Le Burkina Faso a l'obligation de réussir la transition politique
Le premier acteur à qui l'on doit rendre un hommage vibrant, en cette journée porteuse d'espoir pour la démocratie, est sans conteste le peuple burkinabè. En effet, n'eût été son sens du sacrifice, le Burkina aurait pris place dans le peloton des Républiques du Gondwana d'Afrique, pour reprendre l'expression de l'humoriste nigérien Mamane, dont il aurait eu du mal à se défaire. Si Blaise Compaoré a été arrêté dans sa volonté de confisquer le pouvoir, via l'Assemblée nationale, c'est parce que le peuple du Burkina, à l'instar des peuples qui se sont déjà débarrassés de leur dictateur de par le monde, a su se montrer téméraire et intraitable.
Le deuxième acteur à qui l'on pourrait rendre hommage est la communauté internationale. Bien avant la chute de Blaise Compaoré, certains de ses membres avaient pris fait et cause pour la démocratie et pour le peuple burkinabè. De façon générale, la communauté internationale s'est beaucoup investie depuis les premiers instants de l'après- Compaoré, dans l'accompagnement de la transition pour que les choses se fassent au mieux dans le pays. La fermeté dont elle a fait montre ces derniers jours, pourrait expliquer en partie l'adhésion de la Grande muette à l'idée d'une transition politique pilotée par les civils.
Le troisième acteur à féliciter pourrait être l'armée nationale. D'aucuns pourraient objecter qu'elle n'avait pas le choix, mais il faut reconnaître qu'elle a facilité les choses par son sens de l'écoute et du compromis, toutes choses qui ont évité au pays de toucher le fond de l'abîme. Il faut souhaiter qu'elle ne se départisse jamais de cet esprit pendant et après cette période délicate de l'histoire du pays.
Cela dit, le Burkina Faso a l'obligation de réussir la transition politique pour trois raisons essentielles.
La première est d'ordre psychologique. En effet, bien des Burkinabè en étaient arrivés à inscrire dans leur esprit, que seul Blaise Compaoré pouvait diriger le pays. En dehors de lui, point de salut. La réussite de la transition pourrait contribuer à briser le mythe de l'indispensabilité de Blaise Compaoré. Et ce n'est pas rien, parce que les grandes victoires se gagnent d'abord dans les esprits.
La deuxième raison est d'ordre politique. Le Burkina Faso gâcherait l'occasion historique d'arrimerle pays à la vraie démocratie, si cette transition venait à échouer. Les antidémocrates du continent s'en saisiraient pour davantage justifier leur volonté de s'éterniser au pouvoir, en tripatouillant les Constitution de leur pays. Enfin, un échec éventuel de la transition politique qui s'ouvre pour compter de ce dimanche 16 novembre 2014, serait perçu moralement comme une insulte à la mémoire des Burkinabè qui ont perdu la vie dans le cadre du soulèvement populaire du 30 octobre dernier et de manière générale, une insulte à l'endroit de tous ceux qui n'ont jamais hésité un seul instant à dénoncer les pathologies du système Compaoré et dont certains ne sont plus de ce monde. Pour toutes ces raisons, l'on peut avoir envie de dire haut et fort, à tous les acteurs qui doivent animer la transition politique, une chose : aucune de leurs lubies ne sera tolérée par le peuple du Burkina Faso.
Pousdem PICKOU