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Si jamais Sy Chériff et ses camarades ne sortent pas vainqueurs…

| 31.07.2015
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La 18ème nuit du communicateur a finalement tenu sa promesse le 3 juillet 2015, après son report du 26 juin 2015. Les lauréats de cette année ont été connus. Au-delà des 26 prix officiels, 18 prix spéciaux ont été décernés par 12 donateurs. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© © DR / CNT
La 18ème nuit du communicateur a finalement tenu sa promesse le 3 juillet 2015, après son report du 26 juin 2015. Les lauréats de cette année ont été connus. Au-delà des 26 prix officiels, 18 prix spéciaux ont été décernés par 12 donateurs. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Pour la deuxième fois, une loi votée par le Conseil national de transition est contestée et se trouve sur le bureau des sages du Conseil constitutionnel. Neuf députés du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et alliés contestent et demandent l’annulation du vote de la mise en accusation de Blaise Compaoré pour haute trahison et attentat à la Constitution. Les requérants fondent leur argumentaire sur le fait que c’est seulement 63 membres du Parlement provisoire qui ont voté la loi alors qu’il fallait 72. Ensuite, pour eux le vote de la loi devait se faire au bulletin secret, comme le veut la Constitution alors qu’ici c’était à main levée. En outre, les plaignants estiment que le projet de loi devait être porté par au moins une dizaine de députés. Ce qui n’a pas été le cas dans la procédure qui a permis de voter cette mise en accusation de Blaise Compaoré et de certains ministres de son dernier gouvernement.


Le dossier se trouve donc sur le bureau du Conseil constitutionnel qui doit statuer très prochainement. Ses décisions étant irrévocables, tout le monde est suspendu. En effet, si jamais Sy Chériff et ses camarades ne sortent pas vainqueurs de ce deuxième dossier devant une juridiction, cela voudrait signifier deux choses. La première donne l’impression qu’au sein du Conseil national de transition, on prend les décisions à la va-vite. Autrement dit, dans la volonté de neutraliser à tout prix l’adversaire et de se faire le terrain, on oublie de respecter les dispositions légales et règlementaires. Ce qui constitue un parti pris flagrant. Sans doute certains diront que cela correspond à l’esprit de l’insurrection. Mais, ce qu’on oublie, est que les Burkinabè ont absolument besoin de se réconcilier et toute autre manœuvre qui pourrait consister à les éloigner de cette possibilité n’aboutira à rien.

La deuxième pourrait faire croire que si le Conseil national de transition ne travaille pas pour faire plaisir aux insurgés des 30 et 31 octobre 2014, il cache un agenda. Ce qui peut bien ternir son image. Constitué de personnes non-élues au suffrage universel, donc en vérité, neutres car non-politisées, le CNT devait travailler à jeter les bases de réformes politiques, sociales et économiques fortes et durables.

Traditionnellement, et en tant que cadre d’expression de la démocratie véritable, le Parlement a pour rôle de consentir l’impôt et de contrôler l’action du gouvernement. Mais dans le cas du Burkina où nous sommes en période de la transition, il a aussi et surtout pour rôle de travailler à mettre en place des outils qualitatifs de bonne gouvernance politique et économique. Autrement, le Parlement provisoire burkinabè devait travailler à mettre en place des institutions fortes. Ne dit-on pas que la démocratie a besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts ?

Si le CNT rate ce tournant décisif et historique pour la démocratie burkinabè, il n’aura pas joué pleinement le rôle que le peuple attendait de lui. Sy Chérrif, le « Sankariste pur et dur » qu’il est, n’aura pas rendu service à son idole. Et de ce fait, comme Zida au Premier ministère, il manquera l’occasion d’inscrire son nom dans l’histoire du Burkina. Car, les peuples ne retiennent des grands hommes que les actions positives qu’ils ont posées dans leur parcours.

Dabaoué Audrianne KANI

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