Roch Marc et Cie : S'opposer à qui et pour quoi faire?

| 04.01.2014
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Roch Marc et Cie  : S'opposer à qui et pour quoi faire?
© DR / Autre Presse
Roch Marc et Cie : S'opposer à qui et pour quoi faire?
C'est l'un des sujets de débat comme la rue ouagalaise en raffole. A savoir les informations selon lesquelles des dissidents du parti au pouvoir, parmi lesquels Roch Marc Christian Kaboré, Salif Diallo et Juliette Bonkoungou, seraient enfin parvenus à mettre sur pied une nouvelle formation politique d'opposition.

« Qui? Roch, Salif et Juliette? S'opposer à Blaise?» Notre interlocuteur n'en croit pas un traître mot. Puis, sur un ton badin, il ajoute: «En tout cas Simon, lui, a été clair, il n'est pas fou. »

 

Pour lui donc, c'est simplement de la diversion. Un autre soutient, quant à lui: « Que vont-ils tenir comme discours après avoir soutenu publiquement que la limitation des mandats présidentiels était anti-démocratique? » ou encore qu'ils étaient les "soldats" de Blaise Compaoré? Et un autre encore de rappeler comment Roch, après avoir servi à éjecter Salif Diallo du CDP, se voyait promettre de goûter à son tour aux fruits amers de sa propre éjection. Ce qui n'a pas tardé.

Comme on peut le constater, une partie des Burkinabè n'est donc pas tendre avec ceux-là qui firent la pluie et le beau temps dans un passé politique très récent et dont le tout Ouaga dit à présent qu'ils seraient décidés à ranger leurs chaises longues et à revenir au-devant de la scène publique. Il faut croire que l'inactivité politique les dérange au point de chercher à reconquérir l'estime de l'opinion.

Du reste, l'annonce de la création d'un nouveau parti politique a immédiatement subi les attaques de certains notables de la majorité qui voient dans cette affaire un non-événement, sinon un moyen détourné pour les concernés de refuser leur marginalisation politique.

Il est vrai qu'après avoir exercé autant de charges publiques que celles qui furent les leurs, la tentation est grande de vouloir ressortir du garage, fût-il couvert d'or ou de marbre. Certes, depuis leur mémorable et médiatique mise à l'écart, quelques-uns ont cherché constamment à ne pas se faire oublier. Se permettant parfois des critiques en privé sur la gestion de leurs prédécesseurs en s'attribuant bien évidemment le bon rôle dans l'affaire. Mais le fait est là: les dégagés du CDP n'ont jamais totalement digéré le fait d'avoir été mis sur la touche avec autant de fracas. L'amertume et le ressentiment se lisent encore et toujours dans les discours de ceux qui, à quelques rares occasions, osent aborder le sujet.
Ce d'autant plus que les nouveaux maîtres n'ont pas tardé, dès leur entrée en fonction, à entamer un nettoyage des écuries. Une stratégie doublée d'un procès en incompétence qui n'aura pas échappé aux intéressés. Au point d'alourdir un climat déjà délétère au sein de la majorité présidentielle.

Du reste, et à supposer que les uns et les autres aient (enfin) le courage de passer à l'offensive, eux qui pour nombre d'entre eux doivent beaucoup au système en place, quelle serait donc la coloration politique de ce bébé en gestation? Bénéficierait-il du contenu du statut amendé du chef de file de l'opposition? De toute évidence ce serait "oui". Quitte pour cela à confirmer la volonté du pouvoir de se doter d'interlocuteurs à sa guise et à sa convenance.

En tout état de cause, ce ne sera pas la première fois qu'un tel phénomène se produit au Faso. Bien au contraire, et comme le souligne le juriste Luc Marius Ibriga, le recours aux lois de circonstance est devenu un réflexe pour les dirigeants burkinabè. D'où un émiettement du front politique mais aussi social avec des acteurs parfois créés ou suscités et dont la vocation première est de parer à toute défection de la part des interlocuteurs de premier rang.

Dans les faits, et comme le pensent les Burkinabè interrogés sur la question, ces opposants nouveau modèle, s'ils décidaient effectivement de se lancer dans la bataille, n'auraient pas plus de légitimité que d'autres avant eux. En plus du fait qu'ils seraient contraints à une gymnastique intellectuelle qui risque de ne pas leur être profitable. A leur décharge toutefois, ils ne seraient pas les premiers dans ce cas-ci. Du côté du CFOP c'est l'attente, surtout après les derniers remous au sein du Parlement.

A. TraorÈ

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