée », déclare l'intéressé. « Les faits qui m'étaient reprochés étaient les troubles à l'ordre public et l'incitation à la violence », déclare-t-il. Toute chose qu'il n'aurait même pas entamé, et que, rien que dès sa présence, l'on le soupçonne de choses de ce genre.
Une justice de « deux poids, deux mesures » ?
Les conférenciers pensent que dans cette arrestation, il y a une justice de « deux poids, deux mesures ». Car ils ne comprennent pas pourquoi on leur ôte la liberté d'expression et de manifestation, pendant que d'autres OSC semblent avoir le monopole de l'expression, sans pour autant être inquiétées. En outre, et fait le plus flagrant, une Assemblée générale se fait dans un endroit clos, et cela ne saurait gêner l'ordre public. Car ce n'est pas comme une marche de revendication ou toute autre activité du genre qui se tient dans la rue. D'où une certaine exclusion à leur égard, pendant que tout le monde doit être traité sur le même pied d'égalité, étant donné que « Nous sommes dans un Etat de droit », déplorent les conférenciers.
En attendant, le sit-in programmé sur le siège de la Société nationale burkinabé d'électricité (SONABEL) a été suspendu, vu les mesures nouvelles et promesses que les dirigeants de la société ont entreprises. Mais la coalition tient à préciser que si les mesures annoncées ne sont pas satisfaisantes, ce sit-in se fera. Outre cela, le réajustement du calendrier de la coalition fait part d'une assemblée générale qui se tiendra à Koudougou, dans la province du Boulkiemdé, dans les prochain jours, ainsi que du sit-in devant le Conseil national de transition (CNT), qui a trait à l'adoption du nouveau code électoral qu'elle taxe de « Code Chérif », du nom du président dudit conseil, Chérif Sy.
Claire Lebœuf