Des images d’Epinal qui prouvent que le dégel entre les deux pays est en cours ? Peut-être même qu’il faut se garder de devancer l’iguane dans la lagune Ebrié ou dans le fleuve Kadiogo ? En effet, entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, que l’histoire et la géographie lient à jamais, existe déjà un problème qu’on fait mine de minimiser, mais qui n’en demeure pas des caïlloux dans les souliers des 2 dirigeants : Blaise Compaoré, l’ex-chef de l’Etat burkinabè, exilé à Abidjan, et que Ouagadougou soupçonne d’être derrière toutes les avanies qui tombent sur le pays des hommes intègres, depuis sa chute, fin octobre 2014 : itératifs mouvements de l’ex-RSP, coup d’Etat du 16 septembre, attaque de la poudrière de Yimdi et incendies de marchés et yaars.
Mais la principale raison de ce coup de froid boréal réside dans ces histoires d’écoutes téléphoniques d’une part, entre Guillaume Soro et Djibrill Bassolé et d’autre part, entre les généraux Gilbert Diendéré et Soumaïla Bakayoko, et Zakaria Koné et l’épouse de Diendéré. Cela fait trop et gravissime, surtout qu’il s’agit d’affaires d’Etat.
Le tribunal militaire, en émettant un mandat d’arrêt international contre Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale, et dauphin constitutionnel du chef de l’Etat, est allé très loin.
Vu en creux du côté d’Abidjan, ce mandat sent un peu fort de café, et la présidence de la République décide de «régler cela par la voie diplomatique. Quand bien même, le parlement ivoirien lui, semblait ruer dans les brancards».
A Addis Abéba, apparemment, c’est le chemin diplomatique qui semble tenir la corde : «Cette session de l’UA est une occasion pour nous, d’échanger sur les voies et moyens de consolider les relations d’amitié et de fraternité qui existent entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso et que nous puissions faire en sorte que les évènements qui ont pu se passer çà et là, puissent être considérés comme relevant du passé».
Le président du Faso, Roch Kaboré, aurait voulu signifier, que malgré les divergences, il faut tout effacer et regarder dans la même direction, qu’il n’aurait pas usé d’autres propos.
Il reste la faisabilité du rétablissement des bonnes relations, avec ces suspicions, les morts du coup d’Etat raté du 16 septembre, et surtout, le mandat d’arrêt contre Soro.
Ce sont autant de problèmes, corsés mais par insolubles, pour peu que chacun joue correctement sa partition dans ce choix diplomatique. Déjà le 29 décembre 2015, en aparté avec Ouattara, en marge de sa prestation de serment, cette solution diplomatique avait été effleurée. C’est dire que l’on y tient de chaque côté.
Le principal obstacle à lever est de trouver ce chemin-là, sans pour autant vendanger ces affaires, en clair, sans tomber dans l’impunité. Et si ces tapes, ces sourires et ces échanges au Sheraton Hôtel d’Addis sont sincères, on peut y aboutir. Pourvu donc, que cette convivialité d’Addis, Kaboré-Ouattara, ne soit pas un armistice de façade !
Joachim de KAIBO