Salia Sanou : maire de Bobo ou du référendum?

| 18.10.2014
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Salia Sanou : maire de Bobo ou du référendum?
© DR / Autre Presse
Salia Sanou : maire de Bobo ou du référendum?
S'il y a une question sur laquelle les Burkinabè sont aujourd'hui profondément divisés, c'est bien le référendum pour la révision de l'article 37. Du côté des acteurs de l'opposition politique et des défenseurs de l'alternance, on ne veut pas entendre parler d'un scrutin référendaire.

En effet, dans les nombreuses marche-meeting et déclarations, les leaders de l'opposition n'ont cessé de fustiger les velléités de plus en plus manifestes du pouvoir en place d'aller au référendum pour réviser l'article 37 de la Constitution.

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Pendant ce temps, au sein de la Majorité, notamment le CDP et une frange importante des partis affiliés au Front républicain, l'entêtement à vouloir opérer un passage en force se poursuit, malgré les gros risques et menaces sur la stabilité et la paix sociale dans le pays. Parmi les défenseurs chevronnés de cette cause illégale, il y a, bien sûr, le maire de la commune de Bobo-Dioulasso.

Salia Sanou, c'est de lui qu'il s'agit, a été, et reste un «activiste hors-pair» pro-référendum jusqu'au nez. Ses actions avaient mêmes été dénoncées à travers des manifestations de mouvements de la société civile à Bobo-Dioulasso. C'est lui qui est d'ailleurs le géniteur du concept «recto-verso» pour remplir les stades lors des meetings de son parti.

Si l'on en croît nos confrères du journal lefaso.net, le maire Salia a déjà commencé sa pré-campagne pour le référendum. Pour ce faire, il a sillonné le mardi 14 octobre 2014, les départements de Toussiana, Peni et Karangasso-Sambla dans la région des Hauts-Bassins. Il était accompagné par une délégation de la direction provinciale du CDP-Houet. Celui-ci, qui est, par ailleurs, Secrétaire général de la section Houet du parti majoritaire, a invité les militants à apprêter les cartes d'électeurs en prélude à un éventuel référendum dont l'imminence serait d'actualité.

Tel donc un prophète de l'apocalypse, Salia, comme on l'appelle dans la ville de Sya, met les charrues devant les bœufs au sujet du référendum alors que le locataire de Kosyam, le plus concerné, semble toujours hésiter à se hasarder à aller à l'aventure.

La preuve est que le Conseil des ministres extraordinaire qui devait se pencher sur la conduite à tenir après l'échec du dialogue politique inclusif, initialement prévu pour le 17 octobre, a été reporté pour le mardi 21. Cela confirme bien que contrairement aux agitations du groupe des «griots et extrémistes» auquel appartient sans doute Salia, la convocation du référendum n'est pas de l'eau à boire.

Ce n'est pas non plus parler au «hasard» et s'asseoir se regarder le soir au journal de 20 h à la télévision nationale. La question du référendum est cruciale et concerne l'avenir du pays. Aller au référendum, disons-le tout net, c'est précipiter le pays dans un chaos inévitable. Ce qui sera dommage et entachera l'image du président Blaise Compaoré après ses médiations relativement réussies dans des pays de la sous-région.

Mais sans doute, pour Salia Sanou et les autres qui veulent protéger leurs intérêts personnels d'abord, le référendum est le seul moyen tout trouvé, même si le pays devrait en pâtir. Mais au juste, pourquoi Salia Sanou s'agite tant et s'excite autour de l'épineuse question du référendum?

Difficile de le comprendre et surtout de le suivre dans sa démarche. Tout ce que l'on sait, c'est que le maire de Bobo-Dioulasso a consacré beaucoup de temps, d'énergie pour défendre becs et ongles, comme un avocat des causes perdues, la révision de l'article 37 et le régime de Blaise Compaoré.

Sur la question, il s'est permis même de dire des insanités, malgré son âge qui devait le guider plutôt à la sagesse. Est-il au sérieux ou joue-t-il du théâtre? L'on est tenté de répondre par le 2nd cas, celui du théâtre où le maire Salia Sanou est le metteur en scène. Il a tenu des déclarations fracassantes au sujet du référendum au point que l'on s'interroge si celles-ci ne sont pas irréfléchies. Sur les réseaux sociaux, Salia Sanou fait l'objet de critiques virulentes qui n'honorent pas sa personne. Malgré tout, il continue de prêcher haut et fort avec une verve parfois déplacée, la tenue du référendum comme si c'était une solution miracle au développement du pays.

Au lieu de s'investir en faveur de l'émergence de Bobo-Dioulasso qui continue de sombre dans la décrépitude sous ses mandats, il s'investit dans la promotion du référendum. Est-ce que les gens de Bobo-Dioulasso et partant tout le peuple burkinabè «mangeront le référendum»?

Certes, tout le monde a sa liberté d'expression et d'opinion, mais tout de même. Salia semble exagérer. Il doit faire «molo molo» car le pays appartient à tous les Burkinabè. S'il n'y avait pas d'alternance, le tour ne serait pas arrivé pour lui de diriger la commune de Sya. Est-il élu pour résoudre les problèmes de cette commune ou du pouvoir en place?

Autrement dit, est-il maire de Bobo-Dioulasso ou du référendum?

Le Petit Hampâté

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