Révision de l’article 37: la cocote minute du référendum est sur le feu

| 13.09.2014
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Révision de l’article 37: la cocote minute du référendum est sur le feu
© DR / Autre Presse
Révision de l’article 37: la cocote minute du référendum est sur le feu
Y aura-t-il un référendum pour réviser l'article 37 de la Constitution burkinabé? Difficile d'être affirmatif. En revanche, tout laisse à croire que c'est la volonté obstinée du pouvoir. En effet, si l'on se réfère au journal «L'Observateur Paalga» dans sa parution n°8703 du 12 septembre 2014, une proposition de loi portant modification de la Constitution serait concoctée par les députés de la majorité présidentielle pour soumettre au vote du parlement.


Pour les motifs ayant prévalu à l'initiative de ce projet de loi, ils sont pratiquement les mêmes que ce qui était jusque-là entendu: le peuple est souverain, la question divise et c'est le peuple qui doit trancher, le manque de consensus entre les acteurs politiques, etc.

Ainsi, les choses se précisent de plus en plus concernant la révision de l'article 37. C'est un secret de polichinelle que le pouvoir de la 4e République nourrissait depuis bien longtemps l'espoir de tripatouiller la loi fondamentale du pays pour permettre au président Blaise Compaoré de pouvoir de régner à vie, comme dans une monarchie, comme en royaume mossi. Ce qui est aujourd'hui nouveau comme information, c'est que le pouvoir veut maintenant passer à la phase pratique, pour transformer ses intentions en actes concrets.

Le moment semble être choisi pour essayer de passer à l'offensive après la diversion des tournées auprès des leaders coutumiers et religieux ainsi que l'appel au dialogue et non à la négociation du Front républicain lancé depuis les collines de Gaoua.

Et pourtant, depuis la marche-meeting organisée par l'opposition politique le 23 août, de nombreux observateurs de la scène avaient cru que la question du référendum serait rangée aux oubliettes. Avec la mobilisation populaire gigantesque jamais égalée, plusieurs analystes ne pariaient pas sur un scrutin référendaire.

Mais c'était méconnaitre le degré d'entêtement notoire des partisans de la modification de la constitution qui ne manquent pas de stratégie pour opérer un passage en force, malgré les risques nuageux qui s'amoncèlent à l'horizon. La voie de l'Assemblée nationale serait donc empruntée pour essayer de tripatouiller la constitution afin de sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels au profit de Blaise Compaoré qui totalise déjà 27 ans de pouvoir sans partage. Si cela est avéré, cela risque de porter préjudice à la paix et à la stabilité sociale.

Il est clair que du côté de l'opposition qui veillait au grain, l'on se fera entendre dans les tous prochains jours. D'ores et déjà, le Chef de file de l'opposition politique, Zéphirin Diabré, et ses camarades avaient prévu dans leur stratégie de lutte contre le référendum, la résistance parlementaire. La lutte pourrait donc être rude à ce niveau malgré les tractations. On le sent, même au sein de la majorité présidentielle, il y a des députés qui voteraient contre le référendum si le vote est secret et non à main levée. Ce qui veut dire que même en cas de passage en force des partisans de «l'homme fort» du Faso, ce n'est pas évident. Le coup n'est pas gagné d'avance.

Quoi qu'il en soit, il appartient à l'opposition et aux défenseurs éclairés de la démocratie de se lever pour faire en sorte que ce projet de loi pour la modification de l'article 37 n'aboutisse jamais. Que cette tentative de projet soit étouffée dans l'œuf et cela au nom de l'intérêt supérieur du pays, du respect de la parole donnée et des sacro-saints principes de la démocratie.

Saïdou Zoromé
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