Sécurité intérieure: où sont passés les 22 milliards de FCFA?

| 22.10.2015
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Sécurité intérieure: où sont passés les 22 milliards de FCFA?
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Sécurité intérieure: où sont passés les 22 milliards de FCFA?
Le 20 octobre 2015, le nouveau ministre délégué chargé de la Sécurité, Alain Jean-Claude Zagré, a été officiellement installé dans ses fonctions. Il est le 3ème sous la Transition, après Auguste Denise Barry et Sidi Paré. Il a été installé sans son prédécesseur qui séjourne à la prison militaire.


A-t-on utilisé ces fonds pour équiper la force de protection du président du Faso plutôt que du pays?

A son installation, Alain Zagré a informé que sa priorité serait la mise en œuvre de la stratégie nationale de sécurité intérieure. «Ce qui passe par le renforcement des capacités opérationnelles et organisationnelles des forces de sécurité intérieure par l’acquisition de moyens spécifiques et la dynamisation de la participation communautaire à la lutte contre l’insécurité par la promotion de la police de proximité».

On espère qu’il n’aura pas à recruter un consultant pour élaborer cette stratégie assortie d’un plan d’action et d’un budget. Qu’il n’aura pas à organiser un séminaire de restitution qui regroupera toutes les composantes de la vie nationale avant que le consultant n’intègre les amendements et que le gouvernement négocie le financement du plan d’action. C’est ce schéma que prend la plupart des projets mis en œuvre dans le pays. Pendant tout ce processus, les problèmes que la stratégie est censée résoudre s’aggravent à tel point qu’au début de la mise en œuvre des activités, la stratégie elle–même est dépassée. Mais les propos du nouveau ministre délégué nous inspirent deux commentaires.

Primo, lorsqu’il parle de «l’acquisition de moyens spécifiques», nous ne pouvons que nous demander où sont passés les 22,5 milliards de FCFA que le gouvernement avait dégagés dans le budget de l’Etat 2013 pour la sécurisation du territoire? En effet, il y a seulement deux ans, l’Assemblée nationale votait, le 23 mai 2013, une loi de finance rectificative du budget 2013 pour prendre en compte certaines dépenses urgentes suite à la menace terroriste et à l’engagement du Burkina dans la crise sociopolitique au Mali. La somme de 15 milliards de nos francs avait été dégagée pour la prise en charge des besoins de la Mission internationale de soutien au Mali et 7,55 milliards pour le renforcement des forces de sécurité en relation avec le conflit, ce qui porte à 22,55 milliards de FCFA la somme totale dégagée. On suppose que les 7,55 milliards de FCFA ont servi, en son temps, à doter en matériel nos braves soldats, policiers et gendarmes. A moins que cet argent, ou une partie ait été dissipée par l’ex-ministre de la Sécurité, Jérôme Bougouma, qui séjourne d’ailleurs à la maison d’arrêt. Son procès nous en dira plus.

Deuxième commentaire, le ministre délégué a appelé à une franche collaboration de la population car la sécurité ne saurait être l’apanage de son seul département. Où en est-on avec la police de proximité? Nous retenons que des séminaires en n’en point finir ont été organisés pour expliquer et implanter le processus. Des comités locaux devaient être installés. Mais aujourd’hui, quel est le résultat? On a l’impression que dès que l’argent des bailleurs a été épuisé, l’Etat ne prend pas le relais.

Conclusion: le régime Compaoré a désorganisé et mis à genou le système sécuritaire du Burkina Faso. Toute la sécurité intérieure était concentrée autour de la sécurité de l’ex-président. Alain Zagré a du chemin à faire. L’essentiel est qu’il s’entoure d’hommes et de femmes compétents, ceux et celles qui ont été formés pour cela. Qu’il évite les vendeurs d’illusions et les non professionnels qui n’ont que leur bouche pour parler. Dans tous les cas, pour le temps qui lui reste, on ne peut pas lui demander des miracles.

Abouga Tagnan

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