Si j’étais juge constitutionnel, je trancherai

| 10.08.2015
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Si j’étais juge constitutionnel, je trancherai
© © Leonard Bazié / Présidence
Si j’étais juge constitutionnel, je trancherai
C’est le Conseil constitutionnel qui statuera en dernier ressort sur les candidatures aux prochaines élections législatives. Car, à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) on ne fait que vérifier la conformité des candidatures aux dispositions prescrites par la loi. Autrement dit, une candidature à des élections législatives doit comporter un certain nombre de documents administratifs. La CENI n’a donc qu’un rôle purement administratif dans l’appréciation des candidatures.


En effet, tout le monde aura le regard tourné vers le Conseil constitutionnel dans quelques jours ? Car, il lui reviendra la lourde mission d’appréciation les candidatures en fonction de la loi électorale. C’est-à-dire le nouveau Code électoral voté le 7 avril dernier et qui, en principe est toujours en vigueur. Puisque, malgré la décision juridique de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) demandant de lever tous les obstacles à la participation aux élections, le Burkina Faso n’a pas encore ni abrogé ni reformulé l’article 135, qui dans une de ces dispositions rend inéligible toute personne ayant soutenu la révision de l’article portant atteinte au principe d’alternance ayant abouti à une insurrection populaire.

Mais en revanche, quand on considère la déclaration du président Michel Kafando dans son dernier speech à la nation, il est évident qu’il n’y aura pas d’exclusion. Car, le président de la transition avait bien indiqué qu’en tant que pays civilisé et respectueux de ses engagements internationaux, le Burkina Faso se conformera au verdict de la Cour de justice de l’organisation communautaire ouest-africaine. Ce qui est bien clair.

Cependant, cela ne veut nullement dire que de contentieux électoral il n’y en aura pas. En effet, les irréductibles défenseurs de la loi d’exclusion, dite loi-Chérrif, ne resteront pas les bras croisés. Car, ce sera une fois de plus l’occasion pour eux de clamer haut et fort leur opposition à la participation des anciens dignitaires de l’ancien régime à des consultations électorales. Ce qui, naturellement ne manquera pas d’alimenter la vie politique nationale. Seulement, il serait beaucoup plus sage, pour le juge constitutionnel de se conformer à la décision de la CEDEAO et permettre ainsi aux Burkinabé d’aller à des élections libres, démocratiques, consensuelles dont les résultats seront acceptés par tous. Car, le traitement qui sera réservé aux candidatures aux législatives, sera le même quand il s’agira d’apprécier les candidatures à la Présidence. Si cela devait être contraire à la disposition de la Cour de justice de la CEDEAO, il est évident que le calendrier électoral risque de prendre un coup.

Dans tous les cas, le Burkina Faso, déjà dans une transition politique qui connait d’énormes difficultés, ne s’offrira pas en plus, une crise qui risque de le plonger dans d’interminables querelles politiques. C’est pourquoi, le juge constitutionnel devrait, en temps opportun prendre entièrement ses responsabilités et trancher franchement ces questions sans tenir compte des desiderata d’hommes politiques qui, en vérité, courent derrière le pouvoir. Malheureusement, en voulant se servir de tous les moyens, même les plus divisionnistes.

Les Burkinabé ont réellement besoin de se réconcilier et aucun sacrifice n’est de trop pour y parvenir. Une élection se gagne dans les urnes. Mais, on n’exclut pas un adversaire politique pour prendre sa place.

Dabaoué Audrianne KANI

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