En attendant de savoir ce que nous réserve le médiateur Blaise Compaoré de son retour de voyage de Taipei, ses compaorétriotes se posent énormément de questions concernant les solutions possibles à même de débloquer la situation. C'est dans ce contexte que la nomination d'un médiateur international, notamment de la sous-région, peut être remise au goût du jour.
Cette idée peut se révéler pertinente, quand on sait que l'échec «provoqué» du dialogue est en grande partie lié au fait que le médiateur n'était pas impartial. De par sa position de joueur et d'arbitre dans le jeu politique qui se disputait autour de la table des discussions, qui plus est dans son palais, Blaise Compaoré ne pouvait pas bénéficier de la confiance unanime de toutes les parties.
De ce fait, recourir aux services d'un médiateur extérieur, neutre et au-dessus de la mêlée peut paraître judicieux. Sur le choix de ce médiateur qui pourrait être appelé à la rescousse, figure en bonne place le nom du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, affectueusement appelé ADO. Sa nomination avait été réclamée depuis quelques temps, au sein de certains acteurs de la société civile, notamment le mouvement «Ça suffit». Lors de leur tournée entamée auprès des acteurs politiques, le Coordonnateur général du mouvement, Aziz Sana, et ses camarades ont plaidé en faveur de la nomination d'ADO comme médiateur de la ''crise'' nationale.
Aujourd'hui, après l'échec du dialogue politique inclusif, la proposition du mouvement pourrait être envisagée, surtout que les acteurs politiques n'y ont pas trouvé d'inconvénient. Toutefois, l'on est tenté de poser la question de savoir si ADO peut trouver la solution.
«ADO la solution», tel était, du reste, le slogan fort de la campagne présidentielle de 2010 en Côte d'Ivoire prôné par le Rassemblement des républicains (RDR) au premier tour, et au second par le Rassemblement des houphouetistes pour la paix (RHDP). Ce slogan avait convaincu les Ivoiriens au point d'accorder, de façon majoritaire, leurs suffrages au président ADO, surnommé Magellan par de nombreux compatriotes, du fait de ses nombreux voyages à l'étranger comme l'explorateur portugais Fernand de Magellan.
Mais ADO peut-il être la solution à la résolution de la crise qui sévit au Burkina Faso? Cela est possible car il dispose d'un bon profil et une expérience remarquable. Il a présidé de la BCEAO et dans son pays, il a réussi tant bien que mal à débloquer la crise ivoirienne.
En outre, le président ADO bénéficie d'une certaine crédibilité aux yeux des partenaires stratégiques au niveau international. De ce fait, il pourrait bénéficier de la confiance des protagonistes de la crise au Burkina Faso.
Malheureusement, le carnet d'adresses assez étoffé et le charisme relatif d'ADO ne semblent pas suffire pour réussir une mission de médiation au pays des Hommes intègres.
Il est vrai, ce sont les Ivoiriens qui l'ont élu comme président mais, il a bénéficié du soutien inestimable du médiateur de la crise à l'époque qui n'était personne d'autre que Blaise Compaoré.
De ce fait, si ADO est accepté comme médiateur, il sera difficile pour lui de dire des «vérités» au président du Faso qui, selon toute vraisemblance, veut rebelotter pour un autre bail à Kosyam, alors qu'ADO lui-même s'est dit disponible pour quitter le pouvoir au terme d'un autre mandat, s'il est élu.
En clair, ADO aura du mal à contenter les différents protagonistes dont les positions sont tranchées et diamétralement opposées.
D'ailleurs, ADO, qui les avait reçus à Abidjan et à Ouaga dans le cadre d'une tentative de médiation non officielle, n'a pas réussi à les convaincre. On est tenté de croire que même si sa médiation devenait officielle, elle risque de subir le même sort.
Quoi qu'il en soit, que Dieu protège le Burkina Faso.
Saïdou Zoromé