« Si tu veux le pouvoir ou un poste, fais ton insurrection »

| 12.12.2014
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La journée du 31 octobre entraîne une montée de pressions à l'encontre de Blaise Compaoré qui, après avoir d'abord refusé, finit par accepter de démissionner, et débouche par son remplacement à la tête de l'État par Honoré Traoré.
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La journée du 31 octobre entraîne une montée de pressions à l'encontre de Blaise Compaoré qui, après avoir d'abord refusé, finit par accepter de démissionner, et débouche par son remplacement à la tête de l'État par Honoré Traoré.
Dans une édition de L'Observateur Paalga, l'ancien député, le colonel Lona Charles Ouattara dénonce la désignation de Hamadou Ouattara au Conseil national de la transition comme représentant de l'ex-majorité, au motif qu'il avait été élu sénateur. Pour lui donc, il a soutenu la révision de l'article 37 de la Constitution. Pour Lona Charles, si l'intéressé n'a pas la «pudeur» de démissionner, les autorités de la transition devraient le contraindre à jeter l'éponge. Comme quoi, il n'est pas bon aujourd'hui d'avoir eu à faire à ou avec Blaise Compaoré.


La désignation de plusieurs autres personnes au sein de certains de ces organes de la transition a fait couler beaucoup d'encre et de salive. Parce qu'on les soupçonne soit d'être de partis politiques alors qu'elles y sont au nom d'organisations de la société civile, soit ces personnes n'étaient pas visibles sur le terrain du combat pour le renversement du régime Compaoré. Il faut donc les exclure de la transition.

Aux premières heures des tractations pour asseoir les bases de la transition, des responsables d'organisations de la société civile et de partis politiques qui méritent le respect se sont comportés comme des gamins par des protestations et des chants de l'hymne national à Laïco Hôtel devant des chefs d'Etat de la sous-région venus nous apporter leur concours. La raison est que des membres de l'ancienne majorité conviés à la plénière autour de la Charte de transition étaient effectivement présents dans la salle. Il est vrai qu'à l'époque, les esprits étaient encore surchauffés, mais ce comportement a contribué à radicaliser les positions des uns et des autres et semé les bases de l'exclusion, de la haine et de l'intolérance que nous vivons aujourd'hui.

A Bobo-Dioulasso, ce sont des organisations de jeunesse qui revendiquent leur place au sein des délégations spéciales parce qu'elles estiment qu'elles ont toujours travaillé au nom des jeunes de la région et par conséquent ne sauraient être exclues de ses organes. En outre, ces organisations estiment que ceux qui y sont en leur nom ne représentent pas suffisamment la jeunesse. Ce qui a fait dire à quelqu'un, le sourire au coin que «si tu veux le pouvoir ou un poste, fais aussi ton insurrection».

En effet, la fracture sociale entre les Burkinabè est déjà telle qu'il ne faut pas du tout en rajouter. Elle ne provient pas nécessairement des événements des 30 et 31 octobre, mais peut-être bien avant. Dans une interview qu'il nous a accordée en début novembre, l'archevêque émérite de Bobo, Monseigneur Anselme Titiama Sanon soulignait que nous avons au moins un quart de siècle (soit 25 ans) pour rétablir les relations sociales entre des familles burkinabè, entre des quartiers et même des villages. Au regard d'une telle situation qui risque d'être véritablement préjudiciable à la cohésion sociale et au vivre-ensemble, il faut qu'au plus haut niveau, on prenne rapidement des précautions. La Charte est claire sur le caractère inclusif de la transition; elle prescrit des valeurs comme le dialogue, la tolérance, le sens de la responsabilité, la solidarité, la fraternité et surtout le pardon et la réconciliation qui ne sont pas des mots creux, mais pleins de sens. Si les Burkinabè acceptent de les inscrire dans leurs comportements de tous les jours, il est presque sûr que le pari de la transition sera réussi. Au cas contraire, on sera en train de réunir les ingrédients d'une dérive qui nous rattrapera tous, tôt ou tard.

Dabaoué Audrianne KANI

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