Toutefois, des offres de ce type ont, par le passé, été faites à des chefs d'Etat africains en vue de permettre une transition politique apaisée. Quand Laurent Gabgbo avait perdu la présidentielle, une porte de sortie honorable lui avait été proposée, chose qu'il a refusée. La suite, on la connaît. Il fut délogé du palais présidentiel par la force. A l'instar de Gbagbo, il faut reconnaître que malheureusement, nombre de dirigeants préfèrent s'accrocher à leur fauteuil même illégalement. Le président burkinabè s'achemine lui aussi vers cette posture intransigeante, si l'on en croit la position défendue par ses thuriféraires. A travers son attitude, le président burkinabè laisse transparaître sa peur de l'après -pouvoir. En la matière, Abdou Diouf est très bien placé pour rassurer son jeune frère. Il est la preuve vivante qu'il y a une vie après le pouvoir. La mission de Diouf doit donc convaincre Blaise Compaoré de la nécessité de respecter la Constitution, surtout après 27 ans de règne. Face au refus d'une grande partie de la société politique et civile de voir le président Compaoré tripatouiller à nouveau la Constitution pour se maintenir, l'OIF et son président doivent pouvoir dire la vérité au dirigeant burkinabè.
La CEDEAO et l'UA s'étant illustrées par leur silence assourdissant, alors qu'elles devraient être les premières à se prononcer, la Francophonie peut avoir une bonne carte à jouer. Mais il lui faudra défendre non pas un individu, mais des principes démocratiques. Elle serait alors, aux yeux du monde, davantage perçue comme un instrument au service des peuples et non des dictateurs.
En Afrique, les médiations ont rarement réussi. Les conflits se sont le plus souvent, après d'interminables négociations, enlisés et il a fallu l'usage de la force pour les régler. Les cas de la Côte d'Ivoire et du Mali en sont l'illustration parfaite. Il faut espérer que le Burkina saura éviter cette malédiction. Mais encore faut-il qu'un souffle de sagesse habite les hommes politiques et principalement ceux aux affaires. En effet, c'est au président sortant de comprendre et d'accepter la digue dressée par la Constitution, en son article 3è, doit être enfin protégée. Il faut arrêter de la détruire et de la reconstruire au gré de ses intérêts égoïstes. Un peu partout sur le continent, le temps est au respect des règles de l'alternance. C'est dans l'air du temps, c'est la volonté des peuples. L'époque des grands timoniers et pères de la nation est désormais révolue. Les jeunes aspirent au changement qualitatif. Or, après plus d'un quart de siècle, Blaise Compaoré semble de moins en moins faire rêver cette jeunesse. Il est donc temps de savoir partir, surtout que la Constitution lui offre cette opportunité. Son avantage par rapport à Diouf, c'est qu'il ne quittera pas le pouvoir après une défaite électorale, mais en se soumettant à des dispositions de la Constitution. Y a-t-il meilleure élégance politique ? .