Situation nationale : Alfred Kaboré propose une transition

| 12.09.2013
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Alfred Kaboré (à gauche) et Fidèle Hien de l’UDPS
© DR / Autre Presse
Alfred Kaboré (à gauche) et Fidèle Hien de l’UDPS
L'article ne manquera pas de susciter des réactions. Mais son auteur, Alfred Kaboré, qui n'est plus à présenter, veut participer aux débats sur le Sénat, à sa manière et à visage découvert : «Je signe mes écrits» martèle‑t‑il.

 

Jugeons avec objectivité pour aller vers la vérité et la paix sociale.

Un jugement sans objectivité conduit à l'intolérance et à la violence meurtrière.

Le Burkina Faso, Etat non policier, connaît la liberté de parole, d'aller et de venir. On peut insulter un dirigeant et dormir tranquillement chez soi.

On peut confondre un fléau mondial et une loi et punir sans discernement et en criant.

Vie chère = SENAT = Blaise COMPAORE seul. Tout le monde, même les ténors, est anesthésié par la rue qui gronde au Burkina Faso comme ailleurs.

Ecoles, CSPS, industries, universités, routes, barrages, diplomatie admirable, exercices démocratiques, réguliers, création d'emplois pour jeunes, pour femmes... tout est oublié dans la rue. Il y a danger au Burkina Faso pour «les petits» et les innocents.

Est-on, vit-on, mange-t-on, s'éduque-t-on mieux ailleurs ? Non !

La gouvernance est-elle meilleure dans la sous-région à tel point qu'on puisse tout écraser, et tout brûler chez nous ?

L'opposition actuelle réunit-elle toutes les conditions pour gouverner après Blaise COMPAORE ? Pouvons-nous faire appel à un Thomas SANKARA venu d'ailleurs ?

Peut-on et doit-on appeler l'armée au pouvoir comme en 1966 ?

Peut-on compter sur un Filbert YOULOU, burkinabè parmi nos prélats ?

Certes, 25 ans de pouvoir rime avec «dictature», mais est-ce un crime quand on a fait tant de réalisations pour son pays?

Nos juristes ne peuvent-ils pas inventer et non copier, un article 37 se situant entre le pouvoir coutumier qui nous gère dans l'ombre et le pouvoir républicain ? Donnons la parole, dans une transition, aux IBRIGA Luc, BADO Laurent, SOMA Abdoulaye, SANGO Abdoul Karim, etc. Ne parlons plus dans l'abstrait.

En cas de violences politiques meurtrières, l'histoire ne donnera raison à personne.

Un impôt sur la fortune

A quand la fin des monopoles sur les produits de première nécessité qui rendent la vie plus chère sans le SENAT ? Voilà une autre raison de battre le pavé.

A quand l'impôt sur la fortune au Burkina Faso qui compte plus de 1 000 milliardaires ? A 10% d'impôts seulement sur 1 milliard combien l'Etat peut-il encaisser en une année budgétaire ?

Combien rapportent nos ressources minières par an ? Toutes nos ressources ne sont pas budgétisées. Est-ce la faute du seul Blaise COMPAORE ?

Autant de questions auxquelles une bonne transition devrait donner des réponses apaisantes avec un budget réel. Aucun pouvoir n'est saint de façon absolue.

Sans polémique destructrice ni crise qui nous ramènerait 20 ans en arrière, je propose une transition pacifique, républicaine et consensuelle d'une durée d'une législature et conduite par Blaise COMPAORE lui-même. L'équipe de transition serait composée de 30 membres au plus :

- Quinze (15) du parti au pouvoir parmi lesquels Blaise COMPAORE ;

- Dix (10) de l'opposition (toutes tendances confondues) ;

- Cinq (5) de la société civile (syndicats, religieux, coutumiers, indépendants et juristes).

La mission de cette équipe d'union nationale sera de poser et de reposer certaines questions constitutionnelles par nous -mêmes et pour nous-seuls. Cette transition permettra au Président Blaise COMPAORE et à son équipe de sortir par la grande porte et non par la fenêtre avec des injures intolérables et des ingratitudes de toutes sortes de ceux-là mêmes qui ont été nourris au biberon par Blaise COMPAORE. Tout le monde est responsable de ce qui nous arrive.

Pour tout démocrate de l'envergure de Blaise COMPAORE, le principe du "ôtes-toi que je m'y mette" ne saurait être accepté. "C'est celui qui est assis qui sait lutter", dit la sagesse Moagha ?

Même les ténors sont devenus aphones, anesthésiés, prêts à subir ou à se disculper en cas de besoin. Ce n'est pas honnête, ce n'est pas sérieux, ce n'est courageux. On peut ne pas ou ne plus aimer le lièvre mais il ne deviendra pas une tortue.

«Nous pouvons bâtir un article 37 en ces termes...»

Inventons un autre article 37 plus légitime au lieu de tout casser avec un article "batardeau" venu d'autres régimes et d'autres conceptions du pouvoir.

Considérant la marque gloutonne, égoïste et exclusive du pouvoir vendue par nos chefs d'Etat à travers l'Afrique, la blanche comme la noire ;

prenant en compte la durée moyenne de deux règnes des traditionnels au Burkina Faso (30 ans par exemple) ;

considérant enfin que la jeunesse de nos Etats et notre état de développement font que certains présidents quittent le pouvoir à la plénitude de leur capacité et de leur expérience, nous pouvons bâtir un autre article 37 en ces termes :

a) la durée du mandat d'un chef d'Etat Burkinabè est de cinq (05) ans renouvelables cinq (05) fois au moins et six (06) fois au plus.

b) le renouvellement du mandat doit obéir à trois (03) conditions :

- faire l'état de santé par trois médecins Burkinabè et étrangers ;

- faire l'état des biens du candidat et le publier ;

- faire une pétition de 50 000 signatures en faveur d'un ou de deux (02) projets engagés par le candidat et qui ont besoin de lui pour être mieux conduits à terme avec les mêmes partenaires et les mêmes conditions.

c) le président choisit et nomme son vice-président pris dans sa famille ou en dehors d'elle. Le peuple jugera souverainement.

Protégeons le minimum acquis et ne recommençons pas à zéro avec d'autres personnes sans moyen et sans expérience ; ou l'on fait la politique au sens noble du terme ou on fait autre chose au Burkina Faso.

Je suis pour le SENAT, j'ai déjà exprimé mes raisons ; je permets à d'autres Burkinabè d'être contre le SENAT avec leurs raisons. Nous devons cohabiter, travailler ensemble sans haine, sans rancune, sans jalousie pour continuer notre développement. La violence appelle la violence. On peut prendre le pouvoir par la rue, mais on ne peut pas gouverner par la rue. Nul n'a la médaille de la vérité en politique. Prendre le pouvoir est une chose, savoir et pouvoir le gérer dans la durée est une autre.

Je ne suis pas un internaute invisible, vénimeux, destructeur, jaloux, perfide, violent, peu productif, irresponsable...somme toute, nuisible au peuple et au présent débat démocratique.

Je signe mes écrits

Alfred Kaboré

Ouagadougou, le 06/09/2013

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