Pour le Conseil, la première relecture vise «une meilleure gestion des carrières des personnels militaires». La seconde relecture a pour but de «prendre en compte la réforme du système de recrutement, la question genre, les dispositions relatives aux positions de détachement et de disponibilité ainsi que celles spécifiques aux officiers généraux». Le Conseil a marqué son accord pour la transmission des projets de lois à l'Assemblée nationale.
Il est difficile de ne pas faire le lien entre ces deux relectures et la situation nationale. L'annonce en Conseil des ministres est intervenue le lendemain de la tenue du Conseil des ministres extraordinaire qui a adopté le projet de loi portant révision de la Constitution afin de permettre au président Compaoré de briguer un autre mandat. Est-ce une manière d'amadouer l'armée nationale afin qu'elle s'allie au projet de révision?
Blaise Compaoré est un capitaine de l'Armée à la retraite. Il est le 6ème président du Burkina Faso. Tous ses prédécesseurs ont quitté le pouvoir par suite d'un coup d'Etat. Il a lui-même dirigé personnellement le coup d'Etat du 4 août 1983 qui a coûté la vie à son «frère» Thomas Sankara le 15 octobre 1987. Craint-il le sort de ses prédécesseurs?
Le peuple burkinabè est en droit de connaître enfin l'alternance. Et Blaise Compaoré, qui a accepté l'instauration de la démocratie en 1991, savait qu'il serait appelé à lâcher le pouvoir un jour, comme le dit la Constitution.
Adoua Kassiro