Simon Compaoré: «Nous voulons éviter le chaos à ce pays»

| 08.01.2014
Réagir
Simon Compaoré: «Nous voulons éviter le chaos à ce pays»
© DR / Autre Presse
Simon Compaoré: «Nous voulons éviter le chaos à ce pays»
Simon Compaoré, ancien maire de la ville de Ouagadougou, est l'une des figures de proue des démissionnaires du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Il était à la rencontre des dissidents du parti, le mardi 7 janvier 2014. Il a bien voulu nous livrer sa part de vérité dans le feuilleton politique qui secoue le microcosme politique burkinabè. Une interview que M. Compaoré a donnée en langue nationale mooré et que nous avions traduite pour vous. En voici la synthèse.

Pouvez-vous nous dire de quoi il a été question au cours de la rencontre?

Simon Compaoré: Nous nous sommes réunis pour nous féliciter mutuellement, car le travail que nous avons fait n'est pas celui d'une seule personne. C'est un travail d'équipe. Nous nous sommes rencontrés aussi pour arrêter la stratégie à mettre en place pour aider le pays à aller de l'avant. Nous voulons éviter à ce pays le chaos. Nous voulons préserver les acquis démocratiques de notre pays. Nous voulons que dans les villes et campagnes, sur le terrain, que les gens sachent que nous sommes des bâtisseurs et non des destructeurs.

Pourquoi c'est maintenant que vous décidez de quitter le CDP?

Chaque chose a son temps. Si vous agissez alors que ce n'est pas le moment, ce n'est pas bon. Nous croyions qu'à l'intérieur du parti, le dialogue pouvait nous amener à un consensus qui pourra éviter des troubles à notre pays. Nous avons tenté le dialogue, mais ça n'a pas porté fruit. Que fallait-il faire? Nous asseoir et regarder?

Est-ce que vous allez rejoindre l'opposition?

Mais pourquoi vous êtes si pressés? Vous êtes trop pressés, alors que c'est dans la précipitation que vous pouvez vous fracasser le nez.

Il y a beaucoup de gens qui tiennent à le savoir...

Oui, mais nous sommes en train de nous préparer. Au moment venu, les gens seront informés. Souvenez-vous que c'est notre première rencontre. Attendez donc. Dans les jours à venir, vous serez situés. Rien ne vous sera caché.

L'opposition organise une marche le 18 janvier. Serez-vous de la partie?

Attendez, nous ne parlons pas d'opposition d'abord. Nous sommes en train de nous concerter pour voir ce que nous ferons. Nous travaillerons d'abord à informer nos populations sur le pourquoi de notre démission. Et ça, vous le savez, le parti n'est plus bien géré... En plus, il y a un manque de respect, une division au sein du parti, il y avait donc crise... En plus, vous savez qu'il y a deux choses qui divisent profondément le peuple burkinabè. C'est le Sénat et l'article 37 (qui limite à deux quinquennats consécutifs le nombre de mandats présidentiels, Ndlr).

Il est vrai qu'au dernier congrès, nous avions indiqué que l'article 37 de la constitution pouvait être modifié. Moi-même j'avais défendu cette position. Mais maintenant qu'il divise profondément le peuple et qu'il y a des incertitudes au regard surtout de l'actualité politique dans certains pays africains, nous avions eu peur. Il est donc nécessaire pour nous de freiner, sinon nous allons droit dans le gouffre. Nous souhaitons tous la paix pour le Burkina Faso. Mais Dieu nous aidera à avoir la paix si nous-mêmes nous posons des actes allant dans ce sens. Alors, comme nous ne voulons pas un jour dire si je savais... Sinon, regardez-moi bien. Ai-je la tronche d'un bruleur de pneu? Ai-je la tronche d'un casseur de feu tricolore? Non, nous sommes des bâtisseurs. Nous ne sommes contre personne. Mais si l'heure de la vérité arrive, il faut dire la vérité. Comme on le dit, ça rougit les yeux, mais ça ne les cassera pas.

Vous avez rencontré le chef de l'Etat. Que lui avez-vous dit?

Vous-même vous savez que si nous avons décidé de partir, c'est que nous sommes à bout. Nous avons fait des efforts, mais quand vous n'avez pas en face des gens disposés à vous écouter, vous faites quoi? Nous voyons ce qui arrive. Voilà près de deux ans que le 4ème congrès du parti a eu lieu. Si c'était parce qu'on nous avait débarqué, il y a bien longtemps que nous aurions quitté le navire. Non, on ne nous considérait plus comme des gens pouvant contribuer à la construction de ce pays. Nous étions marginalisés. Lorsque ça devient comme ça, si tu as un minimum de dignité, il faut te retirer. Nous ne sommes contre personne. Mais contre les idées. Vous savez, si ce pays brûle, il y a certes des gens qui peuvent fuir. Mais tout le monde ne pourra pas fuir. Vous avez suivi la crise de 2011... Alors, faisons en sorte que cela n'arrive plus jamais dans notre pays.

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité